Le flot de sentiments s'immisce dans chaque instant. Chaque parcelle de mon corps est imbibée d'une délicieuse amertume aux relents de bonheur. Et, comme affamé, mon corps vient se nourrir de chaque seconde. Il ingurgite la moindre minute laissée dans un coin et l'assomme d'un coup de souvenirs. Exactement ça. L'image reste gravée en moi comme des mots suçant ma peau. Tout est beau ; tout est parti du mal. Sous le silence réside de longs soupirs, ce sont ceux des cœur déliés. C'est une harmonie crée du néant. C'est une synesthésie attrapée le temps d'un baiser.
Ma main vient inconsciemment serrer la sienne un peu plus fort. Comme pour la supplier de rester. Peut-être qu'en ne se quittant pas, l'instant resterait accroché à ses lèvres, pendu au temps et insensible à la logique. Peut-être qu'on pourrait partir ensemble. Dans un autre monde où toute matérialité s'estomperait en une poussière abstraite faisant l'effet d'un gaz hilarant. Histoire qu'une fois là bas, on s'arrache les joues à coups d'éclats de joie. Histoire d'entendre ricocher contre les murs l'allégresse d'une âme candide ; celle d'Hazel. Histoire de ne plus sentir au bord de ses yeux un rationalisme trop meurtrier ; lorsqu'il la frappe, elle est tentée de fuir.
Sous ses paupières se cachent quelques milliers de questionnement, tandis qu'en son sein bat la vie. L'indécision. Mais surtout, les palpitations d'une âme perdue.
Je ne réalise pas tout de suite. Ce contact doux et prompt mêlé d'un parfum me rappelant le plus beau des songes. En échos, le bourdon crée par un cœur qui ne sait plus à quel rythme battre. Je sens sa respiration traverser mon visage et venir caresser le début de mon cou. Je sens sa langue exister derrière des lèvres timidement données. Je sens son esprit. Palpable. Pur. Cristallin. Il crie ô combien il aimerait n'être qu'un avec mes sourds souffles de vie écorchés. Il crie ô combien il est bon de se retrouver au cœur d'une union silencieuse. Tout est indicible, même le plus simple des mots a perdu tout son sens.
Je ne sais plus.
