Chapitre 11 : Time Out

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Ainsi, Galavan montait, incontestablement. Il allait surpasser toutes les puissances de la ville, sans que Gotham ne s'aperçoive de sa tromperie. Cette ville regretterait bientôt les méchants, lorsqu'elle verrait le véritable visage de son héros.

Jérôme avait raison, seuls les monstres ne sont reconnus par cette société. Elle voyait son ancien protecteur se pavaner avec une modestie feinte devant les télévisions de toute la ville. Et tous croyaient en ses paroles travesties. L'admirer était tout à fait légitime. Et même si Annie l'avait quitté, Galavan restait un excellent mentor, aux ressources inconsidérées.

Selon les dires de Cat, Sarah Essen avait été remplacée par un homme, et il semblait que l'inspecteur Gordon commençait à se méfier de Galavan. Si Gordon s'en mêlait, l'imposteur serait rapidement démasqué.

- Pingouin à envoyé Butch pour surveiller Galavan, lui apprit Cat.

La féline gardait désormais ses distances avec Annie, connaissant les risques qu'elle prenait en braquant les commerces. Elle finirait par se faire arrêter, mais elle ne semblait pas s'en soucier, ou alors elle cachait parfaitement ses inquiétudes. Aussi, le changement de personnalité qu'avait subit Annie en quelques temps la rendait instable et peu fiable.

- Il va retrouver sa mère par tous les moyens, et il finira par tuer Galavan.

- J'espère que ce sera vite fait. J'ai hâte de voir la déception nourrir cette ville pendant un bout de temps.

Cat ne répondit pas, c'était inutile. Annie haïssait Gotham. Elle avait hérité de la passion pour le chaos. Ce qui était incroyable c'était de voir ce qu'était devenue Annie. Elle avait grandit, et ne cessait pas de continuer. Elle était passée de gamine maladroite et effrayée à l'une des personnalités les plus crainte de la ville, titre bien peu honorable, mais dans lequel elle se complaisait. Et en tant que complice de Jérôme Valeska, l'inspecteur Gordon ne cesserait de la chercher.

C'est pour cela que la jeune Annie se préoccupait de son départ prochain. Elle ne pouvait plus rester au même endroit, se sachant surveillée.

À chaque nouveau jour, elle prenait son sac à dos, et partait, peu importe où. Il fallait qu'elle reste dissimulée, par n'importe quoi. Son ombre même ferait l'affaire. Elle vagabondait, tout en sentant la ville en pleine effervescence. Elle la voyait bouger d'une autre manière, avec plus de précipitation qu'à l'usuel. Elle sentait les rues encore moins sûres que ce qu'elle avait connu. Les dires de Cat semblaient se confirmer : encore une fois, les puissances de Gotham se fracasseraient les unes contre les autres. Aucun ne pouvait échapper à ce mouvement de vie qu'était celui de Gotham. Pas même les fous. Tous étaient égaux sur ce point de vue.

Son errance lui avait fait prendre connaissance de la moitié de la ville par cœur. Mais voilà qu'un soir, elle aperçu de la lumière se dégager d'un sous sol. Des gens entraient, bien peu en sortaient. Une légère musique en sortait, rythmée, violente.

Annie entrait dans le club underground dont le rythme des sons lancinants lui traversait le corps. Les mains sur les sangles de son sac à dos, elle fut assourdie par la musique, et la tête lui tournait en même temps que tous ceux qui dansaient autour d'elle, vénérant une chose qu'elle ne saisissait pas. Au bout de tous ces corps, elle vit une femme chanter dans son micro, sans se fatiguer, faisant balancer son corps. En forçant sur ses yeux pour se concentrer sur ce qui était autour d'elle et en essayant d'ignorer cette insupportable lumière mouvante qui lui blessait les yeux, elle remarqua des gens portant des vêtements qui ressemblaient à ceux que portaient Jérôme et ses acolytes lorsqu'ils l'avaient prise avec eux.

Elle comprit alors. Ces gens-là étaient des partisans du chaos, séduis comme elle par les paroles de Jérôme. Elle jeta une nouvelle fois son regard sur la scène et vit défiler derrière la chanteuse des images de Jérôme et des Maniax. Petit à petit, les mouvements autour d'elle cessèrent, et les regards la fixèrent. Elle observait ces hommes et ces femmes en sursit, pendant que les danseurs chuchotaient en faisant d'infimes gestes pour la désigner. Même la voix de la chanteuse diminuait d'intensité. Une image d'elle derrière Jérôme apparut, comme une révélation soudaine qui l'aveugla. Elle tournait lentement sur elle même, en s'enfonçant dans la foule pour tous les voir. Le monde entier s'était arrêté.

Le Temps de la Nuit (Jerome Valeska) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant