Chapitre 8

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Cette fois, Deathmask n'eut pas de mauvaises surprises au réveil. Il faut dire qu'il avait prit ses précautions. Il acheta des feutres et du papier puisque le mollusque semblait vouloir dessiner. Et surtout la veille, le chevalier lui avait bien spécifié qu'il ne voulait pas qu'il quitta sa chambre avant qu'il vint le chercher. Évidemment, le morveux voulu un bisou du soir... Et puis quoi encore ! Il était déjà bien assez généreux de l'aider à se mettre au lit.

Donc ce matin, pas de mauvaises surprises ! Se répétait-il mentalement avec un sourire satisfait. Mais étant donné qu'il avait fermé la porte à clé dès le petit monstre endormi, il ne risquait pas d'évasion nocturne. Alors le cancer prit tout son temps, savourant chaque instant de tranquillité avant que la tornade bavarde et lunatique qu'était son disciple ne chamboule tout sur son passage. Selon Deathmask, l'enfant était le type d'apprenti qui justifiait le fort taux de mortalité. Après tout, même la patience des dieux a des limites et un accident était si vite arrivé.

Lorsque le cancer alla enfin récupérer son élève, celui-ci dessinait bien sagement allongé par terre. Bastien se releva pour montrer fièrement ses œuvres.

- Regarde papa deux ! J'ai fait des têtes comme toi. Tu les mettrais avec les à toi dis ?
-  Papa deux ? Comment ça papa deux ? Demanda Deathmask avec humeur.
- Bah voui ! Camus c'est papa un et pis toi, c'est papa deux.
- Bon écoute moi bien le mollusque ! Parce que je ne vais pas passer mon temps à me répéter ! Y a plus de papa qui tienne. Tu m'appelles maître et tu dis seigneur Camus... Compreso ?

L'enfant regardait le chevalier avec de grands yeux rond et la bouche entrouverte. Il n'avait visiblement pas compreso du tout. Heureusement pour le Cancer, ou peut-être malheureusement, l'esprit du gamin était focalisé sur ses dessins.

- Dis tu les mets avec les à toi ! Fit-il en tendant les feuilles à son maître.
- Non !

L'air renfrogné et la moue tremblante tirèrent le signal d'alarme chez l'Italien.

- Pas la peine de chialer ! Lui aboya-t-il dessus. C'est...

Il allait à nouveau refuser, puis se ressaisit. Après tout pourquoi pas ! Il jubilait d'avance à la tête que ferait le glaçon en voyant son cher bambin suivre avec enthousiasme les traces de son maître.

- C'est d'accord ! Je vais les accrocher tes dessins ! Là où tout le monde les verra.
- Ouiiii ! Exulta le petit.   
- Bon ! Maintenant habille-toi ! T'as cinq minute et ça devrait déjà être fait.

Lorsque Deathmask reprit la direction de la chambre cinq minutes plus tard, il entendit le bruit mat d'une chute. Il ouvrit la porte en s'attendant au pire, et trouva le spectacle qui s'offrait à ses yeux, pitoyable. Bastien avait mis les deux pieds dans la même jambe de pantalon. Un bras dépassait du col de sa tunique dont il n'avait pas détaché le cordon, tandis que la tête se perdait dans le tissu. Si ce n'était les chouinements qui se transformaient progressivement en pleurs, on eu dit un ver de terre géant qui se contorsionnait au sol.

- C'est pas possible d'être aussi empoté ! Geignit le quatrième gardien en relevant son apprenti qui se battait toujours avec ses vêtements. Tu sais pas d'habiller ma parole !
- Nan !
- Et tu pouvais pas le dire !
- Nan !
- Tu te paie ma tête ?
- Nan ! Fit une nouvelle fois Bastien qui pouffait de rire.
- La ferme ! Eut la mauvaise idée de lui hurler le chevalier avec une impression de déjà vu.

Deathmask réalisait à peine sa bourde que le mollusque se mettait déjà à pleurer. Le pantalon entre les mains, il s'assit sur le lit en soupirant. Il était à peine 6h et il avait déjà une furieuse envie de meurtre. Il leva la main pour frapper l'enfant qui instinctivement se protégea de ses bras. Ce geste suffit à stopper le Cancer qui se méprisa d'avoir voulu le battre pour si peu.

Une grosse bêtise Où les histoires vivent. Découvrez maintenant