* Chapitre 2.3 : Noah *

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Cela faisait deux jours, maintenant, qu'ils ne marchaient plus. L'obstacle était de taille.

Noah regarda encore une fois l'horizon, alors que le soleil faisait briller la surface miroitante de l'océan.

Quelques semaines plus tôt, ce même océan avait dévasté tout le littoral français, effaçant de la carte les villes côtières les plus réputées, pour leur charme et leur tranquillité. Puis, petit à petit, l'eau s'était retirée, charriant avec elle cadavres, carcasses de voitures, maison et tout un tas de déchets.

Le Havre était redevenu ce qu'il était au moyen-âge : un marais d'eau stagnante.

— Est-ce qu'on va traverser ?

La voix de Mathias fut emporté par le vent.

— Il faudrait, murmura Noah, en grattant la barbe qui mangeait à présent son visage.

Le seul problème était qu'il ne savait pas comment traverser cet océan.

— Pourquoi on ne reste pas ici ?

Ça, c'était la deuxième chose qu'il n'aurait su expliquer.

— Parce qu'il le faut, répondit-il d'une voix monocorde.

Depuis le matin, il arpentait ce qu'il restait du port, décontenancé à la vue des bateaux échoués en pleine ville. La violence du raz de marée avait rasé les premières maisons du bord de mer, les bâtiments, l'église.

Et depuis lors, une seule question lui taraudait l'esprit.

Le monde était-il entièrement détruit ?

Et si c'était le cas, pourquoi traverser ?

Il n'arrivait pas à trouver de réponse. Seul résonnait cette obligation de continuer par delà l'océan.

Il ferma les yeux et laissa le vent glacial le transpercer, ébouriffant ses boucles sombres. Il s'imagina, un court instant, tel Moïse, ouvrant les eaux, leur permettant de traverser. Mais il n'était pas un prophète. Seulement un homme perdu.

Attend.

Que tombent les feuilles... [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant