Coffee

21. caffè corretto

Jimin, une expression qui se voulait impassible sur ses traits, entra dans la salle à manger; à ses côtés se tenait Yoongi, semblant encore plus appréhensif que Jimin ne l'était lui-même.
Le jeune homme, en voyant la posture raide de son hyung, s'était dit qu'il aurait le temps de s'apitoyer sur son sort et ses décisions impulsives ridicules plus tard. Pour le moment, il fallait qu'il sorte Yoongi de ce pétrain en priorité.

À leur entrée, la salle était quasiment vide, puisqu'ils étaient en avance: seuls Jihoon et Eunha étaient déja présents. Le couple avait beau avoir quelques années de moins que lui, Jimin fut un instant intimidé par l'aura d'assurance froide qui se dégageait d'eux, rappelant celle qui entourait les parents des deux frères Min. Les deux fiancés étaient tous deux vêtus de tenues à la sobriété élégante et aux tons sombres; lorsqu'ils lui sourirent, Jimin se dit qu'il avait de la chance de les avoir de son côté.

Enfin, du côté de Yoongi.

Ce dernier ne lança qu'un bref salut à son petit-frère et à sa compagne, préférant aller se poster dans un coin de la vaste pièce en attendant le reste des convives, où Jimin le rejoint vite.
- Ils ne devraient pas tarder, annonça Yoongi, ses mains s'affairant à vérifier que les boutons de son veston noir étaient bien faits.
- Je crois que je stresse autant qu'avant une représentation, rit nerveusement Jimin. Il enfonça ses mains dans ses poches pour s'empêcher de les passer dans ses mèches brunes.
- C'est probablement du trac dans les deux cas. Je te fais confiance, dit Yoongi en plongeant son regard franc dans le sien.
- Tu dis ça mais t'en as pas l'air très convaincu, sourit Jimin. Tes mains tremblent, hyung.
- Je stresse pour moi, parce que je suis le pire acteur sur cette planète et une mauviette quand il y a trop de gens autour de moi. Mais toi, chaton, tu n'as pas fait un faux-pas depuis qu'on est arrivé, répondit Yoongi sans hésiter. Si ça avait été quelqu'un d'autre que toi, j'pense qu'on aurait été grillés par Soyeon dès le premier jour. Ne doute pas de toi.
- Fais ce que je dis, mais pas ce que je fais, huh, lui sourit Jimin. Ses yeux le trahissaient, les mots de son hyung l'avaient flatté.

Quelques minutes passèrent, les deux couples dans la salle plongés dans des discussions à mi-voix, lorsque Jihoon s'approcha soudain d'eux, attirant leur attention.
- Hyung, Jimin-ssi, Eunha et moi nous nous demandions si vous voudriez aller avec nous faire un tour au parc d'attraction qui vient d'ouvrir dans le centre-ville, les aborda-t-il avec un petit sourire amical.
- Un parc d'attraction ? s'étonna Yoongi. Putain, qu'est-ce que j'aurais fait pour avoir ce genre de trucs quand j'étais au lycée.
- Parle pas comme si t'étais sur ton lit de mort, rit Jihoon. T'es encore assez jeune pour en profiter. J'en ai parlé à Jungkook, et il a dit qu'il viendrait si tu venais.
- T'en penses quoi, ch- Jimin-ah ? demanda Yoongi, retenant de justesse le surnom affectif. Il ignora ostensiblement le regard curieux de son frère.
- Ça serait génial, acquiesça l'intéressé, enthousiaste à l'idée de pouvoir échapper un moment au regard attentif de la mère de Yoongi.
- Par contre, commença Eunha qui s'était approchée d'eux, je plains déja Jungkookie.
- Pourquoi ? demanda Jimin, devançant de peu Yoongi, leurs expressions confuses presque assorties.
- Soyeon doit bosser à la boutique demain, il va être tout seul, expliqua la jeune femme, amusée. Coincé avec deux couples. La cinquième roue du carrosse.

Yoongi laissa échapper un "oh" en comprenant; d'ordinaire, quand Eunha et Jihoon l'invitaient à sortir, il traînait Jungkook avec lui pour ne pas avoir l'air paumé, mais la situation venait de faire un 180°. Jungkook allait le tuer.

- On s'occupera de lui, sourit Jimin. Ça serait dommage de le priver de cette sortie.
- C'est réglé alors. Vous-

La conversation, bouffée d'air frais dans le manoir pollué par trop de conventions sociales, fut interrompue par le majordome des Min qui se présenta dans la salle, le visage dénué d'expression. Il se tint sur le côté de la porte par où il était entré, la gardant ouverte pour les personnes qui le suivraient.