Chapitre 17

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Le soleil d'Oahu est sûrement le plus doux de la planète, sans exagération. Lorsqu'il traverse ma fenêtre le matin pour venir me réveiller, j'ai l'impression qu'il me prend dans ses bras. Ou alors cela vient du fait que ceux de mon petit ami m'enlacent et me réchauffent. Je me tourne vers lui et le regarde dormir. Il semble paisible et je n'ose pas bouger de peur de le réveiller. Je reste immobile, mon front collé au sien, les yeux fermés.

- Salut princesse, je l'entends me susurrer

Je soulève mes paupières et plonge mon regard dans ses yeux émeraudes. Il repousse mes mèches folles de mon visage et pose ses lèvres sur mon front.

- Bien dormi ? je demande

Il acquiesce en me rapprochant de lui :

- J'aimerais prolonger cette nuit

Je lui souris et l'embrasse tendrement. Il s'empresse d'y répondre avec joie en prenant mon visage entre ses mains. Notre baiser s'intensifie et c'est à se moment là que ma petite soeur décide de faire irruption dans ma chambre.

- Beurk !

- Laine ! On ne t'as jamais appris à frapper ? je m'énerve

- Ce n'est pas de ma faute, tu ne répondais pas. Charlie t'appelle en bas.

Elle partit alors sans rien ajouter. Je soupire et roule de l'autre côté du lit. Laissant mon petit ami seul, je descends voir mon frère, occupé à donner à manger à son fils tout en discutant avec sa petite amie. Face à cette scène, je ne peux m'empêcher de sourire. Mon frère jumeau me paraît bien plus âgé que moi lorsque je le vois avec son enfant et ses responsabilités de parent. Je me pose alors sur le cadran de la porte et regarde la petite famille s'affairer.

- Je ne suis quand même pas sûre que prendre l'avion aussi jeune soit une bonne idée. Pourquoi tes parents ne viendraient pas plutôt ? demanda mon frère en se levant pour chercher le dessert de mon filleul.

- Ethan aura presque un an Charlie. Mes parents n'ont pas les moyens de venir tous les deux à Hawaii. Et j'aimerais retourner en France, je te rappelle que c'est pour toi que j'ai déménagé ici.

- Tu n'as pas besoin de me le rappeler dès qu'on aborde le sujet. Il y a près de vingt heures de vol ! Ethan ne tiendra jamais aussi longtemps !

- Je refuse que mes parents attendent trois ans pour voir leur petit fils !

Je me décide alors de couper court à la dispute en manifestant ma présence auprès du couple.

- Tu m'as appelé Charlo ?

L'intéressé détourna son regard de Marlène pour me demander encore une fois :

- Marlène et moi voudrions visiter des appartements aujourd'hui. Est-ce que tu pourrais garder Ethan, juste quelques heures ? Il est envahissant lorsqu'on sort, ajouta t'il en lançant un regard éloquant à sa petite amie.

- Très bien, je réponds non sans un soupir. Je garderais mon filleul. Mais seulement parce que il est hyper craquant. Et je suis généreuse, j'avais prévu de sortir voir Amy aujourd'hui.

- Merci, tu nous sauve ! s'exclama mon frangin

Je remonte en haussant les épaules, comme si ses remerciements ne signifiaient plus grand chose.

- Que voulait Charlie ? me demanda Steve alors que je grimpais sur le lit pour le rejoindre.

- Me demander de garder Ethan, comme d'habitude, je réponds en l'embrassant. Tu veux jouer les baby-sitter avec moi ?

- Ca aurait été avec plaisir, mais j'ai rendez-vous avec mon agent de probation aujourd'hui, me répond t'il en me caressant le bras. Encore quelques semaines et je pourrais voir Eva ! Sa famille d'accueil a accepté de me rencontrer et si tout se passe bien, le juge a dit que je pourrais récupérer sa garde !

- C'est merveilleux Steve ! Pourquoi ne m'en n'as tu pas parlé ? je réagis, surexcitée.

- Je préférais attendre d'être sûr. Maintenant que j'ai un appartement à moi, un travail stable et une merveilleuse petite amie, les choses se sont accélérées, le juge a trouvé que je m'étais responsabilisé et que ma fille avait besoin de son père. Il va bientôt venir visiter mon appartement pour vérifier que tout est clair et parler à mon boss, à savoir ta mère !

Je pouvais voir la joie briller dans ses yeux. Depuis deux mois que Steve et moi avions décidé de nous donner une chance, les choses étaient en effet allées très vite. Nous avions entrepris de lui chercher un appartement plus salubre que celui qu'il avait, et j'avais demandé à ma mère de lui chercher un travail dans son entreprise. Après avoir pris en compte les erreurs de son passé, elle avait accepté de lui donner un petit poste. Nous savions tous les deux qu'il ne ferait pas cela à vie mais son travail lui permettait d'avoir l'argent nécessaire pour élever sa fille. Son émotion me donna les larmes aux yeux, ce qu'il remarqua aussitôt.

- Eh pourquoi tu pleures princesse ? me demande t'il en effleurant ma joue

- Je repense juste à tout ce que l'on a traversé. Et j'en suis à la fois heureuse et triste.

- Moi je n'en retiens que les bons moments. D'ailleurs, réserve ton vendredi, je t'invite à la maison. J'ai prévu de te cuisiner un petit repas. On pourra fêter tout ça ensemble.

La perspective de manger quelque chose préparé par mon petit ami ne m'enchantait guère. Il était aussi doué en cuisine qu'une chèvre au surf.

- Tu es sûr que trois jours seront suffisant pour préparer un repas ?

- Très drôle, répondit il, passablement vexé, j'ai prévu quelque chose d'inratable et tu regretteras de t'être moquée de moi.

Sur ces mots, il m'embrassa et se leva pour prendre sa douche.

Une fois la maison vidée, je m'assis sur le canapé, mon ordinateur sur les genoux, mon chien à mes pieds et ma petite soeur derrière moi, attelée à ses devoirs. A mon grand désespoir, son entrée au collège avait sorti Laine de l'enfance et elle se rapprochait de plus en plus du statut de jeune fille. Elle réclamait de moins en moins d'affection et sortait avec ses amis toutes les semaines. Je ne m'en inquiétais pourtant pas, connaissant ma petite soeur et son côté bien trop réservé pour faire la moindre bêtise.

Pour ma part, ma rentrée en école de photographie se rapprochait. J'avais abandonné l'idée d'entrer dans la police, tout étant bien trop compliqué. La photographie m'attirait depuis toujours et j'avais pour ambition d'ouvrir une galerie et de travailler pour des magazines. Mes études se faisaient la plupart du temps à domicile, si bien que je passais mes journées à garder mon filleul pendant que Marlène était au lycée et Charlie à l'école de menuiserie qu'il avait commencé ou bien à ses répétitions avec son groupe.

Des coups frappés à la porte me tirèrent de mes rêveries.

- Salut tout le monde ! s'exclama ma meilleure amie en pénétrant dans la pièce accompagnée de son petit ami.

J'accueillis avec joie mes deux amis. Ces derniers maintenaient leur couple avec peine depuis la fin du lycée. Matt travaillait dans une école de médecine à Seattle alors qu'Amy étudiait le journalisme à Oahu. La distance rendait les choses compliquées mais n'empêchait pas mes deux amis de rester très complices.

- Comment se passent tes études Matt ? demandais-je en m'asseyant face au couple, mon filleul dans les bras.

- Assez bien, j'aime ce que je fais. Je dois juste m'habituer à la température pour l'instant, cela reste le plus grand défi de mes études !

- Tu as des nouvelles de Jackson ?

Mon ami fronça les sourcils avant de répondre :

- Je ne lui parle plus vraiment. Depuis ta soirée nous nous sommes éloignés. Il tourne mal, à base de drogues et de filles. Je ne sais même pas s'il a commencé des études

Je soupire Ma meilleure amie change de sujet et la discussion devient plus joyeuse pendant près d'une heure. Je finis par raccompagner le couple à la porte et part coucher Ethan. A peine ai-je fermé la porte de sa chambre que j'entends des coups frappés à la porte.

- Je vous manque tant que ça ? je demande en riant, pensant m'adresser à ma meilleure amie.

Mais ce n'est pas le couple qui se trouve derrière la porte.

- Emiko ?

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