Les écoutaient parler à travers la porte. Elles n'avaient visiblement rien de mieux à faire. Et le pire était qu'elles n'arrêtaient pas de rire ou de glousser à chaque bêtise sortie par Valentine ou Lilia, et qu'aucune ne les entendait derrière la porte.
Elles avaient décidé, d'un commun accord d'aller écouter la discussion des deux jeunes filles, étant très curieuses.-Eh, Aoko! Chuchota la brune.
-Chuuut! Quoi?
-Faudrait p't'être qu'on s'barre avant d'se faire choper!
-Pas bête, viens!Elles descendirent en vitesse et en silence.
Quelques minutes après, Lilia redescendit, ayant visiblement terminé de parler à sa meilleure amie.-Qu'est ce qu'il y a? Les interrogea t-elle, les trouvant assez bizarres.
Il faut dire que Décane n'était vraiment pas discrète à siffloter comme elle le faisait. Et les tremblements d'Aoko en train d'arranger un vase contenant des fleurs n'arrangeait en rien la situation.
-Hein?! Rien! Répondirent-elles en cœur après avoir sursauté.
Soudain, la rose eut un déclic, elle ouvrit la bouche, la referma pour finalement la rouvrir et dire:
-Vous n'auriez pas tout entendu par hasard?
-...Elle les dévisagea à tour de rôle. La brune et la bleue se lançaient de drôles de regards qui interpellèrent encore plus Lilia. Et cette dernière commençait sérieusement à s'énerver.
-... Vous êtes sérieuses là ?!
-Aoko?
-Viiii?
-Heu...
-... Vous me saoulez... Je suis ravie de voir qu'on peut même pas avoir de conversations privées avec sa meilleure amie. Franchement merci. Maintenant si vous permettez, je vais prendre l'air.Elle sortait de la maison, sous les regards gênés des deux autres.
-Heu... Dec'...?
-... On y est allées trop fort couz'...
-Je crois...
-J'crois pas, c'est sûr.La brune baissait la tête, l'autre la regardait tristement en se tripotant les mains. Au bout de deux minutes de silence, celle aux yeux violets déclara:
-Mais chui trop conne!
-Hein?! M-Mais...!
-On n'aurait jamais dû, Valentine a toujours été sa seule et unique meilleure amie!
-... Ouais, j'ai cru comprendre. Mais moi, ce que je veux savoir, c'est pourquoi elle n'a jamais eu d'amis. Et je suis certaine que tu le sais.Elle avait dit cela d'une voix tellement froide que l'autre déglutit, mais elle ne se laissa pas démonter.
-Mêle toi de ce qui te regarde Aoko, de préférence.
La bleue n'insista pas, de toute façon maintenant tout le monde était irrité.
Lilia de son côté avait réussi à retenir ses larmes. Elle marchait d'un pas décidé vers le parc. Il y avait beaucoup d'arbres, et l'herbe était un peu mouillée dû à l'humidité. Il y avait très peu de monde, mais il restait encore quelques personnes par-ci par-là. On n'y voyait presque rien, pourtant la jeune fille ne s'arrêtait pas et s'enfonçait d'un pas ferme en mémorisant le chemin par lequel elle passait. Il y avait un peu de vent, qu'elle inspirait à grande bouffée, ce qui l'aidait à se calmer. Elle arriva ensuite vers un lac. Elle s'en approcha et observa son reflet dans l'eau. «Pathétique...» Songea t-elle. «Je ne suis même pas capable de m'entendre plus de deux jours avec ma propre jumelle... Ma jumelle... Tss...»Elle entendit ensuite des sanglots, qui la coupèrent de ses pensées. La Victorienne se leva, intriguée par ces pleurs. En s'approchant, elle distinguait une silhouette, qui devint peu à peu plus ou moins nette. Elle finit par reconnaître un petit garçon. Celui-ci devait avoir dans les huit ans.
-Qu'est ce que tu fais là toi? S'efforçait-elle de lui demander avec une voix douce.
L'enfant ravala un sanglot et sursauta de surprise. Elle recula légèrement pour ne pas lui faire encore plus peur.