Un

115 13 6
                                    

Jeudi 1er septembre 2016.

C'est assez dur de réaliser que les vacances d'été sont finies. Bien sûr, comme tout le monde je voudrais qu'elles soient éternelles. Mais comme dirait ma mère, toutes les bonnes choses ont une fin.

Si je devais dire quelques mots sur ces derniers mois, cela se résumerait à : plage, cauchemars, crises d'angoisses.  Mais peu à peu, avec le temps, la douleur se dissipe. J'ai appris que verser toutes les larmes de son corps n'aide pas à s'apaiser. Ou ce n'est que temporaire. Que la douleur laisse des cicatrices indélébiles, et que je serai marqué à jamais. Oui, la vie est injuste.
Mais, rien que pour elle, je veux relever la tête et faire comme si elle était toujours là. Parce que d'un côté, elle est là. Avec moi, dans mon coeur. Elle me l'a promis. Et je vais vivre pour elle.

                     
Je dessinais des petits cercles sur la vitre sale en attendant l'arrivée d'Emma. Le bus n'était pas plein, il restais même plusieurs places libres. Je me suis installée vers les premiers rangs pour pouvoir être tranquille, mais visiblement les secondes de cette année ne l'avait pas compris. Un garçon brun vêtu d'une veste en jean me demanda pour s'installer à côté de moi, et heureusement, Emma le poussa et se laissa rapidement tomber sur le siège. J'adressa un petit sourire désolé au garçon et sauta au cou de ma meilleure amie.

Elle est resplendissante, comme toujours. Ses longs cheveux blonds tombent sur ses magnifiques épaules dégagées. Autrement dit, l'inverse de moi. Je suis brune aux cheveux mis-longs, souvent habillée de noir et des écouteurs dans les oreilles.
Elle elle est féminine et branchée. Moi je suis la simplicité incarné. Je déteste en faire trop. Et je déteste passer aperçu auprès des autres. Eh oui, si vous êtes au lycée, faites attention autour de vous. Vous voyez toujours les canons à la pointe de la mode qui rigolerons comme des pimbêches pour attirer votre attention. Mais si vous prenez le temps d'observer, vous verrez qu'il existe d'autres personnes plus simple et pas moins intéressantes derrière.

Nous nous jetons un coup d'œil l'une à l'autre puis recommençons les commérages, comme chaque année. D'abord les hypothèses de classe, des professeurs principaux et des futurs camarades.
C'est assez difficile de s'avouer que c'est la dernière année au lycée, la dernière année avec Emma.
L'année prochaine, je voudrais aller à l'université pour partir en droit, et par la suite devenir avocate. Mon père est avocat et j'ai toujours adorer son métier.
Malheureusement Emma va partir pour un an en Allemagne pour "approfondir" la langue.
Je pense juste que c'est pour fuir sa famille. Elle a de gros problèmes avec ses parents. L'entreprise de son père a fermé il y a trois ans de ça. Depuis il n'a retrouver aucun travail et s'est réfugié dans l'alcool.

Le bus nous dépose comme tous les matins à sept heures trente-deux, sois deux minutes après l'ouverture des portes. Nous nous précipitons vers les grilles mis excitées et mis angoissées d'enfin voir notre nouvelle classe.
Pour ma part je ne suis pas tellement pressée. J'aime passer du temps seule. Emma me le dit souvent, je ne suis pas sociable. Et c'est vrai, je n'aime pas les gens. La plupart m'énervent. Même si je ne les connais pas.

Les bâtiments n'ont pas changé, tout est resté tel que je l'ai quitté. Les murs de briques salis par des graffitis, les tableaux d'affichages près de la cafétéria et la vie scolaire près du bâtiment C.
Nous traversons la cour pour accéder aux panneaux d'affichage qui dévoileront l'identité des personnes avec qui nous allons devoir cohabiter pendant un an. Beaucoup de monde est déjà arrivé.
Je me fraye un chemin parmi le troupeau d'élèves et cherche ma classe. Malgré les personnes qui me bousculent, je parviens à voir mon prénom. Je suis en terminal diamant. Waouh! Les premières ont le droit à des noms de bandes dessinées du style "spirou" et "lucky-luke" et nous, nous avons le droit à des noms de pierres précieuses. Ça alors! Ça me plaît.

Après avoir accompagné Emma et son amie Mathilde a leur salle, je me dirige vers le bâtiment E pour trouver la mienne. Il est sept heures cinquante-huit et la sonnerie retentit à huit heures pile. Je presse le pas tout en observant ce qui se passe devant moi. Les retrouvailles de vieux amis, les nouveaux secondes perdus et les nouveaux tout court. J'essaie d'éviter de croiser les regards des personnes près de moi car sinon, je devrais aller leur dire bonjour, ça serait long et je ne voudrais pas arriver en retard le premier jour de classe. Et puis, je n'ai pas très envie d'aller les voir.
Bien que, l'année dernière, j'ai perdu beaucoup d'amis. Je ne venais plus en cours et quand j'y allais, je restais seule. Et puis quand je vois la plupart des gens dans ce lycée, je préfère être insociable et rester dans mon coin. Au moins la solitude n'a pas pour habitude de te juger à la moindre erreur. Mais au final je ne suis pas vraiment seule. Le groupe Bring Me The Horizon résonne dans mes oreilles.

Quand la cloche sonne, j'arrive à ma salle. C'est avec horreur que je découvre madame Deas assise près du bureau, en train d'observer des papiers. Ma professeur principale donc...
J'ai eu la chance ou plutôt, la malchance de l'avoir eu comme professeur d'histoire géographie les années précédentes. Comme quoi, jamais deux sans trois.

Je jette un rapide coup d'œil aux personnes qui m'entourent. Des grands, des petits. Des blonds, des bruns. Il y a beaucoup plus de garçons que de filles! Du moins, j'en ai fortement l'impression. Je reconnais quelques têtes mais personne que j'apprécie vraiment. Emma serai là elle m'aurait dit:
« -Normal, tu n'aimes personne! »

-Mademoiselle Rose! Ravie d'avoir la chance de vous guider pour la dernière année sur la voie du baccalauréat.
Je retire mes écouteurs et esquisse un sourire des plus faux. J'entre dans la salle de classe suivie d'une trentaine de personnes. Je soupire en m'installant à la première table venue. Ça va être long.

Insociable [EN PAUSE, REPRISE CET ÉTÉ]Where stories live. Discover now