Onze

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ANCIENNE SUITE











-Papa?! Soufflai-je le cœur battant à tout rompre.

-Ouai c'est ton père. Il eut un rire sarcastique et je compris tout de suite que quelque chose n'allait pas. À moins que ce soit cet enfoiré de Philippe. Demande à ta mère. Si c'est ta mère bien sûr. Renchéri-il.

Il s'est appuyé contre le pas-de-porte, les jambes chancelantes.
Je me suis précipitée pour aller le soutenir.

-Ça va? Je demande le toisant de la tête aux pieds.

Je tressaille quand je sens l'affreuse odeur d'alcool dans mes narines. Il put le whisky. Et une autre odeur que je ne serai pas discerner. Du tabac peut-être? Mais je ne l'avais jamais vu fumer, il ne fumait pas. À moins qu'il me le cachait?
Son visage paraissait beaucoup plus vieux, beaucoup plus triste quand il était dans cet état. Un état que trop familier.

-Ouai ça va.

Il avance en titubant à travers le petit couloir et manque de tomber. Je resserre mon étreinte sur son bras tremblant et il pousse un petit gémissement, comme si je le serré trop fort.
Regardez-ça, si ce n'est pas malheureux... C'est moi qui devrait être à sa place. C'est moi qui suis adolescente et qui devrait me shooter à la drogue et aux shot de vodka. Pas l'inverse...

-Tu es soûl ? Je crie un peu trop près de ses oreilles. Il grimace puis me regarder d'un air mauvais. Cet air qui à le pouvoir de me donner la chair de poule.

-On m'a viré de mon boulot. Après je suis aller dans un bar ok. Mais j'suis pas bourré. J'suis pas bourré répète-il au moins trois fois.

Son odeur est insupportable. Mon père n'a plus le droit de boire d'alcool. Pendant quatre ans, il nous a fait vivre l'enfer avec sa boisson. Il n'en avait pas bu depuis quelques temps.
C'est quand ma mère en a vraiment eu marre et l'a menacé de partir qu'il a arrêté. Il l'a comprit et est allé en cure pendant six mois. C'était une période difficile pour toute la famille.
Puis après la mort de ma soeur, il s'y est remis... Mais nous l'avons tout de suite renvoyé au centre et ça s'est vite réglé. Alors imaginez au lycée comment l'ont me surnommer "La fille de l'alcoolique", "La future alcoolique", et j'en passe. C'est assez dur d'être la rumeur du lycée mais on s'y fait. Et puis au bout de quelques mois ça sera fini me répétait toujours Emma. Et pourtant j'ai toujours l'impression que quand je marche dans les couloirs, des chuchotements retentissent. Une fois, grâce au foyé raisonnant, j'ai entendu ces mots: pauvre fille.
Je me répétait ça en boucle. J'étais vu comme une "pauvre fille". J'étais la pauvre fille. Mais je ne voulais pas être la pauvre fille alors depuis, chaque jours, je souris et marche la tête haute.

Je reste figé pendant je ne serai dire combien de temps, me remémorant les moments horribles qu'il nous a fait subir. Il a fait pleurer ma mère le jour de mon anniversaire, il m'a mit la honte dans les magasins, restaurant... Il a gâché plusieurs de mes Noël. Il n'a jamais été un exemple pour moi, parfois même, je le méprisais.
Je l'entends trousser et je reviens dans cette horrible réalité. Je donnerai tout pour être ailleurs en ce moment précis, n'importe où.

-Comment ça on t'a viré? Mon ton est emplie de colère mais je me contiens. Je déteste quand il est saoul. Il n'est plus lui même dans ces cas là. Je me demande même s'il ne ment pas. Il travaille depuis longtemps dans la même entreprise, je ne vois pas pourquoi on l'aurai viré. Il doit mentir. Enfin je l'espère... Il ne manquerai plus que ça, un malheur en plus dans ma petite vie déjà bien sombre.

J'ai reculé d'un pas en arrière quand il a levé la main, la bouche toute gonflée, prêt à rendre tout ce qui été dans son estomac. À cet instant, il me faisait pitié. Sa chemise était ouverte et déboutonner sur le haut, ses cheveux habituellement bien coiffés étaient tout ébouriffés, ses yeux étaient injectés de sang... Avec la couleur sombre du couloir on aurai dit un monstre. Mais pas les monstres qui sont dans les contes Disney. Oh non. Bien pire!

-C'est pas vrai! Hurlai-je assez loin de lui pour ne pas assister à cette scène de près.

Il s'est agenouillé et a régurgité tout ce qu'il avait bu sur le sol. Ma mère allait le tuer c'est sur. Mais ce n'était pas mon problème. Plus maintenant.
Il s'est essuyé du revers de la main sa bouche et a tenté de se relever mais en vain. Il s'est juste écrasé par terre. Et je n'irai pas le relever. Hors de questions.

-Viens nettoyer. Gémit-il
Son ton est froid. Mais le mien l'est aussi. Je repense à toute ces fois où j'étais tendre avec lui dans ces moments là. J'étais jeune et insouciante sans doute. Plus jamais je ne me laisserai faire. Jamais.

-Tu peux toujours rêver. Répondais-je les poings sur les hanches respirant doucement pour garder mon calme.

L'odeur à emplit le couloir et si ça continuai, j'allais vomir moi aussi.

-Je voudrai bien demandé à Naomie mais tu l'as tué.
Ses yeux étaient rouges, sa respiration était rapide, trop rapide pour être normale. Il me faisait peur.

-Mais qu'est-ce que tu racontes?
Les larmes me montent aux yeux mais je n'est pas le droit de craquer. Je ne veux pas montrer de faiblesse. Pas quand il est comme ça. Je me contente d'inspirer et d'expirer les yeux rivés au sol.

-C'est ta faute si elle est morte! Répond-il en crachant par terre.

-Comment tu oses dire ça? Mais t'es qu'un monstre!
Mes poings sont serrés tellement fort que mes ongles tranchent ma peau. Comment osait-il dire ça? Saoul ou pas je ne lui permet pas! Comment pouvait-il être aussi différent que quand il était sobre? Une personne aussi mauvaise.
Bien sûr je ne suis pas parfaite, je n'ai pas toujours pris les bonnes décisions et je comprends qu'il veut rejeter la faute sur quelqu'un pour se dire qu'il n'y est pour rien. Mais je refuse de porter le chapeau. C'était sa décision a elle et je n'étais qu'en partie d'accord avec elle. Elle voulait se faire opérer pour se libérer de ses problèmes de cœurs. C'est compréhensible non? Bien évidement quand le chirurgien lui a parler du taux de réussite elle a voulu le faire. Mais elle était majeure. Elle était responsable d'elle, on ne pouvait plus rien faire pour elle.

-Blablabla.
Son ton fort et hautain me donnait la nosé.
Je n'ai rien dit. Je n'avais rien à dire. Lui parler ne servirai seulement qu'à user mon énergie. J'ai mordu l'intérieur de ma joue puis est tourné les talons, le laissant seul dans son vomis.

En descendant, les larmes ont commençés à couler et la douleur dans la poitrine s'est accentuée un peu plus à chaque minutes qui passaient. Le ciel était devenu totalement sombre, ce qui correspondait bien avec mon état actuel.

J'essuie mes larmes quand je débouche sur le trottoir. Je repousse mes cheveux en arrière et essaie de garder mon sanglot au fin fond de moi.
J'aimerai éviter les scandales publiques.
Mon regard se pose sur des yeux. Le voisin fou. Jack Miller. Ses yeux noirs me fixent une fois de plus.
J'ai très envie d'aller le voir et lui demander des explications mais dans l'état où je suis, ce ne serai pas raisonnable.
Mon cœur donne des coups dans ma poitrine et mes jambes on du mal à me soutenir. J'essaie de retrouvée une respiration normale mais c'est peine perdue.
Je le regarde fixement puis fuit. Je ne peux m'empêcher de faire sortir l'énorme sanglot en courant.
Une chance pour moi, la grande rue est presque vide. Il y a juste un père et sa fille qui rentrent chez eux. Je passe devant chez Emma a toute vitesse et je prie pour qu'elle ne me voit pas. Parfois il vaut mieux garder les choses pour sois.
Je tourne à toute vitesse dans la rue qui m'est devenue familière et cours peut-être cinq minutes. Courir me défoule et j'en ai bien besoin en ce moment.

Comment mon père osait me dire ça ? Et si le cauchemar de l'alcool reprenait? Mes yeux se sont réembués à nouveau et cette fois si, je ne fais rien pour les empêcher de couler. Je les laisses parcourir mon visage jusqu'à arriver sur mes lèvres. Ce goût salé qui emplit ma bouche.
Pourquoi?

Insociable [EN PAUSE, REPRISE CET ÉTÉ]Where stories live. Discover now