Elijah est le chanteur le plus méprisé dans le milieu du showbiz, et à raison. Il est tout autant haï par ses paires que idolâtré par ses fanes.
Patch est son univers, la musique sa drogue, le sexe sa passion et le sport son défouloir.
Mais...
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La matinée s'éternise ; j'en ai ras-le-cul au bout de trente minutes. Au début c'est presque marrant, puisque les gars et moi on trouve toujours matière à se bidonner, mais très vite ça devient lassant. Déjà, tout est pas prêt quand on arrive. Ses fichus français sont toujours à la bourre, toujours paniqué : à croire qu'ils aiment bosses sous le joug du stress. Alors on se fou de la gueule de l'équipe de production supposée filmer notre échange avec la journaliste, tout en nous goinfrant de ces délicieux croissant et pains au chocolat - sans rire, pour le retour en Amérique, je repars avec une de leur fameuse boulangerie. Et puis arrive l'heure de passer sous la caméra pour subir l'affreux interrogatoire de cette pimbêche si surchargée de maquillage qu'elle en devient presque hideuse. En d'autres circonstances, je suis certain que ce doit être une nana très... convenable, on va dire, mais là : elle se transforme en bouffonne qui rit à chacune de nos phrases, même quand c'est pas drôle. Je sais même pas si elle parle anglais, puisque pour la caméra elle est obligée de parler en français. Un autre débile de journaliste est à côté d'elle et traduit ce qu'on dit tout en nous posant des questions à son tour. A eux d'eux, ils me vident de mon énergie.
Le plateau de tournage est, en prime, terriblement inconfortable. Plutôt que nous installer dans un canapé, on est assis comme des cons sur des chaises, à une table ronde bidon qui semble être en plastique. Si je donne un coup dedans, j'suis sûre qu'elle se brise. Bref : une mâtinée merdique qui promet de ne pas vouloir prendre fin, étant donné qu'après ça, rebelote pour le même cinéma mais pour une fichue chaîne française. Et ensuite - ou avant, je sais déjà plus - on a une séance photo. A moins que ce soit demain.
Contrairement à moi, mes bro* s'éclatent durant les interviews, sauf peut-être Sean qui est pas causant. Moi, ça me fait juste chier, même si j'avoue bien me marrer parfois. Mais jamais tout seul.
- Comme beaucoup de personnes qui vous suivent sur les réseaux sociaux, nous avons remarqué que votre chienne - du nom de "Patch", si je ne m'abuse ? - avait été égarée, me demande la journaliste. C'est exact ?
Le gars à sa gauche traduit ce qu'elle vient de dire, et je décoche un regard meurtrier à la gonzesse qui a osé parlé de la pire situation qui me soit arrivée ces derniers temps. Elle déglutie, baisse un instant les yeux mais ne se départi pas de son sourire.
- Ouais, je finis par répondre.
- Mais vous l'avez retrouvé ?
- Ouais.
- Et peut-on savoir comment c'est arrivé ?
William, le plus à l'aise devant la caméra de nous tous, se met à rire.
- Une jolie française l'a trouvé.
- Oh, pouvez-vous nous en dire plus sur cette française ? répond la nana, avide, traduite par son collègue.