Elijah est le chanteur le plus méprisé dans le milieu du showbiz, et à raison. Il est tout autant haï par ses paires que idolâtré par ses fanes.
Patch est son univers, la musique sa drogue, le sexe sa passion et le sport son défouloir.
Mais...
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Vous avez déjà vécu des situations totalement surréaliste où vous vous demandez où est la caméra cachée ?
En cet instant, je me demande si je n'ai pas échangé mon corps avec celui d'une macabée. Raide comme un bâton de réglisse sur mon canapé, je le trouve très franchement aussi confortable qu'un banc couvert d'échardes. Ma mâchoire reste étroitement verrouillée pour y enfermer ma langue afin qu'elle évite de me jouer des tours. En face de moi, le manager de l'une des premières star mondiale - paraissant aussi à l'aise que moi- est installé sur une chaise qu'il tente de toucher le moins possible avec son fessier. Il a beaucoup hésité avant d'y poser son arrière train de petit prince, d'ailleurs, à croire que j'ai vomi dessus avant de la lui proposer. Pourtant, quant bien même il s'avère être un invité irritant et insultant, ce n'est pas lui qui me fait cet effet de chambre froide. Non, celui qui me laisse sans voix et me donne l'impression d'être entrée dans la Maison Blanche en pyjama rose, c'est le fameux chanteur international, qui déambule librement dans mon appartement avec l'air de se trouver dans un musée, observant tous les objets qui encombrent les lieux avec un intérêt surprenant. En tout cas c'est l'impression qu'il dégage, puisque ses lunettes de starlette Ray Ban me masquent son regard et donc une majorité de son expression. Est-ce seulement lui, la grande star mondiale ? C'est peut-être un petit jeune que le manager a engagé pour se faire passer pour lui ? Je cligne des paupières comme une chouette lorsque l'immense vedette se penche subitement devant ma figurine de la belle et le clochard. Il la touche, presque craintivement, et il m'apparaît soudain si ridicule, que ma langue se délie brusquement :
- Attention, Tramp* mord, dis-je mi-figue mi-raisin en me rappelant à la dernière seconde de m'exprimer en anglais.
Et là, contre toute attente, Elijah sursaute et se redresse vivement en se tournant vers moi. Je reste interdite une seconde avant d'éclater de rire en voyant la mine effarée qu'il affiche, pris sur le fait de sa réaction disproportionnée. Son manager lui vient en aide en s'éclaircissant la gorge, et je ravale mon hilarité nerveuse en réalisant avec soulagement que ma blague est parvenue à détendre mes muscles. Juste les miens, car les deux autres hommes présents sous mon toit semblent encore constipés. L'un semble aussi confortablement installé qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, et l'autre aussi enthousiaste que si on venait de lui annoncer qu'il allait passer ses vacances à dormir sur mon plancher. Vacances. Les stars ont-ils seulement des vacances ?
- Mademoiselle, peut-on en revenir aux conditions je vous prie ? marmonne-t-il en repoussant avec une grimace la petite furie appelée Juno qui essaie de grimper sur ses genoux depuis deux minutes, bavant copieusement sur son beau pantalon de costume.
Je me retiens de rire à nouveau et ordonne à Juno de venir se coucher à mes pieds ; ce qu'elle fini par faire de mauvaise foi, oreilles et queue basses. Pauvre bête, ses marques d'affections n'ont pas été reçues à leur juste valeur.