Chapitre 2

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Spencer


     C'était le dernier carton, Dieu merci ! Je n'en peux plus de ses déménagements ! Ça fait bien trop longtemps que je sature de tout ça, mais ne dis rien. Dans ma famille personne ne le veut vraiment, on y est juste contraint et personne n'est fautif. On vit juste avec et on s'habitue. La vie n'est pas toujours en rose et comme on le voudrait.

     Depuis mes dix ans je bouge dans des tas de villes à cause du travail de mon père. Je suis fatiguée de tout le temps déballer, ranger, et encore les remettre dans des cartons, puis encore ranger pour déballer... et la boucle est sans fin. J'ai parcouru une bonne partie des Etats-Unis. En réalité, déménager ne m'a jamais dérangé jusqu'à ce que je me rende compte que de ne pas avoir d'amitié durant plus de plusieurs années était une triste réalité. Au fil des années, j'ai vu des amitiés qui dataient de plus de cinq ou dix, alors que mes relations amicales se comptent sur maximum un an. Je n'appelle pas ça une vie. Ou alors, quand je vois ces filles qui se calent dans les bras de leur copain et qui s'embrassent, qui ne rêverait pas d'avoir sa dans sa vie ? Ce n'est pas en changeant de ville tous les ans ou tous les mois qui vont faire que je vais connaitre ça pendant mon adolescence. Ce qui est bien dommage d'ailleurs puisque j'aurais aimé que ça m'arrive.

     J'ai eu des amis avec qui je me suis bien entendue, je ne dis pas le contraire, le seul problème était l'attachement. Comment se lier d'amitié sans s'attacher ? J'ai appris à refouler les sentiments que j'avais vis-à-vis de ceux qui m'entouraient pour ne pas avoir mal le jour où les liens se briseraient. Et c'est bien triste de se dire ça à mon âge...

     J'ai terminé de défaire tous mes cartons dans ma nouvelle chambre. Mes affaires sont rangées, mes cahiers se trouvent à leur place au-dessus de mon bureau, mes photos sont accrochées, mes meubles sont parfaitement aménagés et mes lits est prêt pour que je puisse y dormir. Je m'y allonge et fixe un point imaginaire sur la grande surface de mon plafond.

     Pour une fois, juste plus d'une année, j'aimerai rester dans cette ville et ne plus bouger. Juste attendre ma majorité pour que je puisse quitter le nid et m'envoler de mes propres ailes. M'installer là où il me plaira et ne plus déménager. Rencontrer des personnes qui resteront mon entourage quotidien pour longtemps et avoir quelque chose de fixe, de tranquille, calme et stable.

     Je ne peux pas en vouloir à mon père de vouloir faire son travail comme il se doit. En tant qu'enquêteur professionnel, il est reconnu pour avoir un don dans les affaires indéchiffrables et les résout généralement assez vite. Il les résout tellement vite que quand il finit que quelqu'un d'autre le contact pour du travail. S'il n'était pas autant appelé, on ne déménagerait pas autant. Généralement des meurtres. Ce qui peut me faire dire que si nous sommes ici est parce qu'il a des histoires de sang. J'ai aussi appris à ne plus me poser de question. Quand j'ai commencé à comprendre que les personnes qui habitaient cette Terre n'étaient pas des saints, j'ai énormément questionné mon père sur ses enquêtes, qui a gentiment évité de me donner des réponses, jusqu'à ce qu'un jour j'en ai marre d'être dans l'ignorance du monde, que je fouille dans ses archives et que j'y découvre des photos de cadavres qui m'ont traumatisée pour le restant de mes jours.

     Je ne sais pas pourquoi ma mère supporte tout ce mouvement qu'elle appelle « notre vie ». Elle ne peut pas avoir un travail et des amis stables. Je ne sais pas si ça lui plait vraiment de vivre comme ça, mais je n'appelle pas ça une « vie », plus une contrainte. Je veux bien qu'elle aime mon père, qu'elle soit folle de lui au point de tout plaquer, en revanche à sa place, même si je l'aimais comme une dingue je n'aurais pas tenu autant de temps sans que ma vie soit instable à ce point. Je n'ai que seize ans et je pense déjà ce genre de chose, je ne trouve pas que ce soit adéquat pour moi.

     J'aime mes parents, même si par moment c'est compliqué avec eux. On se dispute pour un rien. On a quelques désaccords sur des sujets banals qu'un enfant peut avoir avec ces parents. Sous le sujet principal est sur les déménagements. Ils savent que je commence à en avoir marre.

     Ils n'ont jamais pensé à me faire un petit frère ou une petite sœur pour que je me sente moins seule. Par moment, je me dis que ce n'est pas plus mal. Au moins, ils n'auraient pas eu à subir les déménagements. Ça m'arrive de temps en temps de me dire que j'aimerai avoir une petite sœur, avec qui j'aurais deux ou trois ans d'écart. On aurait pu être complice dans des tas de choses. On aurait pu tout se dire : nos tracas, nos secrets, nos histoires de cœur ou d'amitié,... Enfin, tout ce que deux sœurs peuvent se dire.

     À force la solitude est devenue mon seul pilier. En même temps je pense que si je me serais attachée à une autre quelconque émotion, je crois que je serais... Comment dire? Tombée en dépression. Dans ma solitude je me crée des films d'une vie que j'aurais pu avoir si elle n'était pas presque chaotique que la mienne ou que j'aurai peut-être dans l'avenir.
Je m'imagine avoir un copain, des amis, que plus tard avec ce copain on forme une famille, qu'on vive heureux, et tout le bla-bla cliché des films ou des livres. Tout ça n'est qu'un rêve. Une image. Je ne sais même pas pourquoi je fais ma malheureuse. J'ai une famille, c'est le principal non ? Combien d'orphelins aimeraient avoir une famille ? Tout ce qu'ils me manquent sont des amis et les amis ça se trouvent.

     Depuis deux-trois ans, j'appréhende la rentrée.J'avais emménagé dans une ville où il n'y avait que de la racaille et pas malde mauvaises personnes. J'étais la petite nouvelle qui se faisait bousculerdans tous les coins, qui se faisait insulter et harceler. J'y suis restée un anet je crois que c'était la seule année où j'ai été la plus contente de partir.Après je suis allée dans une école, d'une autre ville où c'était beaucoup mieuxet je n'y suis restée plus de 6 mois. J'espère que les personnes, le lycée etque les professeurs vont me plaire et que je vais me faire des amis. Ainsi qued'y rester le plus longtemps possible. Demain c'est la rentrée et tout seranouveau. Encore.

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On s'en sortira? (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant