Chapitre 10 - Lili

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J'essayais d'effacer le dessin qui avait été appliqué entre mes omoplates. Seulement, j'avais beau me tordre dans tous les sens et appliquer de l'eau froide dans mon dos, rien ne disparaissait. Pas une seule petite bavure noire, rien. La marque restait indemne.

Plusieurs filles s'indignaient derrière moi. Elles voulaient voir leurs marques de bronzage et se refaire une "beauté" avant de retourner se pavaner au bord de la piscine. Cependant, je ne voulais pas leur donner ce plaisir, pas maintenant. Au château, je n'avais pas de salle de bain, et encore moins de miroir pour m'admirer de haut en bas comme ces nanas le faisaient chez elles. Alors j'allais les faire patienter le temps de me remettre de cette nouveauté.

Le tatouage ne voulait vraiment pas s'effacer. Je devais me rendre à l'évidence qu'on m'avait tatouée de force ! C'était une preuve que ce que j'avais vécu dans la forêt et dans le château était réel. Il s'était réellement passé des événements étranges dès notre arrivée ici et je devais en comprendre les raisons. Parce qu'il y avait forcément une explication rationnelle à tout ça. Je n'avais pas envie que quelqu'un me dessine un autre dessin sur la peau.

D'ailleurs, qu'est-ce que ces lignes noires et fines pouvaient bien symboliser ? Tout ce que j'arrivais à percevoir étaient des courbes et des lignes qui se croisaient pour former un symbole d'environ cinq centimètres de diamètre que j'arrivais à peine à reconnaître. Je m'assis donc sur le rebord du lavabo froid pour tenter d'y voir plus clair.

- Bon ça va ! On s'en fiche de ton tatouage pourri ! Maintenant tu dégages !

Olala ! Cette pimbêche commençait sérieusement à me taper sur le système avec son air hautain ! Si encore elle pouvait continuer à buffler comme un bison, ça m'arrangeait, mais maintenant, il fallait qu'elle piaille ! Apparemment, elle ne savait vraiment pas à qui elle s'adressait ! Je lui répondis, droit dans les yeux :

- Oh ça va ! Tu attends que je termine ? Eh puis, si tu veux reluquer ton fessier, tu n'as qu'à retourner chez toi !

La blondasse parut surprise aux premiers abords, avant de se reprendre rapidement devant ses copines :

- Et toi alors ? En train de montrer à tout le monde ton pauvre tatouage pourri ! Genre, comment tu te la pètes avec ta fleur de lys dans le dos !!! C'est trop naze !

Une fleur de Lys ? J'avais vraiment ce dessin-là dans le dos ??? Sans faire plus attention aux divers noms d'oiseaux que la blondasse m'étiquetait sur le front, je m'appliquais à me tortiller dans tous les sens pour enfin découvrir ce fameux tatouage.

Effectivement, c'était bien une fleur de lys comme on pouvait en retrouver sur certains murs du château, au-dessus de l'entrée principale, ou bien encore gravées le long des colonnes du mausolée du vieux cimetière...

Mais les lignes de celle qui m'avait été encrée sous la peau étaient fines, noires et en un seul trait. Sans fioritures, toute simple, les trois feuilles s'arrondissaient légèrement pour finir en pointe. Aucune décoration autre n'avait été produite pour la rendre plus attrayante, et aucun coloris n'avait été apporté. Un simple tatouage, comme si on m'avait marqué au fer rouge, tel un animal de bétail.

La fille beuglait toujours derrière moi mais je continuais à l'ignorer. Ses insultes étaient le cadet de mes soucis face à cette marque entre mes omoplates. J'étais pratiquement certaine que cet endroit noirci n'était pas anodin. Lorsqu'on m'avait fait tomber dans le cimetière, je me rappelais très bien de cette forte pression dans mon dos. Et elle était à l'emplacement exact où se trouvait actuellement le tatouage.

Je devais bien admettre que la blondasse avait raison. Ce dessin était moche. Jamais de ma vie je me serais fait tatouer ce genre de chose, et surtout pas en plein milieu du dos ! J'en avais déjà parlé avec mes parents qui étaient, forcément, en désaccord avec moi. Bien sûr, ils avaient été catégoriques à ce sujet. Aucun tatouage permanent avant mes dix-huit ans ! Et encore, ils ne voulaient surtout pas de tatouages trop volumineux sur ma peau blanche après ma majorité ! Mon père avait vraiment peur que je ressemble à un motard américain ! Le premier dessin que j'avais envie de m'encrer sous la peau était des signes chinois dans la nuque, qui signifieraient mon signe astrologique. J'étais donc loin de finir avec un portrait du "King" peint sur toute la surface de mon dos !

Le Château des LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant