Chapitre 7

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J'étais fin prête, j'allais vivre une expérience dont je ne fus même pas capable d'en identifier la nature. Mais je voulais savoir. Savoir ce qui se cache derrière ce jeu, qui finalement se rapproche plus d'une compétition où l'on jouerait notre vie pour gagner. Pour gagner quoi au juste ? Je supposais que l'on nous le dirait plus tard puisque se n'est que la première partie, la première épreuve.

Alors que je demeurais pensive, quelqu'un vînt me tirer de ma rêverie.

-Excuses moi ?

Je fus d'abord surprise, puis je me tournais vers mon interlocuteur. C'était Aron, si je ne me trompais pas.

-Qu'est ce qu'il y a ?

Il avait le regard perdu et hésitait presque à me répondre.

-En fait je pensais qu'on pourrait faire équipe, toi et moi, comme on doit chercher le même temple, je me disais que cela serait plus facile à deux... Non ?

Je restais un peu perplexe devant sa proposition. De plus je n'arrivais pas à déchiffrer son émotion et son expression sur le visage. C'était comme si d'une part il hésitait, comme timide, et que d'un autre côté, il demeurait nonchalant dans son intonation. Sans plus y réfléchir, les mots découlèrent de mes lèvres avant que je ne puisse les retenir.

-Pourquoi pas ?

« Qu'est ce que tu fous ! » Me crie ma conscience, mais pour je ne sais quelle raison je n'ai pas envie de me retrouver seule pour l'épreuve, et puis il est peut être gentil.

Clother arriva vers moi et me prit dans ces bras, faisant croire ainsi à tous ceux qui étaient en mesure de nous voir que l'on ne faisait que se dire en revoir.

-Fais comme si tu étais émeu de partir. Me conseilla mon mentor. Tandis que je feintais l'émotion, il reprit. Ne fais confiance à personne, je t'ai mis une carte d'Aras dans ta sacoche arrière, mais attend d'être hors de porter pour la sortir. Le temple du feu se trouve au centre du désert d'Ignis, elle t'aidera.

Il relâcha son étreinte, et avant que je ne puisse poser de questions, il murmura : « La confiance et comme une émeraude, rare, éclatante, et précieuse. » Sur ces mots il tapota doucement sur le cache œil fixé sur mon œil gauche, puis baissa les yeux sur mon pendentif avec une émeraude incrustée lourdement dans ce qui s'apparentait à un alliage de métaux foncés. Il repartit en s'allumant une clope et s'arrêta près d'une des barrière en fer qui entourées le site de départ. Il s'accouda à cette dernière et, après avoir soufflé un nuage de fumé blanc, me sourit d'un air assuré et rassurant, je le lui rendis avec un hochement de tête.

Aron me rejoignit sur la ligne de départ, et, en un coup de feu, le début de la « course » fut lancé. D'un signe de tête, j'invitai mon coéquipier à me suivre au pas de course, ce qu'il fit sans poser de question.

Nous avions couru le plus longtemps possible, toujours tout droit, sans nous arrêter, jusqu'à un champ. Avant d'entamer la traversé de celui-ci, nous décidâmes de faire une pose, pour faire l'inventaire de ce que nous possédions. Alors que je venais de lui citer tous ce que j'avais, il se mit à faire de même.

- Une boussole ; un sandwich ; deux petites gourdes ; un sac de couchage ; et ce sont tout.

-C'est tout ?!

-Oui, enfin je crois... Il fouilla ses poches. Ah non j'ai trois bonbons et quelques Curcy's.

Sa capacité à n'emporter que le strict minimum en terme de matériel, sans prévoir ce qu'il pourrait arriver, me laisse dubitative. Néanmoins, il avait pensait à prendre un sac de couchage contrairement à moi. Je vais devoir affronter la froideur de la nuit seule.

Mais j'y pense ! Je n'avais même pas pris de l'argent sur moi, j'aurai pu y penser... En même temps je n'aurai pas vraiment besoins de Curcy's, je suis une voleuse maintenant. Alors que j'étais en pleine réflexion sur ce que j'aurai pu oublier d'emmener, Aron se racla la gorge et interrompit mon conflit intérieur.

-Qu'est ce que ça fait d'être une bi élémentaire ? Qu'est ce qu'on ressent quand... on peut utiliser deux éléments ? Sa curiosité naïve était loin d'être la première à m'avoir rencontré. Ce genre de comportement avait tendance à m'agacer.

-Ne t'inquiètes pas, je suis une divinité, je reste humaine, pas besoin de se prosterner devant moi. Mon ton était si froid et distant que mon interlocuteur détourna le regard, un peu gêné.

-Je demandais ça juste comme ça. Sa voix avait un goût amer.

C'est avec une impression de froid que nous entamions notre traversé. Les herbes sont si hautes qu'elles m'arrivent au nombril. J'aimerai tellement pouvoir cramer entièrement ce champ pour ne pas avoir à me débarrasser sans cesse des bestioles qui s'accrochaient à mes vêtements, mes ce ne serai pas raisonnable. Ça se trouve, ces terres appartenaient à un paysan.

Arriva l'heure du déjeuner, que nous passions assis sur un rocher, se trouvant lui-même sur une route interminable. Je décidai d'économiser mes provisions en ne mangeant que deux sablés offerts par Mama, et deux chocolats que j'avais alors emmené avec moi à Nan'Day. Mon accompagnateur lui, ne se priva pas d'engloutir son casse croûte en entier. Qu'il ne vienne pas pleurer s'il crève de faim. Pensai je en rangeant mes affaires. Je tombai alors sur la carte que Clother m'avait glissée dans ma sacoche arrière, et découvris qu'il y avait aussi ajouté une vielle montre à gousset pouvant se porter autour du coup à l'aide d'une chaîne en argent. Il avait tout prévu. Je décidai alors de faire part de mes informations sur l'éventuelle position du temple à Aron, et avec sa boussole, nous partions vers le désert Ignis.

La nuit est tombée, nous avions marché pendant si longtemps que je ne pouvais m'empêcher d'ôter mes bottes pour vérifier l'état de mes pauvres pieds. Nous nous sommes arrêtés dans une sorte de sous-bois, perdu au milieu d'une plaine de roses et d'orties qui s'entremêlent avec harmonie. Les ravages des guerres passées n'ont pas totalement disparus, et mêlés à de la magie, cela peut donner des paysages assez surréalistes. Au milieu de ce sous-bois, se trouvait l'arbre dans lequel mon coéquipier et moi-même avions trouvé refuge pour la nuit.

Pendant le repas, j'avais remarqué quelques regards furtifs à mon égard de la part d'Aron, je n'aimais pas vraiment que l'on me fixe, ni que l'on me détaille. Je lui demandais.

-Qu'est ce qu'il y a ? J'essayais de ne pas avoir un ton trop sévère pour rester en bon terme avec lui.

-Je peux te poser une question ? Sa voix était presque enfantine.

-Ça dépend.

Il hésita quelques seconde puis se lança.

-Hum... Pourquoi est-ce que tu portes un cache œil ? Tu as eu un accident ?

Je ne le savais pas vraiment moi-même... Enfin si je sais pourquoi il ne faut surtout pas que je le retire, mais je ne sais pas pourquoi il n'y a que moi qui ai ce « problème ». Que lui répondre ?

-Oui... En fait, j'ai eu un accident chez moi... J'ai... eu un énorme bout de verre enfoncé dans mon œil, et... c'était irrécupérable... alors maintenant je dois porter un cache œil en permanence.

J'espère que c'est crédible.

-Ah, d'accord, je vois. Ça ne doit pas être facile tous les jours.

-On s'y fait.

Je bus une gorgé d'eau, puis refermai ma fidèle gourde, tout observant les traits de son visage faiblement éclairé par le clair de lune. Je sentis une petite vague de soulagement me submerger lorsque j'eus constaté qu'il avait cru à mon piètre mensonge.

Je décidai d'aller me coucher, et je choisis une branche pas trop haute, et plutôt large m'y installer. Après avoir accroché mon ceinturon sur l'une des branches perchées au dessus de moi, je m'allongeai et songeai sérieusement à me trouver une sacoche à bandoulière ou un sac à dos, ce n'est pas très pratique de tout porter au tour de la taille...

La nuit n'était pas très fraîche, et heureusement pour moi. Je n'aurai pas tenu une nuit à cinq degrés en t-shirt. Et je ne sentais presque aucune brise, ou peut être était-ce le mentaux de feuilles qui me protégeait. Quoi qu'il en soit, cette nuit était douce.

Le Jeu de RôleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant