Anges démoniaques

Retrouvaille

_Tu as l'air de bonne humeur, c'est rare, ça!

_La ferme, Shinoa! S'exclama Yû en souriant malgré tout. Je suis tout le temps de bonne humeur.

La jolie adolescente aux cheveux violets lui rendit son sourire, puis lui fit une grimace.

_Non, d'habitude, tu es ronchon... continua t-elle en lui tirant la langue. Pourquoi ce regain de bonheur?

Yû s'apprêta à lui répondre qu'il n'y avait aucune raison, mais elle lui coupa la parole:

_Ne me dis rien! Enchaîna t-elle en lui lançant un regard amusé. Serait-ce grâce à la «résurrection» du membre de ta famille? Que c'est mignon!

_L-La ferme! Rougit Yû en détournant le regard. Ça ne te regarde définitivement pas.

_Oh que si... intervient une voix grave et chaude. Nous sommes ta famille. Donc, cela nous concerne tous.

Glenn venait de rentrer dans la chambre qu'occupait Yû depuis qu'il était sortit de l'hôpital, accompagné des autres membres de la brigade Gekki. Le soleil de midi éclaira la pièce, et la peinture jaune des murs éblouit les yeux de Yû, encore un peu fatigué. Après tout, il venait de se lever en sursaut à cause de Shinoa. Et il n'avait pas très bien dormis, car il attendait la lettre de Mika. Mais il était prêt à tous les sacrifices pour pouvoir lui parler. Yû soupira longuement, et s'assit dans le sofa rudimentaire de sa chambre, sentant que la conversation allait être longue. Il grimaça de douleur lorsque son dos heurta le dossier du canapé, se rappelant ses blessures, et observa ses amis, et camarades. Mitsuba, la blonde, affichait un air gêné en voyant les quelques bandages de Yû, le long de son torse. Yoiichi souriait à pleine dent et rigolait avec Kimizuki. Glenn, lui, s'assit sur un fauteuil, la main dans ses cheveux, l'air pensif.

_Yû... Comment vas-tu? Tu as voulu changer de chambre, et revenir dans ton dortoir d'origine, mais je reste contre cette idée. Tu es encore faible. Si jamais il t'arrivait quelque chose, tu seras trop loin de l'hôpital, et...

_Ne t'en fais pas pour moi, Glenn, sourit-il en voyant l'inquiétude que lui portait son ami. Je suis bien plus résistant que j'en ai l'air!

_Oui, écoute ce que dit cet idiot! Confirma Shinoa en tapotant la tête de l'idiot en question. C'est un coriace.

_Le plus idiot des idiots! S'exclama Kimizuki en abordant un sourire moqueur.

_Toi...!

Ils éclatèrent de rire, et c'est dans cette ambiance que s'écoula l'après-midi. Finalement, ils commencèrent à tous partir, et Yû se retrouva enfin seul. Il ne pouvait pas leur dire qu'il parlait avec Mika. Ni même qu'il avait changé de chambre afin que ses mouvements soient plus libre, et qu'il puisse rejoindre son ami vampire à la gare souterraine. Il avait confiance en eux, mais... Il devait garder tout cela secret. Il regarda sa montre: 21h30. Il allait devoir y aller. Yû enfila rapidement son uniforme, accrocha son épée Ashuramaru à sa ceinture, ferma la porte de sa chambre, et disparu sans un bruit dans les sombres couloirs du pensionnat, où se trouvaient ses amis. Dehors, un froid glaciale le força à resserrer un peu le col de sa veste contre lui, et Yû s'enfonça dans cette nuit mystique , éclairée par les éclats de lune. Pas un bruit, pas un mouvement, rien, à part le léger bruit du vent. Les secondes se faisaient minutes, et c'est au bout d'une infime infinité de solitude qu'il atteignit sa destination. L'endroit était désert. Yû scruta les lieux, ne distinguant pas de menace particulière, et finit par s'asseoir sur un banc. Il ressentait au fond de lui de l'excitation et de l'appréhension. Après tout, les circonstances étaient plutôt étranges. Ce n'était pas le temps de guerre. C'était un rendez-vous. Entres amis. Comme cela existait tant avant l'apocalypse. Il n'avait jamais vécu lui même ce genre de réunion entre copains, ayant toujours vécu dans ce monde semi-détruit. Mais, il savait qu'auparavant, c'était comme ça qu'on s'amusait avec ses amis. Et non en tuant des vampires, comme il le faisait maintenant avec sa brigade. Là, en ce même instant, il allait pouvoir voir à arme égale son plus vieil ami, sans qu'aucun obstacle puisse l'y en empêcher. Sans la barrière de leurs conditions respectives. Seulement, même si Yû arrivait facilement à oublier la vrai nature de Mika... Celui-ci arrivera t-il à vivre avec ce poids? Avec cette différence? Le jeune soldat soupira longuement, luttant contre cette impatience et inquiétude qui le gagnait. Où était-il? Qu'allait-il bien pouvoir lui dire? Allait-il seulement vraiment venir? N'était-ce pas un piège? Et si...