Chapitre 11 : Paul

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Toutes les pages étaient blanches !!! J'avais beau les tourner dans tous les sens, les seules feuilles teintées étaient celles que j'avais déjà lues ! C'était comme si l'histoire se terminait au moment où Élise allait ouvrir la fameuse porte !!! Je ne comprenais pas. Pourtant, j'étais quasiment certain que les pages avaient toutes été noircies par l'écriture de ma sœur. Qu'est-ce qu'il se passait avec ce gros volume ? Une petite voix, au fond de mon esprit, me soufflait qu'il pouvait s'agir de magie, mais c'était impossible. La magie n'existait pas. On me l'avait dit et redit de nombreuses fois quand j'étais plus jeune, alors que j'adorais, avec mes amis, rejouer certaines scènes des films de "Harry Potter". Avec mes deux copains, je me souviens qu'on s'amusait à s'envoyer des sortilèges en levant nos petits bouts de bois qu'on prenait pour des baguettes magiques. Je fis donc taire mon cerveau pour cette réflexion inappropriée.

Cependant, je demeurais dubitatif. Lorsque je faisais tourner les pages à toute vitesse, celles-ci semblaient tout de même noircies par une écriture. Il y avait forcément une suite à ce que je venais de lire ! Peut-être les pages avaient-elles été remplies avec du citron ?

Je trouvais mon raisonnement incongru. Si Lili avait écrit au jus de citron, je n'aurais pas pu me rendre compte que ses écrits continuaient ! Je redoutais ce que la petite voix dans ma tête s'entêtait à me dire. Il fallait être fou pour croire que ce journal soit magique. Cependant, avec tout ce que Lili m'avait transmis jusqu'à présent dans son récit, soit elle était malade, ou soit il se passait des évènements... Anormaux. En tout cas, mon esprit était de plus en plus tiraillé, cherchant à trouver des explications rationnelles sur des faits incompréhensibles.

Je refermai le gros journal dans un bruit sourd et le rangeai à nouveau entre mon matelas et le sommier. La nuit était déjà bien avancée et je devais me lever quatre heures plus tard pour aller au travail. Je déchantais un peu face à mon job d'été. Je n'arrivais pas forcément à me retrouver d'avantage seul avec papa. Moi qui voulais passer du temps avec lui, et bien je me disais que ce n'était pas encore pour cette fois-ci. Il était toujours en déplacement, pas forcément très loin, mais il allait voir les locataires quand il y avait des problèmes avec les maisons et appartements loués. Il faisait aussi les visites pour des biens à louer, mais cela restait toujours dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres à la ronde. Quelquefois, il revenait à l'agence pour des transactions avec les locataires mais aussi avec certains propriétaires. Et à ce moment-là, il me faisait comprendre qu'il n'avait pas de temps à m'accorder, et que le travail qu'il me donnait à faire ne me permettait pas de me reposer sur mes lauriers.

Il ne prenait même pas la peine de venir me voir pour savoir si tout allait bien au bureau, il me faisait totalement confiance. J'avais juste été formé une journée et le lendemain, je me retrouvais seul avec une tonne de documents à imprimer et à classer aux archives. Je gérais moi même le standard et l'accueil physique. Et je détestais vraiment cette partie là. Je ne me sentais pas du tout à l'aise à parler avec des inconnus, alors leur proposer un rendez-vous avec papa, c'était vraiment dur. Ma crainte était réellement de devoir faire face à un client mécontent. Je n'étais pas prêt à cette situation. Heureusement que je ne travaillais pas sur Paris ! Au moins, ici, il n'y avait pas autant de clients de passage à l'agence !

Quoi qu'il en soit, il fallait que je dorme quelques heures pour ne pas piquer du nez sur le clavier de mon ordinateur. Avec tout ça, je me rendais compte que je n'avais même pas pris le temps d'envoyer un message à Kevin et Olivier pour savoir ce qu'ils comptaient faire ce weekend. En même temps, j'étais sûr qu'ils avaient, chacun de leur côté, déjà prévu ce qu'ils allaient faire avec leurs copines.

Je soupirai, les bras croisés sous ma tête, à fixer un point imaginaire. Cette année était terriblement compliquée. Entre le passage du Bac, les "retrouvailles" avec Lili, mes parents qui ne se parlaient quasiment plus et mon emploi saisonnier dans l'agence de papa, c'était assez complexe de garder contact avec mes potes. Pourtant, il fallait que je les vois à tout prix. Je ne pouvais pas garder un secret aussi lourd pour moi uniquement. Et surtout, j'avais besoin d'eux pour marcher sur les traces de ma sœur.

Le Château des LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant