Chapitre 6

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Remis de sa frayeur grâce à l'énorme coupe de glace, recouverte d'une montagne de chantilly qui n'avait rien à envier à l'Everest, Bastien racontait avec animation son entrevu avec le grand chose. Ses explications étaient ponctuées des commentaires grognons de Deathmask que l'enfant ignorait totalement. Conscient que la mauvaise humeur de son ami n'avait rien à voir avec le bavardage incessant du petit, Aphrodite s'amusait beaucoup. Le Cancer d'abord sceptique à propos de la glace, avait carrément clamé à la trahison en découvrant la gourmande caverne d'Ali Baba que le Poissons gardait sous clé.

- Dis-moi ? Tu vas bouder encore longtemps ? Demanda le Suédois taquin.
- Ouais ! Parce que Monsieur "bouffe à lapin" se goinfre en cachette et en égoïste !
- Je ne me "goinfre" pas en égoïste ! Je verrouille seulement pour que les ventres à pattes qui me servent de compagnons d'armes ne pillent pas mes réserves ! Et inutile de te dire que je vais changer de place la clé.
- Bouffe à lapin ! Bouffe à lapin ! Chahutait Bastien qui trouvait follement drôle la dispute des chevaliers.
- TA GUEULE ! Lui hurla Deathmask.

Refroidi net, l'enfant se mît à pleurer, ce qui n'était pas non plus du goût de l'Italien, surtout que, encouragé par les regards noirs que lui lançait son ami, il dût se joindre aux consolations d'Aphrodite. Il fut cependant sauvé par l'arrivée de Camus.

- Papa ! S'exclama joyeusement le gamin en se jetant dans les bras du Verseau.

Deathmask soupira, exaspéré, ce gosse était décidément une tête de pioche sans cervelle. Occupé à pester intérieurement contre la débilité de son apprenti, le Cancer ne remarqua pas ce que vit avec plaisir le Suédois : un sourire. Le froid chevalier des glaces avait pris son fils dans ses bras et l'avait embrassé en souriant. La suite allait être terrible pour le gardien du onzième temple... Aphrodite eu presque pitié de son voisin... Presque, car son côté sadique s'en délectait, d'autant plus qu'il enviait la paternité de celui-ci... Oh ! Et puis au diable le décret de Saga songea-t-il, le jour où il se sentira vraiment prêt, il lui suffira de mettre enceinte n'importe quelle servante. Il ne manquait pas de conquêtes féminines... Quoique !... Peut-être pas n'importe laquelle.

A peine reposé à terre, Bastien répéta ses explications pour son père en commençant par la visite des temples, qu'il n'y avait pas de poissons dans celui du Poissons, le chocolat, la roseraie... À au moins la vitesse de la lumière et dans le désordre. Camus caressa la tête de son fils en le coupant.

- Viens, on rentre ! Je suis sûr que Milo voudra aussi entendre ton récit.

Il se dirigea vers la porte en lui tenant la main, mais Deathmask leur barra le passage.

- Eh là ! Minute le glaçon ! Le mioche reste avec moi.
- Et en quel honneur ?
- En l'honneur que c'est mon apprenti ! Fit le Cancer sarcastique.
- N'est-ce le microbe ? Ajouta-t-il à l'attention du gamin.
- Oui ! Et même que c'est mon nouveau papa ! Répondit-il en se collant au chevalier, fier de se souvenir du plan.

Le bourreau allait à nouveau décoller le crampon de sa jambe, mais il s'en abstînt en remarquant la colère sourde qui grondait chez son collègue. Il poussa même le supplice jusqu'à caresser affectivement les cheveux du petit. Les deux chevaliers s'affrontèrent du regard et la température ambiante commençait dangereusement à baisser.

- Camus ! Si tu congèles mon temple ton fils va s'enrhumer, fit remarquer le maître des lieux avec une apparente désinvolture.

Contrairement à ce que tout le monde pensait, Milo n'était pas le seul à décoder le Verseau, il n'avait pas fallu longtemps au Poissons pour déceler l'amour paternel sous la couche de glace.  Comme prévu, l'argument fit mouche et le chevalier des glaces se reprit. Le Suédois se permet un soupir de soulagement, son temple n'allait pas être transformé en banquise et cela n'allait pas attiré l'attention de Mister Hyde.

Une grosse bêtise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant