Boire pour oublier

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         Ils n'eurent aucun mal à sortir de la Vallée puisqu'Aïkida avait tout de même avertit le Haut-Dragonnier de ses intentions par l'intermédiaire d'Ambre. Les gardes les laissèrent passer, non sans placer une distance de sécurité entre le loup géant et eux.

        Au début, la Fille Gelée avait été tendue, inquiète du comportement de l'animal. Finalement, voyant que celui-ci ne paraissait pas hostile, elle avait réussi à se détendre quelque peu, gardant ses armes à portées de mains, bien qu'elles soient inutiles face à Eshkhan.

        Au fur et à mesure qu'ils approchaient de la plaine, une forte odeur de brûlé et de décomposition les fit froncer du nez. Les cadavres avaient été brûlés grâce à la magie de Nàmo et Leeroy, mais leur nombre avait été tel que Othar et Aïkida aperçurent encore de légères flammes au loin, s'occupant de consumer les derniers corps, humains ou non.

        La jeune Ilewite n'avait pas eu la chance d'apercevoir le terrain calciné, du fait qu'elle se soit évanouie après avoir tué le Masque Noir. Elle n'avait pas non plus eu le courage d'y retourner pour aider à faire le ménage, Nàmo le lui avait d'ailleurs fortement déconseillé.

        Othar fit arrêter Eshkhan à une distance raisonnable de cent mètres des flammes pour les préserver de l'odeur déjà forte, et pour ne pas réveiller trop de mauvais souvenirs chez la jeune fille.

        Cette dernière demanda :

— Ton loup va pouvoir pister ma sœur avec cette odeur ? Cela ne va pas masquer sa trace ?

— Je n'en sais rien. Je n'y avais pas pensé à vrai dire.

Le regard de la Fille Gelée s'obscurcit, mais elle ne dit rien. Elle non plus n'avait pas envisagé cette difficulté.

        Aïkida esquissa un geste pour descendre du loup, mais l'elfe le sentit dans son dos et l'interrompit :

— Non, ne bouge pas.

Elle se figea :

— Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien, mais on va rester sur le dos d'Eshkhan. S'il trouve une piste, il va se mettre à courir, on ne pourra pas le suivre à pied.

— Et s'il ne trouve pas de piste ? demanda-t-elle, la gorge serrée.

Bien qu'il ne le montrât pas, Othar était très sceptique. La disparition était trop étrange pour que la petite se soient simplement réfugiée dans les bois. Mais il devait essayer.

— On changera d'endroit, peut-être qu'il repérera sa trace un peu plus loin.

Aïkida hocha la tête et soupira, le cœur lourd.

        Tout en restant sur le loup, qui n'avait pas bougé, elle sortit de sa sacoche le lapin en peluche et le tendit au jeune elfe. Elle ne l'avait même pas regardé et s'était empressée de le donner à Othar. Signe de malheur, un frisson avait parcouru son échine lorsqu'elle avait senti le tissu déchiré sous ses doigts.

         Le jeune elfe montra le lapin décapité à son loup, et ce dernier s'empressa d'en renifler l'odeur. Mais après de longues secondes d'attentes, Aïkida aperçut les épaules du blond s'affaisser. Son cœur se serra. Elle ne lui laissa pas même le temps de lui annoncer ce premier échec qu'elle ordonna d'une voix qui se voulait autoritaire, mais tremblante :

— Continuons de chercher, ailleurs.


        Deux heures plus tard, ils furent forcés de constater l'échec de leur plan. Le loup ne trouvait aucune piste. Aïkida avait resserré sa main sur l'épaule du jeune elfe sans s'en rendre compte, et ce dernier pouvait sentir les tremblements et la crispation des doigts de la jeune Ar-Feiniel.

La Fille Gelée et la Face CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant