Douze

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ANCIENNE SUITE











Quand je suis arrivée, la plage était vide. C'était comme si elle n'attendait que moi. Alors je ne me suis pas fait prier et j'ai avancé toujours tout droit. Mais ce qui était étrange aujourd'hui c'est que quand j'ai regardé la mer et ses vagues, un grand vide m'a envahie. Et oui il y avait ces jours où le ciel était bleu, le sable chaud, des jours où tout se passait à merveille.
Et puis il y avait ces jours où, quand je voyais la mer je pensais à la noirceur de l'océan, ce monde dangereux qui peut nous emporter à tout moment.

Je me suis assise sur le sable frais et je me suis mise à penser. Si ma soeur était encore là aujourd'hui, elle m'aurait dit que faire. Et c'est de là que je vois que je ne pourrais peut être pas survivre sans elle. Je donnerai tout pour-être dans ses bras. Elle a laissé son empreinte dans mon cœur et du jour où elle l'a gravé, je savais que sans elle ce n'était plus possible. Et à cet instant précis, j'étais sur d'une chose.
Je n'aurais pas la force de continuer sans elle. Je voulais juste tout laisser derrière moi et m'enfuir. M'enfuir aussi loin que possible. Mais comme je savais que c'était impossible, je me suis juste dirigée vers les vagues qui répétées toujours les mêmes mouvements.

Le contact avec ma peau était piquant mais acceptable. J'ai observé longuement le paysage vide autour de moi. C'est évident que sous un ciel ténébreux, personne n'allait se dire "chouette il va bientôt avoir de l'orage, allons à la plage! "
Mais peu importe le temps pour moi, je préférais être ici plutôt que chez moi. J'ai inspiré une grande bouffée d'air et j'ai plongé la tête la première dans l'eau plutôt froide.
*****
J'observais les coquillages déposés au fond sur le sable quand j'ai vu quelque chose non loin de moi. Un poisson. Mais celui-ci était différent des autres. Il était suffisamment gros pour qu'on le repère au fond de l'eau. Ses yeux étaient rivés sur moi. J'étais émerveillée. Je n'avais jamais vu cette espèce auparavant. Son corps était recouvert d'une couleur argentée qui brillait de milles feu.
J'ai tenté de l'approcher mais le poisson est parti à toute vitesse devant moi.
Je voulais continuer à le voir alors je l'ai suivi. J'ai traversé un courant d'eau froide qui m'a fait frissonner. J'ai continué à nager sur le ventre à contresens du courant. Par moments, il était fort. Ça devait être à cause du vent.

Je ne voulais pas remonter en dehors de l'eau de peur de le perdre de vue. Je savais que je n'aurai plus la chance de le revoir, il serait déjà enfui.
Alors j'ai continué de le suivre au rythme que mon souffle partait. Le bruit de l'océan envahissait ma tête, l'eau portait mon corps et je me sentais légère. Heureusement que personne n'était là, ils m'auraient pris pour une folle premièrement pour nager par ce temps et par-dessus le marché, toute habillée.

Bientôt j'avais du mal à respirer, mon souffle diminué fortement.
Je m'enfonçais un peu plus à chaque pas dans l'obscurité, je le sentais mais je ne relevais pas la tête, j'étais trop près du poisson. C'était comme-ci ce poisson m'hypnotisait. Qu'il m'appelait à le suivre.

Mon crâne commençait peu à peu à faire mal et j'ai eu le malheur d'ouvrir la bouche pour récupérer de l'air. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je devais avoir imaginé que j'étais sur le sol. Sauf que l'eau s'est introduite dans mon corps et qu'il m'était impossible de le recracher. Mes yeux se sont figés et j'ai tout de suite essayé de remonter. Mon cerveau s'est mit à paniquer et je me suis mise à faire n'importe quoi pour remonter. Quand j'ai levé les yeux vers la sortie, je me suis rendu compte qu'elle était loin. Beaucoup trop loin pour que je remonte à temps. Une drôle de sensation m'a envahie. L'impression d'avoir était prise au piège.
Remonte! C'est trop dangereux! Dépêches-toi Emma!

C'était étrange cette voix qui parlait dans ma tête. J'étais en train de me noyer et j'entendais des voix. J'étais devenue totalement folle c'est sur. Mais malgré mes efforts pour remonter à temps, mes poumons ont cessés de lutter.
J'allais mourir dans l'endroit que j'aimais le plus au monde pour rejoindre la personne que j'aimais le plus au monde. Mais je ne voulais pas mourir. Soudainement, des images de ma vie on défilés devant mes yeux. Des images de moi bébés avec mes parents, mon premier Noël, jusqu'à aujourd'hui.
Ma tête résonnait horriblement et l'eau salée me brûlait. Je toussais, me débattait, mais rien ne suffisait.
Bats-toi! Pense aux parents! Ne les laissent pas, Tu n'as pas le droit ! Trouve la force de survivre!
Et soudain, tout s'est arrêté. Mon corps à cesser de se débattre et je me suis sentie tellement calme, apaisée. J'ai vu le poisson disparaître loin devant moi et j'avais envie de sourire. Il était magnifique ce poisson! Puis mes yeux se sont fermés.

Insociable [EN PAUSE, REPRISE CET ÉTÉ]Where stories live. Discover now