Mutilation

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La peur me rongeait mais le néant se formait. Je ne pouvais pas résister à cette tentation qui m'appelait.

Tout le monde l'aimait. Hope était la jeune femme appréciée par tous. Employée modèle, intelligente, gentille et toujours à l'écoute, comment la détester ? J'étais la seule à la voir telle qu'elle était en réalité. Je n'avais qu'à me regarder dans un miroir pour m'apercevoir que Hope était une femme sans espoir. La solitude et la fausseté qui l'envahissaient étaient invisibles pour la plupart des gens. Oui, invisible..., tout comme ce sang qui perlait chaque jour de mon corps.

Passer la lame sur mes poignets, parfois sur mes jambes, là où personne ne le verrait. Ce geste si calme et pourtant si violent m'infligeait une douleur qui me soulageait entièrement.

Personne ne comprend...

Personne ne m'entend...

Oui, personne ne serait là pour moi. J'étais Hope, celle que l'on appelait souvent à l'aide mais qui n'était jamais aidée. J'étais Hope, la jeune femme d'à peine vingt ans qui ne supportait plus la solitude de sa vie.

Continuant de regarder dans mon miroir, mon poing partis de lui-même pour aller briser mon reflet. Ma main saignait mais cela n'avait pas la moindre importance.

Je retirais un à un mes habits, plongeant dans un bain. Entre tiédeur et brûlure, l'eau agressait ma peau. Ou plutôt non, l'eau caressait d'un baiser brûlant mon corps dénudé.

Posé au bord de ma baignoire, mon portable vibra furtivement. Un message surement sans importance.

Attrapant plutôt un morceau de miroir par terre, je l'approchais de mon poignet enveloppé d'un bandage grossier. En le retirant, je révélais l'horrible vérité sur mon être à l'image parfaite, à l'image défaite. Les cicatrices anciennes se mélangeaient aux marques encore récentes.

Finalement je lâchais la lame. A quoi cela servirait-il de toute manière ? Me taillader ainsi ne me tuerait pas et cela n'effacerait pas mes problèmes.

Ma solitude...

Attrapant mon portable, je lu le message. Il provenait de l'un de mes « amis ». Il voulait me voir, il s'inquiétait pour moi.

Il s'inquiétait ? Pour moi ?

Lâchant mon portable, celui-ci tomba au sol. Je venais d'effacer le message de Gabriel, le seul être à avoir eu un semblant d'intérêt pour ma vie et mes sentiments.

Souriant, je compris qu'il n'y avait rien à faire.

Personne ne comprend...

Personne ne m'entend...

Fermant les yeux, je me laissais glisser dans l'eau. En véritable poisson, tout mon être s'endormait dans cette eau apaisante. Et lorsque l'air commença à me manquer, je souris. Je ne paniquais pas, je savais ce que je faisais. La vie ne m'apporterait rien. Elle ne m'apportait rien.

Soudainement quelque chose s'empara de mon corps, me faisant immerger de l'eau. Me sortant violemment de ma baignoire, une personne me bascula au sol. Le visage énervé de mon sauveur était inondé de larmes alors que son corps tremblait plus que le mien qui était soudainement frigorifié.

Me prenant dans ses bras, mon sauveur me murmura : « Ne me refait plus jamais ça ».

Je reconnu sa voix. Je ne pouvais pas ignorer à qui elle appartenait.

Gabriel était là, me tenait fermement. Je voulais mourir, de tout mon cœur, de toute mon âme. Alors pourquoi m'en empêcher ?

« Si tu ne vois plus de raison de vivre, alors je t'en donnerais une. »

Prenant mon visage dans ses mains, il s'approcha de moi, ne laissant qu'une faible distance entre nous deux.

« Vie pour moi. »

Alors ses lèvres se posèrent délicatement sur les miennes. Étais-je devenue importante pour quelqu'un ? Pouvais-je croire en ce bonheur qui me tendait les mains ? Entre mutilation et amour incertain, avais-je véritablement le choix de mon destin ?

Dulcis PromissisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant