Epilogue

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Il neigeait. C'était la veille de Noël. Dans quelques minutes, il allait être minuit. Un groupe d'une vingtaine de survivants avaient fait un feu dans un supermarché abandonné, et échangeaient entre eux les quelques trouvailles de la journée. La chaleur ambiante était acceptable, permettant au moins de réchauffer les âmes, et le froid se faisait un peu oublier. Ils avaient de la chance. Aujourd'hui, ils allaient pouvoir manger une vrai poule, et marquer ainsi le coup. Après tout, c'était noël. Un homme d'une cinquantaine d'année, le visage fermé, les épaules voûtées, et le teint vitreux, regardait les flammes devant lui. On se doutait que, dans sa jeunesse, il avait du être un charmant jeune homme. Encore aujourd'hui, ses yeux clairs témoignaient de son ancienne beauté, comme une cicatrice du vestige de son passé. Il était respecté de tous, étant le seul capable de protéger le petit groupe des cavaliers de l'apocalypse qui traînaient dans la ville. Mais il restait très mystérieux, combien même il était le fondateur de ce groupe hors du commun.

_Eh! Le vieux! Raconte-nous une histoire!

_Le vieux? Feignit de s'énerver l'intéressé. On ne manque pas de respect à ses aînés!

_Mais, dit une petite fille, toute sale, avec de longues nattes dans les cheveux, tu n'es pas aussi jeune que nous...! Tu as qu'elle age, déjà?

_J'ai seulement 54 ans, les petits monstres!

Les enfants rigolèrent, et quelques parents affichèrent un fin sourire.

_Allez, s'il te plaît, tonton Glenn, raconte-nous...!

Glenn soupira, et finit par prendre la petite fillette, et la poser sur ses genoux.

_Je ne suis pas votre oncle! S'exclama t-il en abordant un léger sourire, et en émoustillant les cheveux de la gamine. Mais c'est d'accord. Venez ici. Vous n'avez pas peur des histoire d'horreur, rassurez-moi?

_Non! S'écrièrent les enfants à l'unisson.

_Bien.

Cela faisait maintenant 30 ans que les événements de l'attaque de Sanguinem étaient passés. Une histoire qui aura marqué à jamais l'armée démoniaque du japon. Depuis ce jour, Glenn n'était plus le même. Il avait tout perdu. Il se demandait encore d'où lui venait sa force, et sa rage de vivre, maintenant que Shinya n'était plus là. Et pourtant, inlassablement, il se levait chaque matin, combatif, depuis ces trente dernières années. Bien sur, les premières semaines après son évasion avaient été dure. Il était seul, il devait survivre, même s'il ignorait pourquoi. Entre le froid, la mort les remords, le chagrin, le deuil, et les questions existentielle qu'il se posait, il a bien réussit à mourir mentalement plusieurs fois. C'était un jour comme celui-ci, glaciale et vide, qu'il avait rencontré le premier survivant. Lui aussi était seul. Alors, à deux, ils s'étaient réchauffés et entraidés. Glenn avait très vite comprit sa nouvelle vocation. Dès qu'il rencontrait quelqu'un, qu'il soit enfant, vieillard, adulte, seul ou en famille, il voulait le garder auprès de lui. Il voulait les protéger, et les sauver. Il voulait se sauver lui-même. L'ancien soldat devait aider les survivants, c'était là son acte de rédemption et de pardon. Alors, il avait crée ce groupe, et encore aujourd'hui, malgré le temps qui commençait à le rattraper, il sauvait les autres. Viendra un jour où il allait devoir leur apprendre à se débrouiller seuls, mais pour le moment, il était encore avec eux. Alors, jusqu'au bout, il défendra sa nouvelle famille. Après tout, il était le seul capable à manier une arme démoniaque. Quand il avait quitté Sanguinem, ce jour-là, il s'était décidé à ne plus jamais revenir à Shibuya, et à revenir dans l'armée. Il préférait agir dans l'ombre, et aider les rescapés. C'était son choix, son nouveau mode de vie.

Bien sur, il n'oubliait pas ses actes. Ils revenaient le hanter dans ses cauchemars, dans ses instants de détentes, dans son sommeil... Partout. Ils revenaient comme pour lui dire de ne jamais oublier. C'était là la seule condition pour qu'il puisse vivre, après tout. Chaque cauchemars était différent, même si la plupart du temps, il s'agissait juste d'un même visage, celui de Shinya, qui, dénué de vie, le fixait. Et une voix; sa voix, qui lui disait qu'il aurait du mourir à sa place. Évidemment, il savait que jamais Shinya n'aurait pensé cela de lui. C'était sa propre conscience qui s'exprimait. Pas une journée ne passait sans qu'il ne pense un tant soit peu à Shinya, ou même à Yû. Surtout en cette veille de noël, où il se mettait à prier pour leur âme, espérant apaiser sa faute. Une faute incurable et impardonnable, une croix de péchés qu'il portait chaque jour sur son dos. Mais il vivait. Il tenait bon. Tel était son expiation.

Anges démoniaquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant