Coffee

15. cinammon espresso

Il avait paniqué, voilà tout.

Yoongi ne se considérait pas comme une personne qui agisse souvent sur des coups de tête, préférant garder son esprit froid et clair pour profiter du recul qu'il fallait pour analyser les situations dans lesquelles il se trouvait avant de prendre des décisions; mais il semblait que dès que Park Jimin s'ajoutait à l'équation, tous ses principes s'effondraient comme un château de cartes.

Il était planté devant la caisse placée à l'entrée de la boutique de vêtements, attendant que Suran prélève le prix de leurs achats sur son compte bancaire; la jeune femme s'était éclipsée dans l'arrière-boutique pour placer les costumes que lui et Jimin avaient choisis dans des housses; d'ailleurs, il n'avait toujours aucune idée de ce que le jeune homme avait fini par sélectionner.
Yoongi soupira et s'asséna une claque sur le front, couvrant ses yeux un instant. Ce n'était vraiment pas le moment de se rappeler d'à quel point ce foutu costume blanc avait eu l'air parfait sur Jimin.

Il l'avait embrassé et s'était enfui comme un gamin. Mais quel con.

Il n'y avait à présent aucune trace de Jimin, et Yoongi serait en temps normal parti à sa recherche; mais il devait probablement être dans un coin de la boutique et Yoongi était sûrement la dernière personne qu'il voulait voir en ce moment.
La main de Yoongi se porta à ses propres lèvres qui avaient repris leur couleur d'origine. Sans qu'il ne s'en rende compte, ses pensées se mirent à divaguer de nouveau mais gravitant toutes autour de Park Jimin. Le blazer blanc avait semblé parfait sur lui, la coupe mettant en valeur les hanches somptueuses du jeune homme; la chemise noire qu'il portait n'était pas entièrement boutonnée et donnait un aperçu de ses clavicules définies et de sa peau d'or et de caramel, si tentante. Et oh, oh dieu, les cuisses de Jimin lui avaient donné envie de se mettre à genoux pour lui.

Lorsque ce dernier avait osé dire du mal de lui-même, Yoongi avait désespérément ressenti le besoin de lui faire comprendre à quel point il se trompait; et sans réfléchir, il s'était retrouvé à goûter les lèvres roses si souples et tendres contre les siennes.
Puis Jimin lui avait rendu son baiser; et il avait paniqué.
Il avait eu peur de ce que cet acte voudrait dire. Il ne savait même pas ce qu'il voulait, mais si les faibles liens qu'il avait créé avec le jeune homme finissaient à nouveau par ne se résumer qu'à du sexe, il s'en voudrait tellement qu'il ne le supporterait probablement pas. Il n'était pas prêt pour quelque chose de sérieux, parce qu'il avait peur de la fin inévitable des sentiments de l'autre (qui viendrait un jour, peu importe ce qu'ils lui disent, il le savait d'expérience), et il ne pouvait même plus juste le considérer comme un plan-cul maintenant, se rendit-il compte.

Les lèvres de Jimin avaient eu un goût d'inconnu, d'incertitude, alors même si toutes les cellules de son corps lui avaient hurlé de serrer l'autre encore plus fort, de goûter plus que ses lèvres, il avait rompu le contact et après avoir bredouillé quelque chose qu'il n'avait même pas compris lui-même, il avait filé.

– Yoongi. Reprends ta carte de crédit ou je la garde.

Le concerné écarquilla les yeux, se rendant compte que Suran se tenait à nouveau devant lui, et qu'elle lui tendait une poignée de sacs d'un noir sobre et classe.

– Je vous ai ajouté deux smokings noirs pour le déjeuner, précisa sa noona. Je te connais, t'aurais été capable de porter la même tenue la veille d'après la soirée.

Yoongi n'allait pas se mentir; il l'aurait probablement fait.

– Allez, ouste, sourit-elle lorsqu'il replaça sa carte dans son porte-feuille. Ne fais pas attendre le petit, il est déjà dehors.
Il hocha la tête, reconnaissant, et quitta la boutique avec appréhension. Au moins Jimin ne s'était pas enfui, c'était généreux de sa part.