Chapitre 9, Illéna Alevratos

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La richesse et la puissance, il faut la vivre pour comprendre ce que c'est. Je la définirai comme un combat quotidien qui se fait seul et contre tous.

C'est vrai : qui aime les riches ?

Mais, c'est avant tout survivre dans un monde cruel, où l'hypocrisie règne et la confiance n'existe pas.

Je n'irai quand même pas jusqu'à dire qu'il vaut mieux percevoir le SMIC qu'être milliardaire : je ne peux pas comparer, je n'ai jamais vécu du SMIC. Et peu de gens pourront se vanter de le faire, on passe rarement du SMIC à milliardaire et c'est encore plus rare dans l'autre sens.

Tout ce que je peux vous dire, c'est mon expérience personnelle qui me le permet.

Quand vous êtes riche, vous êtes comme une cible pour les autres. Et plus vous l'êtes, plus la cible que vous êtes pour eux grandit.

Il ne vous reste qu'un refuge pour vous protéger : l'information.

Elle est un genre de prévention : plus vous en savez sur les autres, moins ils risquent de vous surprendre. Chaque personne de la haute société à ses sources, et moi, j'ai Illéna Alevratos.

Physiquement, elle aurait pu être ma sœur jumelle : brune, grande, mince.

Elle faisait peut-être partie des seules personnes au monde pour qui j'avais une réelle estime.

Illéna avait 17 ans, c'était une génie au sens propre du terme.

Elle savait manier n'importe quel engin électronique, elle avait des connaissances dans tous les domaines qui dépassaient de loin tout ce que l'on pourrait imaginer et elle avait une mémoire incroyable. Sa tête était un genre de réservoir d'images et de données : des visages, des noms, des dates...

Lorsqu'elle traversait une rue bondée dans l'une des capitales du monde, elle pouvait reconnaître une vingtaine de personnes sur ou pour qui elle avait travaillé.

J'étais assise dans un bar parisien moyennement fréquenté, sirotant un Malibu fruit de la passion, lorsqu'elle entra.

Illéna semblait ne regarder personne, mais je savais que c'était tout le contraire. Avant de venir, elle avait probablement appris le plan du bâtiment par cœur, surveillé ses fréquentations...

Elle vint s’asseoir à ma gauche et sans m'accorder un regard, elle commanda un Gin Tonic, le but lentement, laissa la monnaie sur le bar et s'en alla.

A première vue, tout aurait porté à croire que l'on ne se connaissait pas. Seulement, sur sa chaise, elle avait laissé une clé et un bout de papier.

J'attendis 5 minutes, je réglai ma note et je fis semblant de trébucher, pour me rattraper sur sa chaise. Au sortir de l'établissement, j'arrêtai un taxi, dépliai le papier de Illéna et m'adressai au chauffeur:

(Kate): -228 rue de Rivoli, l'hôtel Meurice, s'il vous plaît.

                                                   *  *  *  *  *

Illéna avait loué une suite dans un hôtel de luxe parisien, comme elle avait l'habitude de le faire lors de nos entretiens. A mon entrée, elle me fit signe de ne pas parler et fis un tour autour de moi, un appareil en main. Elle s'arrêta et décrocha une peluche de ma veste, traversa la suite et la jeta par la fenêtre.

Elle revint vers moi et me tendit une flûte de champagne.

(Illéna): -Je sais ce que tu veux. Mais ces gens sont prévoyants, il est même étonnant que tu n'es qu'un seul mouchard sur toi.

(Kate): -Erreur de leur part ?

(Illéna): -Oui, ils ont omis qu'une jeune fille comme toi, achète énormément de vêtements. Seule ta veste n'est pas neuve dans ta tenue, je me trompe ?

(Kate): -Évidemment que non, tu as raison comme d'habitude.

Elle se dirigea vers le bar et sortit une enveloppe.

(Illéna): -Tiens, c'est pour toi, il y a tout ce que j'ai pu avoir sur ton organisation.

(Kate): -Merci, je te verse le tarif habituel sur le compte habituel.

Je la saluai et je sortis l'enveloppe en main. J'étais pressée de l'ouvrir mais je savais que je pourrais pas le faire avant ce soir. J'allai rentrer, faire un récap' de l'après-midi avec les garçons, manger et je pourrais enfin lire ces documents.

                                                   *  *  *  *  *

Je venais d'entrer dans le hall de l'appartement, soulagée que la journée soit finie, quand je les vis.

Un garçon, une fille, à moitié nus dans le couloir, en train de s'embrasser. Et je le reconnus.      

The SnoWOù les histoires vivent. Découvrez maintenant