Chapitre 4 - Lili

36 8 22
                                    

Je laissai échapper un cri de douleur. Après avoir été poussée du haut de la falaise, je restai un moment couchée sur le dos pour reprendre mon souffle suite au choc reçu. Le moindre mouvement que je faisais m'arrachait un gémissement. J'en mettais ma main à couper, quelqu'un m'avait délibérément poussée dans le vide. On m'avait fortement bousculée, je pouvais encore ressentir cette pression entre mes omoplates. Ma main gauche appuyait fermement mon épaule droite sur laquelle j'étais tombée en premier. Une douleur lancinante se faisait ressentir sur toute la longueur du bras. Je n'arrivais plus à contrôler les tremblements de tous mes membres dus au froid, mais aussi dus à cette nervosité qui avait décuplé depuis quelques minutes. Des larmes glissaient encore le long de mes joues sans que je puisse les retenir. Je mis un moment avant de retrouver tous mes sens et de comprendre que je me refroidissais, couchée sur la boue froide qui recouvrait totalement mon dos. Seulement, j'étais trop abattue, stressée, fatiguée par cette nuit qui n'en finissait pas et lasse de croire que je pouvais encore m'en sortir face à cet individu qui me traquait. Je restai donc couchée dans la boue un moment, bloquée par toutes ces émotions. La personne n'avait plus qu'à venir pour finir le travail commencé. Je le laisserais faire sans broncher pourvu que le type ne me fasse pas souffrir.

Reniflant de temps à autre, j'attendais calmement, les nerfs toujours tendus. Je repérais tous les sons et les moindres mouvements mais rien. Il voulait certainement s'amuser un peu, me faisant peur à plusieurs reprises pour se délecter de cette enivrante panique. Et puis, quoi de mieux que de blesser sa victime pour rendre la traque on ne peut plus amusante ? J'avais très probablement affaire à ce genre de personne bonne à enfermer. Un psychopathe qui aime rigoler un peu avant de tuer. Malgré le froid qui engourdissait mes membres, j'hésitais donc à me lever. Je me disais que, même si j'étais couchée dans la boue, le fait de ne pas bouger rendrait le jeu du fou moins intéressant. Il serait frustré et partirait... Puis je soupirai en hochant la tête. Dans mes rêves, il se lasserait, mais en réalité, ça ne serait certainement pas le cas. Il voudrait me faire peur une fois de plus pour que je daigne enfin me relever et que le psychopathe puisse continuer à savourer cette frayeur. Enfin, quand il en aura réellement marre de jouer et que ses pulsions meurtrières se feraient trop désireuses, il me poignarderait de plusieurs coups de couteau...

Je frissonnai lorsque j'imaginai ces images morbides. Non, il était hors de question que ça se termine comme ça, même si je savais, au fond de moi, que tout cette course ne servait à rien. Je rassemblai tout mon courage pour me mettre debout et fis un effort considérable pour que mes jambes me tiennent. Les tremblements liés au stress et au froid se répercutaient toujours dans tous mon corps. Mon épaule me faisait horriblement mal et le simple fait de respirer lançait des décharges dans tout le bras. De plus, je ne savais pas exactement dans quel lieu j'étais tombée et dans quelle direction me diriger. La lune était toujours cachée derrière les nuages, alors cette clairière que j'avais cru apercevoir d'en haut était vraiment dans le noir. Pendant un moment, je restai plantée là, à grelotter de froid et de nervosité, à guetter le moindre mouvement, le moindre bruit qui résonnerait comme la mort approchant. Puis, dès que mes yeux commencèrent à s'accoutumer à la nuit, j'avançai lentement, surprise que rien ne se soit encore produit. Le froissement d'une feuille, le craquement d'une branche, un cri peu commun... Le moindre son étrange à mes oreilles et je m'immobilisais en retenant mon souffle.

Soudain, mon pied heurta quelque chose de dur et je tombai lourdement sur le flanc droit. Mon propre cri, qui faisait écho dans la forêt, m'effraya. On pouvait facilement ressentir le désespoir, la peur et la douleur dans celui-ci. Mon bras, déjà douloureux de ma première chute, avait encore pris un choc. La douleur s'étendait maintenant sur les côtes, la hanche et les cervicales. Entre deux gémissements, je repris une nouvelle fois mon souffle qui avait été coupé par cette deuxième chute et me relevai difficilement. Les larmes que j'avais réussi à contenir après être tombée la première fois étaient maintenant hors de contrôle. La peur, le froid, la souffrance, la solitude et la saleté prenaient désormais le dessus. J'en avais marre d'avancer dans le noir sans savoir où mes pieds me menaient. Marcher et tomber. Me relever pour mieux tomber à nouveau... A bout de nerfs, j'étais lassée de faire le tour de ce labyrinthe d'arbres géants, de buissons en tous genres et de ronces.

Le Château des LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant