Lumières sombres.

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Le sous-rire collé aux joues je me noie dans la mélancolie des jours heureux. Le paradoxe me caresse les phalanges tandis que d'un geste doucement énervé, mes doigts saisissent la cigarette pour respirer - et inspirer - cette mort-vivante. J'entends chanter au loin les malheureux et je les embarque avec moi sur ce bateau monochrome aux couleurs chatoyantes.

Rien n'a de sens ici. Si ce n'est l'essence de ce que je suis. Oxymore personnifié qui laisse ses proches se chatouiller avec un peu de joie partagée.

Parfois, quelques ombres m'disent:

- Comment tu fais ? Le soleil est noir toi tu le vois orange. Ton coeur est de pierre, mais tes baisers vermeils. Mon âme est grise mais nous, ensemble, on est azur.

J'ai bien envie de leur dire qu'eux aussi peuvent peindre le monde à l'aide de leurs sourires. Mais à la place je préfère offrir une fleur. Je me dis que c'est plus simple à expliquer - il n'y a pas de mots à articuler. Puis j'aurais peur de leur avouer qu'au final, je suis toute aussi désabusée qu'un marin ayant oublié la mer.

J'ai oublié mon océan.
Je l'avais laissé au coin d'une rue ; elle s'appelait... Je ne sais plus. Ce que je sais, c'est qu'elle avait des dents jaunies par la blancheur de ses traits et des cheveux d'un blé noir aux iris violacées. J'ai encore son visage dans la tête mais plus aucun mot sous la langue ; pourtant, ma langue elle l'avait parcourue. Vagabonde des rues qui s'était arrêtée une nuit sous des draps aux parfums de rose. J'ai essayé de capturer la nomade, mais j'ai rapidement abandonné en la voyant danser sur les pavés. Alors un jour - ou une nuit -, je l'ai libérée. Elle était heureuse et ses joues brillaient.

Mais ce qu'elle ne savait pas.
C'était que je l'aimais.

Un soir elle avait le visage éclairé par une bougie.
Et elle m'a dit.

- Tu sais, j'pourrais quitter le voyage pour toi.

Mais elle avait la bague au doigt et des trous dans ses godasses. Donc je l'ai abandonnée, avant de retourner à ma routine illuminée. Des rires balancés ça et là.
Des sous-rires soufflés dans les gens.

Quelques larmes versées dans un verre à moitié plein.

Mon âme erre tu me tues.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant