Le Jeu de Rôle

Chapitre 11

Ce couloir était si sombre. Nous n'avions comme seule lumière les quelques briquets de Jin, Aron, et d'autres hommes. Sûrement des hommes de main de Jin. Plus on avançait, plus la marche accélérait, et j'avais un peu de mal à suivre. Au bout d'un moment qui me parut long, nous nous arrêtâmes net. Jin éclaira de son briquet une échelle et déclara presque fière.

-C'est ici.

Il nous fit passer devant, Aron et moi, et nous intima.

-Cette trappe vous mènera à Bunker Hill, vous n'aurez plus qu'à traverser le désert d'Ignis. Et là vous tomberez sur Aragon. Il s'arrêta quelques secondes avant d'ajouter. Bonne chance.

Aron me laissa monter en première, et alors que j'ouvrais la trappe je l'aperçus en train d'achever une discussion avec son patron. Ce dernier lui tapa l'épaule tout en souriant de toutes ses dents, puis laissa Aron monter à l'échelle en me lançant un regard glaçant.

Une fois à l'extérieur, la vue sordide des vieux bunkers s'offrait à nous. Ce n'était pas que quelques petites boîtes d'acier. On aurait dit des galeries, un vrai labyrinthe vu de l'extérieur, presque un village. D'après ce que j'en savais, plus de la moitié de ces lieux n'a pas étaient fouillées du fait que la structure soit en majeure partie construite sous terre. Pour ce qui était de l'autre partie, celle qui demeurait visible à la surface de la Terre, des personnes l'avaient transformée en pseudo musée, en attrape touristes. Je me demandais ce que renfermaient ces bunkers...

-Tu penses que si l'on passe par les bunkers on passera plus vite le désert d'Ignis ? Demandais-je.

-Probablement... T'es sûr de vouloir passer par là ?

-Oui, mais toi t'as pas l'air serein, tu n'aurais pas un peu peur ? Le taquinais-je.

-Mais non, c'est juste que la structure pourrais ne plus être très sûre, c'est tout !

Je lâchais un petit rire puis soufflai.

-C'est ça.

Nous entrâmes dans les ruines de ces bêtes d'acier. Bien que nous étions en plein désert, une fois entrés dans l'un des bunkers, nous découvrîmes un air étrangement frais qui me fit frissonner. Je rattachai mes cheveux pour ne pas être gênée pendant cette « expédition » comme j'aimais l'appeler. J'allumai ma lampe torche que j'accrochai ensuite à mon t-shirt. Le faisceau clair de la lampe dévoila un couloir froid, parsemé de quelques fissures. Des bureaux, quelques chaises encore entières par là, des débris d'acier et de vieux câbles électriques par ci. Ces bunkers étaient les vestiges de l'avant guerre, ils représentaient quasiment tout ce qui nous restait de cette époque, hormis les débris de voitures qui se faisaient de plus en plus rares et les trains qui ont pu être restaurés. D'avant 2137. Sur ces pensées je ne pus m'empêcher d'arborer un air triste. Et, alors que j'étais perdue dans mes pensées, je sentis soudain le sol se dérober sous mes pieds. Aron eut à peine le temps de réagir, et moi le temps de crier, que j'heurtais déjà le sol. Je ressentis alors une douleur lancinante dans mes chevilles.

-Merde ! Jurai-je.

-Ça va ?

Je me relevais le plus vite possible malgré la douleur persistante qui me fit pousser quelques gémissements.

-C'est rien, juste les chevilles foulées. Répondis-je en serrant les dents.

Clother m'avait toujours dit de marcher tout de suite en ignorant la douleur si je me foulais une cheville. « Si tu tiens debout, c'est qu'il n'y a rien de grave. » m'avait il dit quand j'étais petite alors que je hurlais comme une bête. Je regardai autour de moi et constatant qu'il faisait complètement noir, sortis ma lampe de poche de mon sac. La lumière me révéla un couloir allant dans la même direction que celui que j'empreintais quelques mètres plus hauts. Je regardais le gouffre qui s'était ouvert quelques minutes plus tôt et aperçus la tête de mon camarade de voyage dépassant d'un des rebords.