Que tombent les feuilles... [EN PAUSE]

* Chapitre 2.4 : M'Baka *

M'Baka ramassa une poignée de sable et la laissa couler entre ses doigts. Il avait perdu plusieurs jours à essayer de contourner la rivière qui remplissait la passe d'Amogjar, mais il avait finalement réussi à rejoindre Atar.

Il traversa la rue, sentant sur lui le regard des enfants qui jouaient dans le sable. Ici, rien n'avait réellement changé : la misère était partout, les enfants mouraient toujours en bas âge et l'espérance de vie n'était pas très élevée.

Les murs, qui semblaient faits de sable, renvoyaient la chaleur du soleil, mais l'homme n'y fit pas attention. C'était un enfant du désert, cette chaleur ne l'incommodait pas. Un chèche bleu sombre recouvrait son visage, et ne laissait entrapercevoir que ses yeux noirs. Le tissu descendait sur ses épaules et sa poitrine, le protégeant du soleil, mais laissait ses bras, recouverts de tatouages, nus. Dans son dos, une machette était accrochée.

Les enfants regardèrent passer, bouche bée, ce géant sombre venu d'un autre temps. S'il avait enlevé ses vêtements, ils auraient pu voir un ange recouvrant son dos. Malgré la peau sombre, les traits noirs se détachaient, comme si le dessin allait prendre vie. Un ange destructeur, guerrier, tenant une épée et un bouclier, agenouillé, le visage recouvert d'un capuchon. Quelque chose d'intense ressortait de ce tatouage, quelque chose de terrible et de magnifique à la fois.

Sur son bras droit couraient de fines lignes, pouvant ressembler à des fils, ou à de la pluie. Impossible à dire. Elles descendaient toutes vers son poignet, s'enroulaient autour de lui pour éclater en une étonnante croix ouvragée sur la paume de sa main.

L'intérieur de son bras gauche était recouvert d'une épée, tellement réaliste qu'on aurait pu croire qu'il l'a tenait ainsi, ceinte sur son biceps.