chapitre 6

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Leila

Quelques  mois plus tard...

     — Et vous cherchez quelle pointure?
     — 38 mademoiselle!
     — Donnez-moi une seconde et je vous amène ça tout de suite.
Je me dirige vers le rangement et cherche la paire de chaussure.
     — Voilà  madame!
     — Merci vous êtes un amour mon petit!
      La vieille dame me sourit et je lui rends la pareille. Je travaille depuis quelques semaines chez Gucci shoes sur les champs Elysée! C'est Sonia qui m'a trouvé ce boulot. Ce n'est pas la carrière de ma vie mais c'est un bon moyen de gagner des sous, aider ma famille et économiser  pour mes futures études à la Sorbonne. J'ai eu mon bac avec mention bien et j'ai été accepté à la fac mais la bourse qu'on m'a alloué ne couvre pas tous les frais: les livres, les transports la nourriture. Du coup j'ai décidé  de travailler pendant un an et de m'inscrire à l'automne prochain.
     J'aime travailler, je me sens plus libre et indépendante. Bien sûr je vis toujours chez mes parents et subis les trajets en RER tous les jours. C'est épuisant, mais au moins je suis à Paris dans la journée. J'ai des copines: ma collègue Camille qui me fait toujours rire, Sonia ma sœur qui travaille à quelques mètres , mais surtout le seul et l'unique Nicolas qui passe me voir dès qu'il peut.
     Le travail en lui-même n'est pas très éprouvant, mais peut s'avérer irritant parfois. Chausser des vieilles bourgeoises ou des gosses de riches n'est pas une mince affaire. Je ne compte plus  le nombre de fois où je me suis agenouillée  devant des pimbêches  qui m'ignoraient complètement ou pire me toiser d'un regard dédaigneux, m'accusant de mentir quand je ne trouve pas la taille demandée ou leur apprend qu'il y'a une rupture de stock. Une fois une vielle mégère  m'a même jeté  une chaussure à la figure de rage.
     — J'y vais Camille c'est l'heure de ma pause déjeuner.
     — Ok à tout à l'heure Leila!
     Je me dirige vers mon café  préféré ou j'ai pris l'habitude de me rendre tous les midis. Le serveur est sympa il me drague un peu et du coup m'offre souvent des trucs. J'accepte à chaque fois, j'espère  qu'il ne prend pas ça pour un signe. Je culpabilise, mais je suis trop pauvre pour ne pas accepter sa gentillesse. Je m'installe à une petite table près de la fenêtre, me débarrasse  de mon manteau. Raphael me flashe son plus beau sourire et s'approche de ma table.
     — Hey la plus belle! Comment ça va? Qu'est-ce que je te sers aujourd'hui?
     — La même chose. Un rallongé et un verre d'eau.
     — Ok ça marche! Je t'amène ça tout de suite ma belle.
       Ce dernier s'éloigne et j'en profite pour sortir un livre que j'ai emprunté à la bibliothèque  du quartier. Je sors également  mon sandwich que je me suis préparée  ce matin avant de partir. C'est une habitude dont Nicolas se moque lorsqu'il me rejoint des fois pour le déjeuner. La première  fois qu'il m'a vu sortir mon pain enveloppé  dans du papier aluminium de mon sac à main il m'a fait un speech de 3/4 d'heure : «Non mais chérie on est à Paris pas en province! Personne ne se ballade avec des sandwichs fait maison dans le sac!» Je souris en repassant à son discours et Raphael m'apporte mon café , interrompant ainsi mes pensées.
     —Tu es belle quand tu souris.
Il s'assoit en face de moi.
—... Tiens je t'ai ajouté  une chocolatine!
     — Merci!
Mes yeux brillent à la vue de cette gourmandise que je me permets d'acheter qu'à de très rares occasions. Je croque immédiatement  dans le croissant et soupire d'extase lorsque  le chocolat fond dans ma bouche. Je sursaute quand Raphael caresse ma lèvre  inférieure avec son pouce, il le retire lentement pour le lécher.
     — Tu avais du chocolat qui dépassait! Je rougis et regarde ma tasse de café.
J'aimerai beaucoup t'inviter à diner un de ces soirs!
Mes yeux quittent la très  intéressante tasse pour rencontrer son regard. Je bégaye ne sachant pas quoi répondre.
     — Merci... mais...  je ne peux pas je suis ...occupée  et ...
Raphael se lève  subitement de sa chaise la faisant grincer sur le sol, il sourit:
     — Je comprends. Un jour peut-être ?
J'acquiesce et il semble satisfait de ma réponse.
   Après mon déjeuner  je retourne à la boutique. Camille prend sa pause  à son tour et je me retrouve seule. Je range quelques étagères, j'entends la porte s'ouvrir. Ah enfin un client! Je commençais à m'ennuyer. Je me fige immédiatement  lorsque je vois apparaitre devant moi une personne que je ne pensais plus jamais revoir: Edward!

L'initiation ( Sous contrat d'édition ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant