On s'en sortira? (en réécriture)

Chapitre 3

Stiles

     La rentrée ! Je pense que je dois faire parti de ce rare pourcentage des personnes qui aime aller au lycée. Tate ne m'a jamais compris sur ça. Pourtant ça ne devrait être sorcier pour lui puisqu'il est autant seul que moi. Par contre, je me suis toujours dit que la rentrée était un jour comme un autre. Je vois chaque année le monde se mettre sur leur 31, trois tonnes de gel dans les cheveux, maquillés comme une peau de peinture et stressés comme s'ils allaient passé un entretien d'embauche qui allait changer leur vie. Chaque année je m'habille d'un jean et d'une simple chemise à carreaux. Ma tenue de lycéen lambda, en gros. Au niveau de la coupe, je me coiffe les cheveux du style coiffé-décoiffé. Pour finaliser ma préparation, je me parfume, me brosse les dents, puis le tour est joué. Rien de plus simple et de plus tranquille à faire.

En descendant les escaliers, au fond de moi, j'ai toujours cet espoir de voir mon père dans la cuisine ou dans le salon. La déception est d'ailleurs omniprésente à chaque fois. Je devrais m'y faire avec le temps, mais comment faire en sachant que je suis seul dans cette maison chaque seconde qui passe. Le temps est l'ennemi de ma solitude.

Après avoir bu mon café chaud, je remonte dans ma chambre chercher mon sac et avant même d'ouvrir la porte, j'entends du bruit venant de la pièce. Il y a quelqu'un à l'intérieur. Je redescends dans le salon chercher ma batte de baseball et remonte immédiatement. J'ouvre la porte brutalement et me tient prêt à agresser l'intrus jusqu'à ce que son cri me raisonne dans la tête et me fait prendre compte que j'allais tabasser mon meilleur pote. Ça m'apprendra à laisser la fenêtre ouverte. 

— Non mais t'es complètement taré ou quoi ? crié-je toujours excédé.

— Salut, toi, me dit-il d'une voix angélique.

— C'est nouveau ça ? Tu rentres par la fenêtre ? Les portes existent aussi pour les cons, tu sais, l'informé-je sarcastiquement.

— C'est pour ça que tu la prends tous les jours, enchérit-il arrogamment.

— Connard.

Il se met à rire et vient me taper dans la main pour me saluer. Je ne cherche même pas à comprendre pourquoi est-ce qu'il a voulu passer par ma fenêtre et non par ma porte. S'il y a bien quelque chose que j'ai fini par me dire au fil des années avec Tate est de ne jamais comprendre ses actes. Quel imbécile. J'ai bien failli lui en foutre une bonne. Je revoie bien sa tête se décomposer en voyant mon arme. Il a eu autant peur que moi, ce con. Ça me fait bien rire. J'attrape mon sac de cours et on quitte ma chambre pour pouvoir sortir de la maison et prendre le bus. Je déteste ce satané bus scolaire. Il faut vraiment que je finalise au plus les réparations de ma Jeep. D'ici demain elle devrait sur pied. Je l'espère.

Dans le bus, avec Tate, on prend place sur des sièges libres. Le bus fait le tour du quartier et se stoppe pour prendre une ultime personne. Une jeune fille. Qui est-elle ? Je ne l'ai jamais vu ? Ici, c'est une petite ville et tout le monde ce connait, ce n'est pas bien compliqué de savoir qui est nouveau dans le quartier. Je la fixe jusqu'à ce qu'elle s'asseye sur la place qui se situe juste à côté de moi, dans l'autre rangée. En m'apercevant qu'elle me regardait aussi, je lui souris. Je ne voulais pas la dévisager. Ses lèvres s'étirent pour me rendre mon sourire et baisse la tête, visiblement gênée. Je ne voulais pas non plus paraitre intimidant. Ce n'est pas mes soixante-dix kilos et mon mètre quatre-vingt qui peut faire peur à qui que ce soit.

En descendant du bus, je perçois de loin ma bande devant les portes du bahut et presse le pas pour les rejoindre. Mes lèvres arquent un énorme sourire et le premier réflexe d'Hanna est de me prendre dans ses bras. Elle m'a manqué aussi. La faute à qui d'être partie un mois aux Caraïbes et un autre à Miami ? J'ai hâte qu'elle me raconte ses aventures. Allison me fait aussi une accolade et Toby me tape dans la main. Trouvez plus heureux que moi à l'heure actuelle.