Rencontres chaleureuses dans le caniveau

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Le soir tombait sur la ville. La forêt de toits dans le soleil crépusculaire créait un paysage somptueux, que beaucoup de peintre auraient payés pour voir. Mais Connor n'était pas un peintre bien que, la façon dont il pouvait passer des heures à préparer méticuleusement chaque détails d'une attaque pouvait faire penser à de l'art.

En effet le jeune homme s'était préparé toute la journée pour son crime : bottes montantes en cuir, qui lui permettaient de se déplacer sans bruit, un chapeau pour couvrir son visage et un couteau dans la poche de sa chemise en lin. Et il n'avait bien entendu pas manquer de troquer son arbalète habituel contre le nouvel engin récemment acquis, qu'on lui avait pourtant recommandé de laisser au placard... Soit-disant qu'un prototype est dangereux ! C'est une vue de l'esprit !

Connor attendit. Longtemps, très longtemps. Il put voir la lune se lever, et il joua pendant des heures à discerner les constellations. Il y en avait une carte dans l'atelier de Roland.

Soudain, un bruit se fit entendre. De plus en plus proche, de plus en plus fort. Connor discerna également le bruit d'un fouet sur la croupe d'un cheval. Il était temps de passer à l'attaque. Il dégaina son nouveau jouet, et mit son chapeau sur sa tête en se laissant glisser doucement à une gouttière.

Il s'était trompé. Descendu dans la mauvaise rue. Il n'eut pas le temps de se maudire qu'il perçu le bruit de la diligence qui passait dans la rue parallèle. Il jura. Mais il n'avait pas encore réalisé où il était tombé. Ce qui n'allait pas tarder.

En effet, à peine eut-il posé les pieds dans le caniveau (des bottes toutes propres !), qu'une main l'attrapa par l'épaule. Surpris, il se retourna vivement.

- Alors, joli cœur, on est pressé ? Pas un petit suçon pour tante Salomé?

La personne qui venait de lui parler était une femme pleine de rondeurs d'environ 25 ans, dont la poitrine abondante avait de la peine à être contenue dans son corsage, visiblement mal boutonné. A l'évidence, une prostituée. Passé ce moment où tout homme analyse les attributs d'une femme, Connor retrouva la vigueur, réveillé pour l'odeur d'ammoniaque qui émanait de l'urine, stagnant dans la rigole.

- Non merci euh... Salomé. N'en soyez pas vexée, mais j'ai peur de payer bien cher au jugement dernier le peu de temps de plaisir que vous pourriez m'apporter par le biais de Satan.

Apparemment, si, elle se vexa. 

- Malchus, un simplet refuse de se dévergonder, tu veux bien intervenir ? Je commence à peiner de divertir des vieux vagabonds sans le sou ! Que deviendrai-je sans chair fraîche ?, s'exclama la catin, avec un sourire malicieux vers Connor, qui sentait que cela ne présageait rien de bon.

Et à raison. Le Malchus en question mesurait approximativement  trois têtes de plus que Connor, et sans doute deux fois son poids. Il avait un œil crevé et des cicatrices sur son visage, qui laissait présager un grand nombre d'échanges... animés.

- Un jeune comme toi ne devrait pas perdre son temps dans des égards inutiles au Seigneur, lâcha l'intéressé.

- Ne vous méprenez pas, je préfère de loin le courroux du Seigneur à une séance avec votre... créature, répliqua Connor, avec un regard de dédain vers Salomé.

Visiblement, cette dernière bouillonnait, et n'était pas prête à ériger un autel aux sarcasmes d'un jeune impertinent.

- Tue-le Malchus, lâcha-t-elle dans un soupir, presque attristé de ne pas avoir pu s'offrir de chair fraîche...

- Mais non enfin, on s'entendait bien jusqu'ici!... lança Connor, qui réfléchissait déjà où il avait pu ranger son couteau fétiche...




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⏰ Dernière mise à jour : May 20, 2017 ⏰

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Le fils de la catinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant