Chapitre 13 : Paul

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Il y a quelques années, nous avions emménagé dans la partie droite du dernier étage du château, juste en dessous du grenier, l'autre partie étant destinée aux saisonniers qui aidaient durant les périodes de grandes fréquentations. Mes parents avaient ensuite réhabilité le premier étage qui devait accueillir les premiers touristes. Ces vacanciers souhaitaient prendre du bon temps, se promener autour du parc qui bénéficiait d'une vue panoramique exceptionnelle, visiter la chapelle, les écuries, le jardin, le verger, mais surtout randonner. Un sentier de Grande Randonnée avait été créé et scindait une bonne partie de la forêt qui entourait la demeure. C'est ce que les promeneurs préféraient lorsqu'ils venaient ici l'été. L'hiver, on croisait plutôt des randonneurs en raquettes ou bien en ski de fond et, même si aucune piste de ski ne descendait la montagne, l'hélicoptère des secouristes était souvent de sortie pour hélitroyer les blessés jusqu'à Clermont-Ferrand.

Maman croisait les doigts chaque année pour qu'un mariage ou deux soient célébrés au château. Premièrement parce que ça faisait une rentrée d'argent non négligeable, et deuxièmement car elle aimait se plonger à corps perdu dans ces préparatifs riches en stress. Elle adorait tout mettre en œuvre pour que les mariés aient le mariage de leurs rêves et que les invités soient épatés. C'était plus fort qu'elle, maman se plaisait à planifier tout à l'avance, à demander du personnel qualifié pour le jour J... à ne pas dormir beaucoup la nuit. Et puis cela permettait aussi de se faire connaitre. La chance était donc avec elle puisqu'un mariage se préparait pour le weekend prochain.

C'est pourquoi on attendait , Olivier, Kevin et moi, avec une certaine impatience, que maman parte se coucher. Elle travaillait encore sur son ordinateur dans le petit salon, alors je ne voulais pas qu'elle ait des soupçons et qu'elle sache que mes recherches continuaient malgré tout. Il était plus de deux heures du matin, j'étais exténué, mais comme les gars étaient là, je voulais profiter d'eux. J'avais la boule au ventre de penser à ce qu'on allait faire mais il le fallait.

- Il est étrange ce gros livre... commenta Olivier. On dirait que ta sœur ne l'a pas terminé.

- Ouais, je ne sais pas... Elle n'a peut-être pas eu le temps de tout écrire, lui répondis-je en m'empressant de tirer l'ouvrage vers moi et de le refermer.

Si Oli lisait la même chose que moi, il allait certainement me dire que c'est une blague. Bien sûr que tout ce que j'avais lu à l'intérieur de ce bouquin me paraissait invraisemblable, et pourtant, j'avais la certitude qu'une part de vrai résidait dans ces écrits.

Pendant que je m'arrangeais pour éviter toute forme de suspicion de la part d'Oli et attendre que maman daigne se coucher, Kevin patientait en jouant à la console et en se goinfrant de gâteaux apéritif, affalé sur le divan. Ce mec était un véritable estomac sur pattes ! A croire que ses parents laissaient toujours les placards et le frigo vides !

***

Une demie-heure plus tard, après avoir réussi à déloger Kev du canapé, on était tous les trois devant la porte de la chambre de Lili, au premier étage. Des bruits étouffés nous parvenaient encore des couples de vacanciers encore très excités par leur début de séjour. Pour moi, la description du chemin pour arriver à la pièce fermée dans son journal ne pouvait faire référence qu'à sa chambre. Papa et maman avaient voulu la garder en l'état et ne rien toucher, en se disant qu'un jour, peut-être, Élise reviendrait au château. C'était donc la seule pièce qui était restée au premier étage, au bout du couloir où se trouvaient les chambres des clients.

Mon portable illuminait la porte en bois verni. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas posté devant, et, rien que de me remémorer l'intérieur de cette chambre, rendait mes mains moites.

Le Château des LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant