chapitre 1 : Alpha ( le commencement )

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Une voix me force à rouvrir les yeux. Je me réveille et vois le médecin à mes côtés. Je suis dans ma chambre entourée de maman et Jeremi. Jeremi me regarde bizarrement.

- Qu'est ce qui se passe?

- Tu t'es évanouie ma chérie. Répond maman

- Comment ça évanoui?

- On t'as trouvé inconsciente dans la cuisine.

Je ne comprend rien, je ne me rappelle de rien. Rien du tout. Le grand trou. Je suis frustrée, en colère, inquiète. Comment j'ai pu me retrouver évanouie dans la cuisine?

J'ai besoin de comprendre. J'ai besoin des explications.

Je me sens étouffée dans cette chambre.
J'ai besoin de prendre l'air.

Je me lève, j'avance vers la fenêtre. Je distingue un truc au loin. Je ne sais pas si c'est mon imagination qui me joue de tour.
Je décide alors de sortir dehors et d'aller voir ça de plus près.

- Maman : Helena où vas-tu ?

- Moi : j'ai envie de prendre l'air m'man et puis je passerai pendre quelques cours chez Sandra.

- Maman : mais t'es malade ma petite Astride et le médecin a dit que tu dois te reposer

- Moi : je ne suis pas malade m'man. J'étais peut être trop fatiguée et je me suis juste endormie dans la cuisine

- Jeremi : mouais c'est ça ! T'as l'air d'une morte vivante.

- Moi : toi je ne t'ai pas parlé. Et puis pourquoi tu n'es pas à l'école

- Jeremi : je ne suis plus à l'école élémentaire je te rappelle.

- Moi : fous moi la paix

- Jeremi : je t'ai à l'oeil.

- Maman : jeremi, laisse ta soeur tranquille. Elle est fatiguée

- Moi : merci m'man

- Jeremi : ne t'évanouis paaaaas

- Maman: ne rentre pas tard. Fais attention à toi.

...

Je met mes basket, prend une veste et un petit sac où je fourre un cahier et un stylo. J'aime toujours me balader avec mes outils.

J'ai renoncé à affronter la confusion de mes pensées à la maison.

Je sors de chez moi, j'avance dans une rue presque désertique. Je ne sais pas pourquoi je continue à avancer mais quelque chose me pousse à avancer. Je bifurque à gauche et longe l'avenue koplan, le nom de cette rue m'a toujours intriguée. Je ne sais pas pourquoi. On raconte tant d'anecdotes sur le choix de ce nom.

Avant notre aménagement dans le quartier il y a 25 ans, avant que je sois née. Un monsieur avait été retrouvé mort mutilé et étranglé, dans sa maison. C'était monsieur Koplan. On disait que c'était un brave type.
Mais les versions changeaient d'une personne à l'autre.
Une semaine après la mort de monsieur Koplan, on avait retrouvé trois autres corps dans son sous sol. On ne savait plus qui était qui. Monsieur Koplan etait-il un meutrier au visage d'ange? Ou avait-il tout simplement été aussi victime? Jusqu'aujourd'hui le mystère n'avait toujours pas été résolu.

Je continue à avancer. J'ai l'impression que mon corps se situe à des mètres de moi. Je me sens incapable de me détendre.
Je n'aurai pas dû quitter la maison et marcher toute seule. Je suis loin, si loin qu'il me serait impossible de sortir un son cohérent s'il m'arrivait quelque chose.
Les sons du monde ne me parviennent plus qu'étouffés. Mon cerveau coupe un à un les liens avec l'extérieur.

Je pense à des histoires terribles des gens plongés dans le coma, d'individus coupés de la société, des femmes battues, je ne comprends plus rien... J'ai l'impression que ma vue devient floue. Les couleurs se delavent, les sons decroient. Un moment je m'imagine muette, murée en moi, paralysie totale du corps et conscience paniquée, ou bien sourde, aveugle, autiste, sans mental, sans repère...

Je sens des longues vibrations parcourir mon corps, elles semblent pourtant provenir de moi, d'un endroit qui est à l'intérieur de moi et totalement étranger, je me laisse guider par leur rythme regulier, je me laisse faire, je renonce à tout.

Je continue à marcher. Je tiens fermement mon téléphone. La lumière décline.

Puis c'est le choc.

Projetée en avant, ma poitrine heurte douloureusement quelque chose. J'ai du mal à bouger les mains. De petites taches lumineuses dansent devant mes yeux. Brutal, le silence siffle à mes oreilles. J'ai mal partout. J'espère que je n'ai rien de cassé.

Mes oreilles se débouchent, je recouvre peu à peu ma vue. Au dela de mon corps étendu, je vois le paysage. À ma droite, je vois la terre, grasse, mouillée, éventrée. Quelques arbres au loin, des clôtures, des chemins reliants différents éléments.
J'essaye de me lever. Un instant, le vertige me prend, ma tête tourne.
Je lutte, il ne faut pas que je m'effondre maintenant.

Je me retourne pour regarder encore. Je crois apercevoir quelque chose, on dirait ce truc qui m'avait poussée à sortir dehors.
Je ne connais pas cet endroit. Je suis seule au milieu de nul part. Ma main rejoint mon petit téléphone tombé à côté de moi.

Foutaise, mon téléphone n'est pas prêt de reprendre vie. Il est dans la boue, éteint.
Mon sac par contre, est toujours là et semble en bon état.

Au tour de moi, rien ne bouge, rien ne vit.

Mon corps est toujours allongé. Je ferme les yeux un moment et tâte ma poitrine, la douleur relance.

Je détends mes jambes, je me redresse tout doucement, je m'appuie sur mes genoux.

J'ai envie d'être chez moi.

Je fais abstraction de mon maux de tête. Il faut absolument que je rentre à la maison. Il faut que je retrouve le chemin.

Je réussi tant bien que mal à me relever et là je tourne au coin d'une rue et je commence à courir, bêtement, au cas où.

J'ai couru jusqu'à ne plus avoir de souffle.
Je me suis arrêtée au bout de 25 minutes, je suis perdue, je ne sais pas si je suis sortie de la ville. Il fait maintenant nuit.

Je m'appuie contre un mur, je respire difficilement, je vois que le mur en question a été vraiment éraflé. Quel choc aurait pu causer cette éraflure ? Pas le temps de philosopher.
Une crampe douloureuse se forme sous ma nuque. Je suis épuisée, je baisse la tête.
La peur m'envahit, je craque, je me met à pleurer.

Je relève la tête, les images d'hier commencent à se répercuter sur mon cerveau. Ma memoire commence à revenir, Je me souviens de ce que j'avais vu au milieu de la nuit dans la cuisine, de mon cris étouffé et puis de mon évanouissement.

Ça recommence. Non, je ne veux rien voir. Je refuse de voir cette image. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je ne comprends pas.
Pourquoi je vois des choses aussi atroces?
Je ferme les yeux de toutes mes forces refusant de regarder mais je sens une force plus forte que moi, qui me pousse à regarder.

je rouvre peu à peu les yeux, au loin je la vois, elle est là, elle était un peu indescriptible lorsque je me tenais près de la fenêtre de ma chambre à mon réveil, mais maintenant elle est beaucoup plus claire. Elle est bien en face de moi, cette pancarte immaculée de sang avec mon nom dessus qui avait attiré mon attention.

J'avance, mon coeur bat à tout rompre, je suis en train de suivre la pancarte, je vois une traînée de sang, sur la pancarte mon nom s'est dissoud, je continue à avancer et soudain un autre mot immaculé de sang apparaît : "ALPHA"

...

Enfermée (En Reécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant