besoin d'écrire c'est tout

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Je n'ai pas la nationalité française, cela fait pourtant dix ans que j'y réside. Je ne sais pas exactement ce que je fais dans ce pays si ce n'est pour les études. Je la remercie de m'avoir accueillie bien que je n'avais jamais décidé de venir m'installer ici par moi-même. Bien sûr, ce sont les parents qui décident et je ne vous le cache pas, ils ne sont pas spécialement heureux de vivre en France. Je ne pense pas regretter de vivre en France, j'ai pu apprendre son Histoire riche et fascinante, sa langue à la grammaire bien étrange. Ah ! J'ai aussi appris la flemme en arrivant en France. Mon père me répète souvent qu'avec le niveau scolaire que je possède, je ne survivrais jamais au système éducatif chinois . Mes amis se plaignent parfois du retard qu'a le système éducatif français. "Notre niveau est visiblement loin derrière par rapport aux autres pays européens, ce système est à chier." Ils aiment râler. Une camarade de ma classe dont je suis particulièrement proche, adore râler. Elle aime insulter les profs derrière leur dos, elle aime être mauvaise. J'ai parfois envie de lui fermer son bec, mais nous sommes dans un pays libre d'expression. Et elle est super sensible. Alors je hausse les épaules en guise de réponse. Les gens de ma classe adorent critiquer, cela est considéré comme positif. Les Lumières nous ont appris à avoir un esprit critique, c'est une tradition préservée à ce qui paraît. J'ai de la chance de vivre dans un pays libre, mais cela ne m'empêchera pas de la quitter un jour et de ne peut-être plus jamais revenir en tant qu'habitante.

J'aime beaucoup Paris, parce que c'est culturellement ouvert. Mais si j'aime Paris, c'est peut-être parce que je n'y vis pas. Deux de mes amis se sont exprimés sur la capitale :

- C'est une ville qui est très dans le "paraître" riche et luxueux ! C'est beau un moment mais au final, ça brûle les yeux, dit G.

- Paris c'est beaux, mais sale, les gens sont pressés et c'est une ville fausse, dit E qui a fait le tour du monde.

- Dans la banlieue parisienne y a que des kéké des montagnes et Paris des gens qui pète plus haut que leurs culs, poursuit E.

- Ils ont tellement de foutus intellectuels pourris que je ne peux plus les supporter. Ils sont vraiment trop pour moi. J'aimerais mieux m'asseoir par terre dans le marché de Toluca pour vendre des tortillas que d'avoir quoi que ce soit à voir avec ces connards artistiques de Paris... Je n'ai jamais vu Diego ni toi perdre leur temps à ces bavardages stupides et ces discussions intellectuelles, avait craché Frida, la feu artiste Mexicaine d'origine Allemande et Espagnole.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser. C'est une ville riche en Histoire avec de bons musées, de bons magasins, des gens stressés et des métros moins sales que ceux du Mexique, d'après C. Je préfère tout de même vivre dans le countryside et changer de ville tous les 3 ou 5 ans.

- - - - prenons l'avion ; 25 000 km.

Durant mon voyage à Strasbourg avec des amies, nous avions rencontré une connaissance et elle nous avait invité chez elle (dans une maison typiquement Alsacienne qui date d'avant la Révolution Française, j'adore !) Elle nous avait raconté son épopée en Chine. Ses parents, du jour au le lendemain, l'avaient envoyé dans une ville perdue au Nord de la Chine. Elle avait 13 ans et ne parlait pas un seul mot de chinois. Elle y est restée trois mois, mais ce fut assez pour la dégoûter de cet endroit. On avait bien rit, elle nous racontait les bizarreries chinoises, de la circulation désopilante et dangereuse, d'une maîtresse qui frappait une de ses élèves, mais l'élève était toujours dévouée à la maîtresse.

Notre amie Indienne nous fit aussi part de ses mésaventures à Bombai, avec ce train toujours bondé jusqu'au toit (je ne plaisante pas, les voyageurs grimpent même sur le toit des wagons - j'ai déjà vu une image de ce train dans mon manuel de Géographie de 4ème.)

Tout ces souvenirs firent remonter les miens. Je viens du Sud-Est de la Chine, vous savez la partie méridionale ? Là où la mousson ne nous épargne pas, là où la chaleur est parfois peu surmontable, là où les maisons peuvent avoir 1 jardin par étage. C'était chouette, je lançais des pétards, je sautais sur les toits, je me battais avec mes cousins, ma grand-mère lançait des feux d'artifices depuis le dernier étage de l'antique maison. C'était insouciant, je ne me préoccupais ni des censures, ni du communisme (KMT) de la RPC. On sortait la nuit pour se promener sur le marché nocturne, des gens vendaient encore des légumes et des poissons et des bijoux et des lampes à huile... Je me souviens d'avoir donné 5  yuan à un SDF assis près du magasin de papeterie, puis il ne cessait de se prosterner devant moi pour cette petite somme. J'avais 4 ans et j'étais un peu effrayée, mais je me sentais aussi fière qu'Amélie Nothomb. C'était chouette, la ville s'appelait HaiFen et c'était près de la mer.

Je ne pense pas revenir habiter en Chine, à moins qu'un jour quelqu'un la libère hihi.

S • G • UOù les histoires vivent. Découvrez maintenant