Elijah est le chanteur le plus méprisé dans le milieu du showbiz, et à raison. Il est tout autant haï par ses paires que idolâtré par ses fanes.
Patch est son univers, la musique sa drogue, le sexe sa passion et le sport son défouloir.
Mais...
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- Do you hear me ? je demande en plaquant mes poings sur mes hanches d'un air sévère.
Le chiot lève des yeux apitoyés sur moi, une balle plus grosse que sa tête coincé entre ses babines. Ce qui paraît improbable, étant donné que le chiot en question se trouve être un bouledogue anglais plus rond qu'un tonneau. J'ai d'ores et déjà prévenu les propriétaires que "nourrir convenablement un chiot" ne signifie pas "gaver ledit chiot comme une dinde pour Thankgiving". Je leur ai aussi dit qu'une obésité si jeune risquait d'encourager une prépondérance à l'embonpoint plus tard. Enfin, j'ai pas utilisé des mots si compliqués, étant donné que je ne connais pas le vocabulaire anglophone nécessaire pour une telle explication. Mais après avoir répété plusieurs fois "too big : bad!", je suppose qu'ils ont fini par comprendre.
Enfin, je l'espère, sinon ce bouledogue ressemblera plus à un cochon qu'à un chien une fois adulte.
- Give me, please ? je tente à nouveau en agitant mon autre balle sous son nez. Tu vois comme elle est jolie ? Tu veux la baballe ? Do you want ? Give me your, i give mine, ok ?
Les yeux tombant du chiot me regardent d'en dessous, l'air de dire "je flaire l'embrouille ma poule, tu m'auras pas ! Ma balle est mieux, je la garde, va voir ailleurs si j'y suis". D'autant plus qu'il a l'arrière train bien encré sur la pelouse, et qu'il n'a pas l'air de vouloir le lever.
Je pousse un gros soupir et roule des yeux avant de glisser mes doigts dans sa bouche en répétant " donne, give, donne, give ! Alleer, come on ! ". Le chiot fini par ouvrir la bouche, visiblement agacé de se faire chatouiller les babines, et je lui tend aussitôt ma balle en hurlant presque de joie :
- Yeaaaaaah ! Good boy, Magnum ! Good boy ! Who's the best ?
Sauf que mon super chiot lève enfin ses grosses fesses beige et me tourne le dos subitement en ignorant ostensiblement ma seconde balle avec laquelle je comptais faire l'échange.
Je me redresse en gonflant les joues. Les passants me regardent un peu de travers, mais faut dire que je les comprends : je dois avoir l'air d'une débile à parler le "franglais" à un chiot qui n'en a rien à carrer de ma tête. L'intéressé court maintenant après ma chienne qui tente de le fuir, la queue entre les jambes. Ça fait une semaine que je promène Magnum, mais ma chienne ne s'habitue toujours pas à cette énorme boule de poil au museau écrasé. Je crois qu'elle a pas encore réalisé qu'il fait partie de la même espèce animale qu'elle. Elle doit certainement le confondre avec un bébé cochon. Non pas que ma chienne ait déjà rencontré des cochon, mais...
Jenna vient de pousser un jappement scandalisé en se retournant, tout crocs dehors, sur la bestiole qui lui court après. Ce stupide chiot a osé lui mordre les mollets, la sale bête !
- Vas-y Jenna ! Montre lui qui est la maman ! je cris.
Sauf que Jenna repart en courant, cette fois-ci pour se cacher derrière mes jambes.
