Crybaby

5. Alphabet Boy

Ce jour là, c'était un jour d'école. J'étais en avant-dernière année, j'allais passer au collège deux ans après.
Je n'avais toujours pas d'amis. Personne avec qui jouer à chat, personne avec qui faire de la corde à sauter, personne avec qui jouer, tout court. Et il y avait lui, ce garçon quelque peu... Lourd. Très lourd. Il plombait toujours l'ambiance en se vantant de ses notes. Il avait sauté 2 classes et était LE premier de la classe. Contrairement à moi qui ait redoublé et qui a des notes catastrophiques.
Il avait l'air d'un ange, mais dès que vous lui tourniez le dos, il me balançait des avions de papier dans la figure et me traitait de tous les noms. « Juste pour s'amuser », disait-il.

Viens, viens, moi aussi je vais en profiter pour m'amuser avec toi si tu continues...

Il me prenait littéralement pour son jouet. Et il se prenait pour mon père. Toujours là pour me dire : « Fais ça », « Fais pas ça », « Moi j'ai une meilleure note que toi », « Moi je veux faire ingénieur plus tard, toi tu pourras rien faire si tu continues comme ça », « Moi je, moi je... » Il me fatiguait. Je lui ai alors trouvé un surnom : Alphabet boy.

À chaque fois que je voyais sa tête d'intello, j'avais envie de lui faire manger ses cahiers. Ou les brûler. Juste parce que ça pourrait être marrant. Il n'en aurait plus besoin, de toutes façons, il connait déjà tout. Oups, désolée. Je me suis un peu emportée.

Je n'en parlais pas à Maman. Elle se fichait bien de ma vie, de toutes façons.

Un soir, rentrée à la maison, je pris des pastels multicolores et écrivis sur tous mes cahiers les mots : « Fuck you little Alphabet Boy ». Je pris aussi les magnets du frigo et les plaçais de sorte que les mêmes mots soient écrits. J'écrivais cette phrase partout. Sur les murs de ma chambre, de la cuisine, de la salle de bain. Mais quand Maman a vu ça, elle m'a ordonné de tout nettoyer et de partir me laver. Je compris le deuxième ordre de ma mère quand je vis mon état dans le miroir. J'avais les mains, le visage et les cheveux de toutes les couleurs, à cause des pastels qui ont décoloré sur moi.