Crybaby

1. Crybaby

Mon nom ? On m'appelle Crybaby. J'ai à peine 2 ou 3 ans quand mon histoire commence.
Rien qu'à ma naissance, ma mère ne voulait pas de moi. Elle se bouchait les oreilles pendant que je criais pour respirer.
« Bon sang, ce bébé va-t-il se taire ?! marmonnait-elle.
- C'est une fille, dit l'infirmière en me prenant dans ses bras, tout en faisant des «chuuut...» pour me calmer.
- Éloignez la de moi pour le moment... Ses cris me file une migraine », répondit alors ma mère, une cigarette à la bouche.
L'infirmière repartit, moi dans ses bras, tout en me caressant la tête et en continuant à murmurer pour que je me calme.
Elle ne m'a jamais prise dans ses bras, ni embrassée, ni cajolée. Ce qui fait que je ne ressens rien envers elle. À part de la colère quelques fois.

Et maintenant, vous allez me demander pourquoi je porte ce nom ? Tout simplement à cause de mes larmes. Je pleure parfois jusqu'à ce que les gouttelettes salées qui coulent de mes joues forment un petit lac sur le parquet de ma chambre. Oui, je suis une pleurnicheuse. Ce qui m'a valu le nom de Crybaby.

Maman boit et fume. Elle m'enferme dans ma chambre et je pleure. Je ne vois jamais mon frère, mais il est souvent en train d'aller chercher des cigarettes au bar-tabac du coin pour Maman.
Je parle à mes peluches et à mes jouets, mais j'ai l'impression qu'ils bougent.
Je me renferme sur moi-même et pleure, car ce monde, le monde dans lequel je vis, me fait peur.

Je grandis mais je perds tout mes amis. Tout le monde se moque de moi à cause de mes larmes. Je n'y peux rien, c'est comme si quelqu'un tournait un robinet sous mes yeux. Et ils m'appellent tout : « Pleurnicheuse ! » ou encore, ils me disent : « Tu ne sais rien faire à part pleurer ! »
Mais je n'en ai rien à faire. Avant, je ne disais rien. Mais peu après, je riais à travers mes larmes. Ce ne sont que des mots. Des mots qui font mal, certes, mais qui ne me font plus rien.
Maman m'a toujours dit que je m'attachais beaucoup trop aux choses mais que je ne devais pas, sinon j'allais finir malheureuse comme elle. Je ne comprends pas pourquoi elle dit ça. Maman pleure elle aussi, mais je ne sais pas pourquoi.

Je voudrais juste quelqu'un qui me comprend, mais tout le monde se fiche de moi. Ce qui intéresse Maman, c'est les bouteilles d'alcool. Ce qui intéresse Papa, c'est les femmes. Ce qui intéresse mon frère, c'est les cigarettes. Ce qui intéresse les autres enfants de ma classe, c'est de savoir quand est-ce que le nouveau robot-jouet est sorti, ou qui a été la première à avoir la nouvelle poupée avec sa robe rose à fleurs. Mais personne ne s'intéresse à mes problèmes.