un non manque

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Les jours passaient et la pluie s'installait au dessus de nos tètes. D'épais nuages gris devenaient semblables à des boules de coton. Les gouttes d'eau tombaient au sol, telles de jolies ballerines en tutu multicolore. Les enfants s'amusaient à sautiller dans les flaques, un large sourire aux lèvres. Ils riaient à gorge déployée et se délectaient de leur joviale activité.

Comme chaque jour, moi, j'étais assis au bar. Justine, toujours aussi joyeuse, se hâta de prendre la commande d'un nouveau client, avant de venir jusqu'à moi. La serviette sur son épaule droite, elle gratta cinq minutes de pause auprès de Jean et en profita pour venir me taper la conversation.

"On ne voit plus le nouveau. Tu y es pour quelque chose ?" demanda-t-elle en jouant avec une mèche de sa belle chevelure bouclée.

Innocemment, je buvai mon café amer et fis mine de ne pas savoir. Les yeux levés au plafond, je ne l'écoutai pas, seulement d'une seule oreille. Amusée par mon comportement silencieux, elle se releva et, les mains posées à plat sur les tables, me regarda droit dans les yeux.

"Vous êtes une charmante compagnie. Le café vous est offert." s'exclama-t-elle en me vouvoyant ce jour-là.

Je la laissai partir, sans lui prier de rester, ce que je ne souhaitais pas. La tasse sur la table, je réfléchissais. Il était vrai que depuis sa visite au pôle emploi, il n'est plus revenu. Je ne le croisais plus, ni même dans la rue, ni au bar.

À ce moment-là, je ne ressentais rien du tout, il ne me manquait point, pas même un petit peu.

Bonnet RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant