Freyja attend. Allongée dans son lit, elle patiente, les mains doucement repliées contre son ventre, les yeux rivés vers l'extérieur. Elle attend l'aube. Lorsque le soleil apparaîtra à l'horizon et que ses rayons encore rouge traverseront sa fenêtre, elle se rendra au rendez-vous que lui a donné sa prétendue mère. Freyja sent son cœur accéléré. Tu trahis les autres en faisant ça. Tu les trahis tous. Elle ferme les yeux. Elle n'a pas le choix. Elle doit y aller. Alors elle attend, des heures durant.
Jusqu'à ce que finalement, ce soit le moment tant attendu. Le pas lourd, elle sort du lit, se passant une main dans les cheveux. Il n'y a pas un bruit dans la maison. La jeune femme se mordille la lèvre. Elle ne veut pas courir le risque d'être rattraper par un des hommes alors, une fois le manteau et les bottes enfilées, elle passe précautionneusement ses jambes par la fenêtre, en faisant le moins de bruit possible. Elle inspire profondément puis se laisse glisser à l'extérieur. Ses pieds sont silencieux dans l'herbe encore recouverte de rosée.
Freyja s'éloigne rapidement de la maison, avançant à grands pas jusqu'à la forêt, passant ensuite les rangées d'arbre, les chemins similaires. Dans le ciel, les oiseaux chantent tandis que le soleil monte lentement dans le ciel. Les yeux de la jeune femme aperçoivent au bout de quelques minutes qui lui semblent une éternité, la clairière aux violettes dénuée de toute fleur. Elle s'approche.
Son cœur bat la chamade.
Ses mains deviennent moites et elle déglutit, sentant sa détermination flancher.
Pourquoi est-elle venue ? S'il lui arrive quelque chose... Personne ne pourra l'aider...
Freyja inspire profondément et se force à continuer à avancer. Tout allait bien se passer. Encore un pas et encore un. Ses yeux scrutent la clairière. Personne. Ses jambes se mettent à trembler. Et s'il ne s'agissait réellement qu'une plaisanterie malsaine ? Mais quel enfant s'amuserait à faire une chose pareille ? Qui ferait – Un mouvement. Freyja sursaute et tourne brusquement la tête vers le côté. Ses yeux cherchent frénétiquement la cause du bruit mais n'aperçoivent rien. Elle fronce les sourcils. Qu'est-ce que c'est ? Encore un craquement.
Tout d'un coup, une voix claire et féminine se met à chanter et le corps de la jeune femme se fige.
« Weißt du, wie viel Sternlein stehen, an dem blauen Himmelszelt...Weißt du, wie viel Wolken gehen, weithin über alle Welt...»
Le corps de Freyja est secoué d'un frisson lorsqu'elle reconnaît la chanson et les paroles.
« Qui est là ! », s'exclame-t-elle, et entre les arbres résonne un rire cristallin malsain. Freyja déglutit. Ce rire. Cette voix.
Vila.
« Tu ne me fais pas peur ! », s'exclame Freyja et Vila lui répond d'un rire plus puissant. Ensuite, dans un craquement, elle apparaît finalement dans la clairière. Elle effectue une courbette légèrement maladroite, ses cheveux tombant dans son joli visage cruel.
« Mais tu devrais, mon ange. » Elle rit à nouveau, « Où est Pranan ? Je ne l'entends pas. »
Freyja hésite une seconde puis annonce :
« Il devrait bientôt arriver. »
Elle grimace intérieurement lorsque ses lèvres énoncent le mensonge. Mais quoique Vila ait prévu, il ne fallait pas qu'elle sache qu'elle est seule. Freyja se passe une main dans les cheveux, se racle la gorge et se bombe le torse dans l'espoir de se rendre plus imposante.
VOUS LISEZ
Vénus en fleurs
Historical Fiction|ATTENTION: ceci est la suite de Vénus a froid. Il est NECESSAIRE de lire cette première partie pour comprendre celle-ci| Faolàn est dévasté lorsqu'il découvre le corps de Freyja sous les falaises. Dévoré par ses regrets, il fuit ses anciens tortion...