Chapitre 18

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La jolie japonaise que j'avais rencontré il y a maintenant deux semaines se tenait sur le pas de ma porte, l'air effrayé.

- Kylie !

Elle sauta dans mes bras et éclata en sanglots.

- Que se passe t'il Emi ?

Depuis que je l'avais rencontré dans le couloir de l'institut, Emiko et moi étions restées en contact. Elle ne m'avait que très peu parlé de sa vie, mais je lui laissais le temps de m'accorder sa confiance.

- Il faut que tu m'aides. J'ai besoin de toi.

Je la fit entrer dans mon salon. Je partis lui chercher un thé et m'installa à ses côtés sur le sofa.

- J'ai raconté à mes parents ce qu'il s'était passé pour que j'atterrisse au centre. Ils m'ont mise à la porte.

- Ils ont mis leur fille de treize ans à la rue ? je m'exclame, choquée.

La jeune fille acquiesça silencieusement.

- Pourquoi pensent-ils que tu mérites d'être éjectée de ta propre maison ?

Elle resta silencieuse quelques instants avant d'oser m'avouer :

- Je me suis faite violer par mon beau-père.

Je resta sans voix. Mon corps se figea et je peina à avaler ma salive. Comment sur Terre, quelqu'un pouvait encore être capable d'une telle immondice ? L'adolescente fondit en larmes. Je la pris dans mes bras et lui caressa les cheveux avec douceur.

- Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. Tu vas rester ici cette nuit et demain j'irais régler le problème avec mon frère, d'accord ?

Elle approuva et se blottit encore plus dans mes bras. Je restais douce mais à l'intérieur de moi je bouillonnais de rage. La journée passa au ralenti, mais je pu apprendre à connaître ma nouvelle protégée.

Découvrir sa vie m'a fait me rendre compte que n'importe quelle personne peut voir sa vie basculer du jour au lendemain sans que personne ne nous dise pourquoi. Elle s'écroule, c'est tout. Jusqu'à ses sept ans, Emiko était restée au Japon avec ses grands-parents, le temps que ses parents se fassent une place dans le monde aux Etats-Unis. Après son arrivée, ses parents avaient divorcé. Son père était retourné au Japon et elle ne le voyait que très peu. Cependant, elle gardait une belle relation avec lui. Contrairement à son nouveau beau-père. Il lui apparaissait au départ comme charmant, mais rapidement, il était devenu de plus en plus entreprenant avec elle et il avait finit par profiter de sa faiblesse. C'est alors qu'Emiko avait commencé à fuguer pour lui échapper. Elle avait alors rencontré le centre d'aide où nous nous étions rencontrées quelques semaines auparavant. Depuis son beau-père la battait pour lui passer l'envie de parler. Mais lorsqu'elle avait enfin osé aller voir sa mère, celle-ci avait rassemblé quelques affaires de sa fille et l'avait mise à la porte.

- Lorsque je me suis retrouvée sur le pas de la porte avec mon sac, elle m'a dit "ce n'est que pour ton bien Emiko, je t'aime" et elle a fermé la porte. Je ne savais pas où aller alors je me suis souvenue de quand j'étais venue la semaine dernière après la réunion du centre. J'ai eu envie de te voir.

- Tu as bien fait.

Nous nous retrouvâmes bientôt tous ensemble dans la maison. Charly, Marlène, maman, son fiancé, Laine et Emiko. Tous en conciliabule dans le salon dans le but de trouver une solution. Il était possible pour nous d'accueillir la petite japonaise quelques temps mais cela ne pouvait devenir permanent. Je voyais l'agacement de Charly dans son attitude. Il ne prenait pas beaucoup part à la conversation, contrairement à Marlène et ma mère, toutes les deux si douces avec ma protégée, et me lançait des regards meurtriers.

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