Jour -2

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Cher journal. Je m'apprête à me lancer dans de grandes aventures, je vais avoir besoin de toi. Tu seras ma mémoire et mon compagnon. Je poserai sur toi mes joies et mes doutes. Et je t'emmènerai partout, quelques soient les circonstances, nous irons au bout des forêts, en haut des montagnes, au plus profond du crépuscule et tu seras le complice de mes sentiments.

Tu sais, le moins que l'on puisse dire c'est que le début de l'aventure pour moi est plutôt chaotique. Mon boulot et mes diverses activités ne m'ont donné que peu de temps pour préparer mon voyage. Je rejoindrai mes amis, Anne Charlotte, Gaspard, Lisa et Nicolas qui me renseigneront l'organisation.

J'apprends par hasard que pour aller au CANADA, il faut faire une demande d'AVE (autorisation de voyage électronique). Cette demande se fait par mail. Nous la faisons tous les 5. Tous reçoivent une réponse dans la journée... sauf moi. La pression monte ! Pourquoi n'ai-je pas de réponse ? Problème administratif ? Pourquoi les autres l'ont reçu directement ? Vais-je pouvoir aller au Canada ? Double sentiment très désagréable. D'abord l'injustice d'être le seul à ne pas obtenir ce papier. Ensuite le trouble de se sentir indésirable dans un endroit du monde que l'on brûle d'envie de visiter. C'est dans ces moments que l'on se rappelle – de manière forte et acerbe – que notre bas monde est fait de murs et de frontières, que celles-ci sont cruelles, injustes, empêchant les citoyens du monde de visiter les trésors disséminés sur notre planète. Et, au plus profond de moi, j'ai honte, honte de prendre conscience de tout cela uniquement en cette occasion. Nous sommes si chanceux d'avoir un passeport Français, réelle porte ouverte sur le monde ! On en oublie que le monde accessible dépend de là où on nait. Chaque peuple possède ses propres frontières...

Je pars donc Jeudi pour Paris. Arrivé à la gare de Lesparre avec Maman, je dois retirer mes billets à la borne, avec ma carte bleue. J'insère ma carte, demande mon billet et m'apprête à insérer mon code de carte bleue. Je suis pris à ce moment d'un trou de mémoire foudroyant. Dans mon esprit tout est nébuleux, les chiffres s'entrechoquent... j'ai 10 minutes pour trouver mon code, sans quoi je ne peux pas prendre le train ! Je me lance finalement. CODE FAUX. Mince. Je tente de nouveau : CODE FAUX. Il ne reste plus qu'un essai. Le train va arriver. Si je réussi, je suis sauvé, si je me plante, je n'aurai pas de billet pour Paris, et je bloquerai ma carte par la même occasion. Partir sans carte bleue pour un voyage au Canada serait vraiment une très mauvaise idée. Le train arrive dans 5 minutes, c'est la panique. Je fais un troisième essai : code faux, carte bloquée ! C'est la merde ! Heureusement Maman me rachète des billets et me donne du liquide. Je saute dans le train. Quel départ merdique !

J'arrive chez Lisa vers 23h, épuisé. Elle m'accueille chaleureusement, puis jette un regard à mes valises. Je comprends dans son regard que quelque chose ne va pas. Elle m'explique rapidement : mon matelas gonflable est trop volumineux, mon sac de voyage incommode, mon sac à dos beaucoup trop petit ! Nous discutons longtemps, puis essayons de dormir. Ce ne sont pas des nouvelles agréables, mais heureusement que Lisa est là, qu'est-ce que je ferais sans elle ?? Je m'endors un peu angoissé comment vais-je pouvoir me débrouiller pour arranger tout ça ?

Cahier du CanadaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant