III
Munich, juin 1932
Après avoir ramené cette magnifique jeune femme chez elle, j'étais retournée au quartier rouge.
Je venais beau de tomber amoureux, j'étais resté sur ma faim, et étant déjà sur les lieux, j'en ai profité pour satisfaire mes besoins.
J'en avait pris une, assez jolie, mais toute la nuit, je ne pouvais m'empêché de penser à la jeune femme de la ruelle.
Le matin même, je me sentais déjà mieux, mais fatigué. Il faut dire que je me suis surpassé ce soir-là, et cela m'auras d'ailleurs coûté assez cher, presque 50 marks, car cette pute faisait payer à l'heure ; mais après tout, ce n'est pas souvent qu'on se fait autant plaisir.
N'ayant rien à faire de ma journée, j'ai décidé de retourner à ce portail, devant lequel j'avais laissé cette jeune femme, pour la revoir et peut être lui parler. Nous avons ensuite passé la matinée ensemble, et je ne voulais qu'une chose, c'était la prendre. L'avoir rien que pour moi, la voir rire, parler, pleurer, sourire, et lui faire l'amour, tout simplement. Je n'avais jamais éprouvé ça pour une femme. C'était nouveau, et d'une certaine façon désagréable.
Je savais maintenant son nom, Nadia. Je dois avouer que j'ai déjà entendu de plus beau nom que celui-ci, mais il lui allait bien. Elle avait 19 ans, je lui en aurais donné 20, comme moi.
Je l'ai accompagnée faire son marché, et lui ai porté son sac sur le chemin du retour, car c'est ce que les hommes font.
Nous sommes désormais devant sa porte, et elle me propose gentiment de venir boire quelque chose à l'intérieur. J'hésite un petit instant avant d'accepter, de peur de ne pas pouvoir contrôler mes envies une fois chez elle. Mais après tout, si je suis revenu, c'est justement pour ça.
Elle me fait déposer le sac sur la table de sa cuisine tout en me faisant signe de m'assoir.
Je me décide pour une chaise, en face d'un buffet, qui me permettait de voir son salon et le couloir par lequel je venais de passer. J'étais étonné de la taille de cet appartement. Décidément les prostitués gagnent de mieux en mieux leur vie.
- Que voulez-vous boire ?
Je réfléchis quelques secondes à la réponse.
- De l'eau, si vous en avez.
- Oui, oui bien-sûre.
Elle semble étonnée par mon choix, je m'empresse de me justifier.
- J'évite les boisson alcoolisées ou sucrées. Un militaire ce doit d'être aux meilleures de ses performances, et cela commence par une alimentation irréprochable.
- Je comprends.
On me dit souvent, à la caserne, que c'est le numéro classique pour toutes les faire craquer. Ils ont peut-être raison, mais personnellement c'est ce que je pense vraiment, qu'il est une femme en jeu ou pas.
Nadia et moi avons continuer à parler, deux heures au moins, autour de verres d'eau. Rien à manger, car non seulement elle ne sait rien cuisiner, c'est ce qu'elle m'a dit, mais aussi car les rations alimentaires sont limitées en cette période de guerre civile. Malgré ce confort relativement minime, je me sens particulièrement bien ici. En opposition à l'état de la bâtisse et des rues alentour, l'intérieur est propre et une légère odeur de coton flotte dans l'air. Elle me propose de venir nous mettre au salon, nous y serons mieux. Je la suis et viens m'assoir sur un canapé. Il a l'air neuf, c'est étonnant, on ne trouve plus de meuble à vendre en ville. Elle se fait un thé et vient me rejoindre et se met à ma gauche. Pendant qu'elle souffle sur le contenu de sa tasse, trop chaud pour elle, j'en profite pour la regarder.
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L'étoile ou la croix
RomanceMoi, Philip Hartmann, je suis tombé amoureux de la plus belle femme que je n'ai jamais connu. Moi, Nadia Zehava, je suis tombée amoureuse d'un monstre. Le Nazi et la Juive