Une rencontre d'été [girlxgirl]

Partie 9

La nuit suivante je ne ne cesse de pleurer en pensant à ce que j'ai fait. J'ai du mal à me reconnaître et à imaginer que j'ai pu faire une chose pareille. Pourtant cette femme que je convoite autant ne m'a pas giflé ou même repoussé, au contraire. Elle m'a embrassé fougueusement avant de me rejeter. Ces derniers instants me hantent. Je me demande encore si elle pensait les mots qu'elle a prononcé et ce qu'ils veulent dire réellement. Je me perds dans mes propres pensées. Le matin je peine à me lever. Je n'ai pas faim mais je me force tout de même à avaler une tartine de beurre. La journée sera longue et il me faut des forces. Un quart d'heure avant de partir, la sonnette se fait entendre. C'est Yaëlle qui vient me chercher. J'ouvre la porte et retourne directement à la cuisine, suivie bien sûr de ma tigresse adorée. Malgré le temps, elle ne comprend toujours pas que je suis capable de trouver le chemin de la fac toute seule.

Comme je n'ai pas envie de faire la conversation, je ne me force pas à parler. Sauf que, comme d'habitude et fidèle à elle-même, Yaëlle a des choses à dire et ne compte pas se gêner. « Allez ne fais pas la tête. Ne m'en veux pas. C'était pour ton bien. Et je ne pouvais pas imaginer que ça se terminerait comme ça. Je n'ai même pas compris ce qu'il s'est passé. Personne n'a compris d'ailleurs. » Je continue à vaquer à mes occupations. Yaëlle me suit des yeux. Je reste silencieuse bien que j'ai des questions à lui poser. Mais pour l'instant je préfère la laisser mijoter un peu.
« Allez quoi, fais pas la tête.
- Je ne fais pas la tête.
- A peine !
- Tu savais qu'elle serait là ?
- Évidemment. C'est moi qui l'ai invité.
- Yaëlle !
- Il fallait bien que tu l'affrontes. En plus quand je suis rentrée elle m'a téléphoné pour m'engueuler. Elle t'a évité une corvée. N'empêche elle crie moins fort que toi.
- Estime-toi heureuse alors.
- Bon alors, tu m'expliques. Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Eh bien tout ce dont je me rappelle c'est de l'avoir entraîné dans une rue et de l'avoir embrassé.
- Sans rire ?
- Attends, c'est pas fini. Après elle m'a embrassé aussi.
- Sérieusement ?
- Avant de me jeter.
- Ah. Qu'est-ce que tu comptes faire alors ?
- Rien du tout. De toute façon c'est fichu.
- C'est pas mon avis. »

Yaëlle sait délier la langue des gens récalcitrants. Elle y arrive sans effort. Cette fille me surprendra toujours.
« Bon. Si je suis venue c'est pour te proposer quelque chose.
- Encore ? Tu vas me faire quoi cette fois ? M'enfermer de force dans une maison de repos ?
- Non non, mieux que ça. J'organise une petite réunion chez moi ce soir avec les copains. Histoire de se retrouver et de papoter un peu, loin du stress de la fac. Je voulais te proposer de venir.
- Il y aura qui à cette petite soirée ?
- Mon ami Stéphane, que tu as rencontré la dernière fois. Et puis Flo, Nico et Mag.
- Mag ? Tu as réussi à lui faire promettre qu'elle viendrait ?
- Un peu mon neveu !
- Fort. Elle qui ne sort jamais de son trou et qui a toujours le nez dans les bouquins. Et est-ce qu'il y aura...
- Non, ne t'inquiète pas pour ça.
- Elle aimerait bien mais elle a trop de boulot pour pouvoir venir.
- Oui c'est ça. C'est exactement ce qu'elle m'a dit. Comment tu le sais ?
- Je la connais bien.
- Alors ?
- Alors OK. Tant que tu ne me forces pas à participer à une orgie.
- Ah mince. J'avais un plan pour ça... Ne me regarde pas comme ça. Je plaisante bien sûr. »

Nous avons à peine passé la porte que je regrette déjà d'avoir accepté sa proposition. Mais qui sait ? On ne peut jamais savoir à l'avance. La journée se passe sans trop d'encombres, entre le travail, les professeurs tyranniques et la perspective des examens qui approchent omniprésent. Au final elle nous parait longue et exténuante. Et l'idée de Yaëlle nous semble arrivée à point nommé. Tout le monde a besoin de se détendre et de se vider l'esprit. Le dernier cours terminé et la délivrance enfin sonnée, nous nous retrouvons chez Yaëlle. Apéritifs, petits fours, amuses-gueules, il ne manque rien. Elle a pensé à tout. Même la décoration est colorée et l'atmosphère divinement parfumée. L'ambiance est parfaite. Heureusement qu'elle vit seule sinon ses colocataires auraient de quoi râler. Comme prévu nous sommes cinq. Son ami Stéphane doit encore arrivé mais Yaëlle nous a prévenu qu'il serait là plus tard. Ça fait du bien de se retrouver tous ensemble en dehors des études. Nous pouvons souffler et décompresser un maximum. Notre hôtesse a superbement bien fait les choses.