Chapitre 2

317 9 2
                                    

  Il est tôt, mais ça en vaut la peine. D'ici deux heures, je vais revoir mon cheval et rien ne pourrait me rendre plus heureuse. Je m'habille rapidement et descends dans la cuisine où je vois sur la table une assiette remplie d'une montagne de pancakes juste à côté de ma mère. Je l'embrasse et me met à table en baillant.

- Réveil difficile ?

- Je t'en parle même pas ! Mais ça en vaut la peine.

J'enfourne un morceau de pancake dans la bouche. Elle monte s'habiller et nous partons une demie heure plus tard en direction du port. Sur le chemin, on met la radio à fond et on chante à tut tête, le trajet est court et nous arrivons rapidement au pied du bateau qui transportait mon cheval.

Je laisse ma mère s'occuper des papiers et moi je cours aux écuries récupérer mon étalon. Je marche le long des boxes en regardant vivement dans chacun d'entre eux. Lorsque je vois mon bel étalon en train de me regarder de loin en poussant un petit hennissement, je cours à sa rencontre en souriant.

- Tonic ! Hey mon grand !

Je rentre dans son box et le prend dans mes bras.

- Tu m'as tellement manqué.

Comme pour me répondre, il hennit joyeusement, et je ris.

- Je ne crois pas que ce soit autorisé de rentrer dans les boxs sans autorisation.

Je me retournes. Un jeune homme est appuyé sur la porte. Il avait prononcé cette phrase en anglais, mais dans un anglais parfaitement compréhensible.

- Je m'appelle Steven.

- Moi c'est Kylie.

Je ne pus m'empêcher de le détailler. C'est ce qu'on peut appeler un canon. Très grand aux cheveux châtains clairs aux yeux bleus pétillants, des petites fossettes au creux des joues. Je ne peux voir que son torse musclé moulé dans un tee shirt vert foncé.

- Quand t'auras finis de me mater, tu pourras sûrement me dire ce que tu fais là ! me dit-il sur un ton arrogant

- Je... je ne te mates pas !

Mais je le vois rire. Malgré son physique avantageux, il était bien trop arrogant et c'est le genre de caractère que je ne supporte pas.

- Écoute, Tonic c'est mon cheval et je viens le récupérer c'est tout, sur ce pourrais tu me passer son licol qui est sur la porte s'il te plaît ?

- Pas de soucis.

Il me le tend et je l'enfile à Tonic.

Je le sors du box, sans un regard à Steven.

- Eh ! il m'interpelle alors

Je me retourne.

- Appelle moi Steve.

***

Depuis trois jours que j'ai retrouvé mon cheval, je ne cesse de repenser à cette rencontre. Son arrogance et ses remarques suffisantes me font bêtement sourire. Je me décide à me lever, bien que le réveil soit difficile. J'ai passé la nuit à parler à Amy par messages. J'ai beaucoup appris à la connaître depuis notre première rencontre et j'ai hâte de la voir à nouveau.

Je me prépare pour m'occuper de mon étalon, enfile un pantalon en vitesse, passe par la cuisine attraper une banane et sors dans le jardin. Je vois au loin Charlie et Laine jouer ensemble et décide de ne pas les déranger, tant ce genre de scène est rare. J'arrive finalement dans l'enclos de Tonic qui me salue joyeusement. Une fois les exercices terminés, je desselle mon animal et le laisse s'amuser seul dans le sable. Je m'accoude à la barrière et le regarde courrir dans tous les sens. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes que je sens une présence famlière à mes côtés.

- Tu n'es plus avec Laine ? je demande à Charlie

- Non.

- Tout va bien ? je m'inquiète devant sa froideur

- Pourquoi est-ce que vous passez votre temps à me poser cette question ? me demande t'il, agacé.

- Oh non, Charlie ! Ne recommence pas ! Qu'es ce que tu as en ce moment ? Jamais là et toujours désagréable ! Tu as décidé de faire de ce déménagement un enfer ou quoi ?

Je le vois serrer les mâchoires pour contenir sa colère, difficilement.

- Ce déménagement est déjà un cauchemar sans avoir besoin de mon intervention.

- Tu pourrais en améliorer les conditions au lieu de nous faire payer de ta mauvaise humeur.

- Ce voyage j'en suis heureux Kylie, mais on se réjouit tous alors que papa est peut être mort à l'heure qu'il est, ou peut être même qu'il a tué quelqu'un... On ne peut pas être heureux lorsque l'on pense à ça...

L'entendre évoquer notre paternel me fait un coup au coeur. On n'en avait plus parlé depuis que nous l'avions quitté et il faut avouer que cela ne m'avait pas manqué.

- Tu sais, quand la vie donne des raisons de pleurer ou de frapper, il faut chercher des raisons pour sourire. On a perdu papa, mais on a retrouvé les sourires et la joie de maman, on a entendu son rire après n'avoir entendu que des pleurs pendant des mois... On peut enfin devenir une famille heureuse et épanouie... Ce n'est pas ce que tu voulais ?

- Non, ce que je voulais, c'était une famille heureuse et complète, sans papa, elle ne sera jamais complète.

- Une famille ce n'est pas seulement un père, une mère et des gosses, c'est avant tout des gens qui s'aiment et qui feraient tout les uns pour les autres, je crois que c'est pour cette raisons que papa n'a plus sa place dans notre famille.

- Ça ce sont les mots de la meuf brisée qui se cache derrière de beaux discours.

Sur ces mots il retourne vers la maison, me laissant seule essuyer des larmes que je n'avais pas senti couler. Je finis par me reprendre et finis de m'occuper de Tonic avant de m'emparer de ma planche de surf pour aller glisser sur les vagues. Le contact chaud et salé de l'eau me fais du bien. Je respire profondément en fermant les yeux. Aller de l'avant... Plus simple à dire qu'à faire.

Nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant