jus d'orange

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"Comme d'habitude ?" me demandait Justine, une jeune serveuse avec qui j'avais sympathisé à ses débuts ici, il y avait seulement six semaines.

D'un sourire radieux mais fatigué, j'approuvai ma commande, cette femme connaissant par cœur mes envies. D'un tour sur elle-même, claquant ses talons sur le parquet du bar, elle se dirigea vers le comptoir, tandis que, silencieux, je contemplais les clients, habituels ou non. Au cours des deux derniers mois, j'en avais vu, du peuple, mais aucun, à mon grand regret, n'avait éveillé en moi une curiosité sans limite.

Alors que je détaillais les nouveaux clients dans mes pensées, mon vert regard se posa sur une silhouette au manteau bleu marine. Les cheveux plaqués sous son bonnet rouge, l'homme ne parlait pas. Comme tous les jours, il se trouvait là, assis au fond de la salle, à l'écart de nous tous. Devant lui ne se tenait qu'un verre transparent où l'on pouvait voir la couleur orange du jus égayer son visage rongé par les émotions. Il avait ce sourire forcé, semblable à celui des anciennes poupées en porcelaine. Il ne semblait pas vieux, plus jeune que moi, mais pourtant, les traits de son visage contrastaient avec son âge.

"Il a tout juste trente ans. Et ça fait moins d'un mois qu'il fréquente mon petit bistrot. C'est un nouveau ici, par rapport à toi." m'avait dit sur un ton plaisantin Jean, le patron du petit bar alors que je sirotais mon petit café amer, au début de la semaine.

Au début, je ne l'avais pas remarqué. Il m'était indifférent, avec son bonnet rouge et son manteau bleu marine. Je le voyais comme un client parmi d'autres, insignifiant, triste de sa misérable vie, jamais content. Avec son bonnet en laine, il me faisait étrangement penser à d'autres personnes que j'ai rencontrées et détestées par le passé. Surtout que, le vêtement était dans le rayon femme, et non rayon homme. La couleur de son long manteau m'horripilait, je n'avais guère apprécié ce teint, sans vraie raison. Je ne connaissais rien de lui, pas même son prénom, mais, déjà, je lui avais collé un post-it sur le front, en jugeant seulement son aspect physique, celui du dépressif.

Note de l'auteur :
C'est une première pour moi d'écrire à l'imparfait et au passé simple. Donc, si vous avez des conseils, je suis preneuse !

En espérant que cette nouvelle va vous plaire, je vous souhaite une bonne lecture !

Bonnet RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant