Le fils de la catin

Plus de peur que de mal

Cela faisait quelques secondes qu'il retenait son souffle, mais cela lui semblait des minutes entières. 

Tout à coup, la poignée se mit à tourner. Dans un horrible grincement, la porte commença à pivoter sur ses gonds. Et alors que le jeune spadassin s'attendait à voir surgir une tête et un corps par l'entrebâillement, il vit l'ombre se retourner. Une voix retentit.

- Et Eugène, ils ripaillent comme des pourceaux là-haut, ils ont déjà pictonné tout une barrique de vin, et ils en quémandent encore! Tu m'aides à en soulever une autre? C'est diablement lourd.

- Euh, oui... oui d'accord.

- Voilà qui est parlé en gentilhomme. 

Heureusement, durant l'échange, notre jeune clandestin a eu la présence d'esprit d'aller au fond de la pièce, se cacher sous une toile derrière une rangée de tonneaux. 

Il entendit les deux hommes entrer, saisir un tonneau et sortir de la pièce, grognant sous l'effort, laissant la porte ouverte. Il laissa échapper un soupir de soulagement. Euphorique, il prit une grande bouffée d'air chargé de poussière. Il éternua.

- Attends un peu Eugène.

Notre maladroit se maudit lui-même ainsi que sa descendance et poussa un juron.