Hallucinations

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Quelques minutes plus tôt, dans les couloirs du château...


Tarek et Alex sortait de la Salle du Trône quand ce dernier apostropha le dragonnier :

— Eh ! Tarek ?

Celui-ci se retourna en roulant des yeux, mais leva soudainement son avant-bras pour parer le coup de poing du jeune Khyazgaar. Le visage du brun se durcit et il cracha :

— C'est tout ce que tu vaux ?

Mais il n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'il fut violemment projeté contre un mur.

        Les pierres se fissurèrent sous le choc et Tarek grimaça alors qu'il retombait lourdement au sol. Tous ses os de la colonne vertébrale craquèrent bruyamment. Alex, lui, n'avait fait que relever sa paume de main encore luisante de magie.

        Le souffle coupé par l'impact, le dragonnier foudroya son adversaire du regard et répliqua verbalement :

— Un véritable Khyazgaar a le sens de l'honneur et ne joue pas à la déloyale.

Mais Alex n'avait pas l'air de vouloir discuter. D'un nouveau geste de la main, il resserra l'étau autour de la gorge de Tarek, à distance. Ce dernier ne chercha pas à se débattre, cela ne servirait qu'à satisfaire son adversaire, bien qu'il commençât déjà à suffoquer.

— Un véritable Khyazgaar comme tu dis, tiens sa parole. Je t'ai dit tout à l'heure que je te montrerai de quoi je suis capable. Malheureusement, je n'ai pas d'énergie à dépenser pour ta misérable existence, donc ne m'en veut pas si je ne te fais pas trop mal.

Le jeune combattant aux cheveux bicolores avait lâché prise et Tarek pouvait à nouveau respirer normalement. Assis sur la pierre, humilié, le brun bouillait intérieurement. Son regard était noir alors qu'une chaleur destructrice montait en lui. Une chaleur qu'il reconnaîtrait entre mille. Une chaleur dévastatrice. Une flamme parut dans ses pupilles dilatées par la colère, mais s'éteignit aussitôt. Alex n'avait rien vu. Alex ne devait rien voir.

        Depuis l'acquisition des pouvoirs de Brusanth, Tarek en ressentait la puissance à chaque seconde, et il dut se faire violence pour ne pas broyer les os de son interlocuteur. Pas tout de suite. Ses mains tremblaient de rage, un désir irrépressible de s'enflammer les consumait, tandis que le cœur du dragonnier battait la chamade. Mais le jeune brun se contrôla à la perfection. Il ne devait rien révéler. À personne.

        Pas encore.


        Soudain, un terrible rugissement retentit à travers les murs du château. Aïkida qui venait d'arriver à ses appartements se figea lorsqu'elle entendit le cri de Luaj. Un frisson d'effroi lui parcourut l'échine alors qu'Athkor s'exclamait :

C'est Luaj ! Il est arrivé quelque chose à Leeroy !

Le sang de la jeune fille se glaça.

Où est-il ?

Le dragon mit quelques secondes avant de répondre, agité :

Dans la pièce où tu as été soignée hier.

La Fille Gelée prit une profonde inspiration et demanda en faisant demi-tour :

Comment va Luaj ?

— Très mal, je vais la rejoindre, sois prudente.

Aïkida se dépêchait du mieux qu'elle pouvait, mais sa vitesse était inévitablement réduite par sa démarche claudicante et par sa canne de bois. Elle ne pouvait toujours pas poser le pied à terre, et elle fut rapidement essoufflée alors que ses muscles de bras commençaient à faiblir.

La Fille Gelée et la Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant