Tu n'es rien.
Je ne suis rien. Mon existence est juste une déception.
Pourquoi existes-tu ? Je ne t'ai jamais désirée !
Si même mes parents me le disaient, comment aurais-je pu l'oublier ? Oublier que ma vie n'était pas désirée. Oublier que mes parents me détestaient. Oublier que je n'étais aimée de personne, que l'amitié ne m'avait pas même effleurée un instant.
Levant les yeux vers le ciel, j'attendais patiemment, une lettre à la main. Les mots qui y étaient inscrits étaient peu lisible tant l'écriture était affreusement défaite. C'était comme si la main de la personne à qui appartenait cette lettre avait tremblé. Ou bien hésité.
Cela faisait longtemps que je possédais cette lettre. Un an ? Plus ? Oui, cela faisait un peu plus d'un an. Pourtant j'attendais. Je savais qu'il ne viendrait pas, mais je ne saurais dire pourquoi, j'attendais.
Dépliant le bout de papier, mes mains se mirent à trembler alors que je me souvenais.
Arrête d'être dans mes pattes !
Oui, je ne devais pas être égoïste. Je ne devais pas être collante. Alors m'accrocher à ce morceau de papier revenait à être détestable.
Tu penses que parce que tu es ma fille je dois t'aimer ?
Je n'étais qu'une erreur, mes parents me l'avaient si souvent répété. Et en tant qu'erreur je ne devais pas attendre une quelconque espérance, je ne devais pas espérer que quelqu'un puisse s'intéresser à moi ne serait-ce qu'un peu.
Pourtant je ne pouvais m'empêcher de lire ce bout de papier encore une centième fois.
« Je t'ai toujours aimé, et je t'aimerais toujours. Et si la vie me le permet un jour, je souhaiterais de tout mon cœur partager mon existence avec toi pour l'éternité. Tu es la femme la plus merveilleuse qu'il m'ait été donné de rencontrer.
J'attendrais ta réponse dans le parc où mon cœur a pour la première fois rencontrer tes yeux plus magnifique que tous les trésors du monde. Chaque dimanche soir, jusqu'à ce que le soleil s'endorme et que la nuit revêtisse sa sombre robe, je t'attendrais. Même un ouragan violent ou un dieu jaloux de mon amour pour toi ne pourrait m'empêcher de t'attendre. Pendant un an, je t'attendrais. J'attendrais ta réponse. Et si par malheur tu venais à ne jamais venir alors je t'offrirais un bouquet de rose et une lettre confessant de nouveau mes sentiments envers toi.
Sil-te-plait ; Aime-moi. »
Un an. Cela faisait un an. Ou plutôt un an et deux jours. Et en ce froid hivernal de janvier, je regardais les jeunes couples aux visages heureux. Il y avait tellement d'autres personnes ce soir dans les rues. Pourtant mes yeux ne se posaient que sur ces paires, ces cœurs amoureux et enlacés.
« Pourquoi n'aurais-je pas le droit à se bonheur ? » me demandais-je d'un murmure inaudible.
La vie est une garce. Plus tôt tu le sauras et mieux ce sera pour moi. Alors dépêches-toi de grandir et de partir loin de ma vue.
Tremblante, je ne vis bientôt plus rien. Ma vue était troublée. Etais-je en train de pleurer ? Je n'avais encore jamais pleuré de mon existence. D'aussi loin que je me souvienne, je n'y étais jamais parvenue. Pourquoi maintenant ?
Alors que le soleil se couchait à l'horizon, un pétale rouge frôla ma joue pour continuer son envole vers le ciel. Les arbres étaient nus et les fleurs avaient depuis longtemps trouvé pour refuge contre l'hiver un sommeil profond sous terre. Pourtant plusieurs pétales d'un passionné écarlate me forcèrent à me retourner.
« Te voilà enfin devant moi. Puis-je espérer recevoir ton cœur ? »
L'homme qui se tenait devant moi était magnifique. Habillé d'un costume cravate, il n'avait plus rien du chômeur d'il y a un an. Il n'avait plus rien de ce misérable mais non moins adorable jeune homme que j'avais rencontré auparavant. Il se tenait fier et confiant devant moi, un bouquet énorme de roses dans une main et une lettre dans l'autre.
Alors qu'il m'offrait ces roses qui me firent rougir, il glissa la lettre dans ma poche avant d'essuyer les larmes qui perlaient le long de mes joues rosies.
N'espère rien de la vie. Le bonheur n'existe pas pour des personnes comme toi.
Peu confiante en moi, je savais pourtant ce que je voulais. Et comme poussée par une pulsion qui m'était inconnue, je lâchais les roses et sautais dans les bras de cet homme que j'avais pourtant toujours aimé depuis que nos regards s'étaient croisés pour la première fois.
« Apprends-moi à aimer. » le suppliais-je de ma voix étranglée par les sanglots et la peur d'être rejetée.
Me gardant au creux de son étreinte qui me parut protectrice et possessive, il s'approcha de mon oreille que son souffle chaud chatouillait.
« Aimer ne s'apprend pas, aimer est naturel. N'est-ce pas toi qui me l'as pourtant déclaré il y a un an de ça ? »
Aimer était un sentiment, pas une leçon. Et si mon cœur se languissait pour cet homme alors il n'y avait plus d'hésitation. Car l'amour n'est pas une raison mais une passion. Le passé n'existe pas, le futur ne se devine pas. Seul le présent est certain. Et je voulais passer ce présent avec cet homme, mon cœur en était persuadé et ma raison se pliait.
« Maman, papa, vous aviez tors. J'ai appris à l'aimer. »
VOUS LISEZ
Dulcis Promissis
ContoDe courtes histoires d'amours indépendantes les unes des autres, sur lesquels plane le mystère d'une romance idéale ou empoisonnée. Des romances dangereuses ou pleines de bonheurs, à vous de décider. ///ATTENTION\\\ Les images que j'utilise à chaque...