chapitre 1

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J'ouvre les yeux quand je sens un bras qui m'encercle, provoquant en moi une sensation d'étouffement. Je grimace et repousse ce bras plus loin. J'entends un grognement venant du propriétaire de ce bras, mon compagnon : Gale Hawthorne, avec qui je sors depuis maintenant deux ans et avec qui je vis depuis six mois.

_ Katniss..., me supplie-t-il de sa voix ensommeillée.

Je soupire en me redressant.

_ Gale, je fais agacée, tu sais bien que je suis pressée le matin.

Il se relève à son tour, bien réveillé lui aussi maintenant. Il essaie de m'attirer à lui mais je me dérobe d'un coup d'épaule.

_ Tu as pas dit que tu allais le vendre ce restaurant ? Ils nous causent plus de torts qu'il nous rapporte !

Je lève les yeux en essayant de chasser l'agacement qui me gagne.

_ On en a déjà discuté, je l'interromps.

Pour clore le sujet, je me lève tout à fait et vais m'enfermer dans la salle de bains. Je m'appuie contre le battant et me mords la lèvre en tapant doucement ma tête sur le bois. Depuis le décès de mon père, il y a deux ans, tout est tellement plus compliqué. J'expire un bon coup et vais ouvrir en grand les fenêtres pour emplir mes poumons de cet air salé si particulier à Cape Cod. J'entends les mouettes qui crient au-dessus du jardin et la mer qui roule sur les rochers.

Je ferme les yeux en me rappelant notre arrivée ici, à ma famille et moi il y a de cela une dizaine d'années. Encore adolescente, j 'avais haï mes parents de me forcer à vivre ici, loin de mes arbres et de mes montagnes adorées. Mon père venait de reprendre un restaurant en bord de mer, il en rêvait depuis sa plus tendre enfance. A force de courage et de pugnacité, il a réussi à en faire un lieu de rendez-vous des gens du coin : pas un piège à touristes mais un restaurant familial. Nous nous sommes donc installés, ma mère, ma sœur Prim encore une toute petite fille, mon père et moi à l'étage de l'établissement. Bon gré, mal gré, j'ai fini par m'y habitué à cette environnement maritime et même commencé à l'apprécier. Certes ce n'était pas les montagnes de mon enfance mais la mer et la nature qui lui correspondait n'était pas si mal que ça ! Malheureusement, il y a deux ans, mon père a succombé à un infarctus, laissant le restaurant à ma mère. Las, tombant dans une profonde dépression, elle n'a jamais réussi à maintenir le restaurant et nous sommes tombés au bord de la faillite. Ne voulant pas voir le rêve de mon père disparaître, j'ai donc arrêté mes études de droit, quitté l'université et décidé d'en reprendre les rênes il y a quelques mois de cela. Ma mère, ne supportant plus de vivre au-dessus du restaurant plein de souvenirs, a décidé de déménager, je ne l'ai pas retenu. Prim l'a suivi mais a tenu à venir m'aider les vacances ou de temps en temps le week-end. Et je dois reconnaître qu'elle n'est pas de trop...

Après m'être secouer un peu et avoir pris une douche pour remettre mes idées en place, je décide d'aller prendre mon petit déjeuner dans la cuisine. Et comme je l'espérais, je tombe sur Sae Boui-Boui, notre cuisinière, afférée comme tous les matins à préparer le menu. C'est un peu ma deuxième maman, elle était déjà là quand mon père avait repris le restaurant et est gentiment restée à la mort de celui-ci alors que ce devait être sa dernière année avant une retraite bien méritée, s'inquiétant pour Prim et moi et pour l'avenir de ce restaurant qu'elle avait toujours connu. Elle est un peu bourrue, malgré tout, elle cuisine comme personne. Avant l'arrivée de Papa, ne s'entendant pas vraiment avec l'ancien propriétaire, elle ne faisait donc que le strict minimum mais avec mon père, tout a changé et sa cuisine est devenue renommée dans toute la région. Avec ma mère, tout est redevenu compliquer et notre réputation s'est gâtéee. Malheureusement, la semaine dernière, elle a fait un petit malaise et je me sens coupable de l'empêcher de profiter d'un repos bien mérité. C'est décidé, je vais chercher un nouveau cuisinier...

THE AFFAIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant