Spleen

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Salem

J'étais allongée par terre, sur un tapis moelleux. La pièce avait un plafond blanc cassé et des murs en bois.
Je pus me projeter en avant pour me mettre en tailleur.

Devant moi, Je vis Aiden en train de m'observer, accroupi. Il colla sa main sur mon front pour contrôler une éventuelle fièvre.

"Ça va mieux, Salem ?"

Je fronçai les sourcils.

"Euh... Oui... Pourquoi ?"

Le visage d'Aiden se décomposa et il ferma les yeux en baissant la tête et en pinçant les lèvres.

Je le scrutai, indécise.

"Aiden... Que s'est-il passé ?"

Une voix féminine parla derrière lui :

"Je vais te le dire, ce qu'il s'est passé. Simplement, vous alliez passer à la casserole lorsque je suis arrivée."

Lex apparut dans mon champ de vision et s'approcha de moi.

"Les sorts de Dorothy ont été très durs a contrer, mais j'ai pu enfermer son âme dans le seul objet qui m'est passe sous la main : une des clés qui étaient dans le vide-poche. Désolée, Aiden, pour ta clé."

Elle agita sous mon nez un trousseau de clefs couleur or, et me demanda si j'avais des vertiges et si j'allais bien. Elle me raconta comment elle avait battu Dorothy, mais je ne la regardais pas : mon regard se portait sur Aiden, qui avait l'air mélancolique et un peu dans le spleen. Il n'avait aucune (nouvelle) blessure.

Lorsque Lex finit son monologue, je me penchai vers Aiden en lui prenant les mains :

"Aiden. Raconte-moi ta part de l'histoire. Qu'est-ce qu'il s'est passe ??"

Aiden

Salem me fixait, implorante.

"Je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé", articulai-je.

Mes mains froides dans les siennes tremblaient de peur et d'épouvante.
Salem déglutit.

"Aiden dis moi ce qu'il s'est passé."

Je baissai le regard et expirai. Salem fit de même et regarda mes mains trembler. Elle se leva en me tirant pour que je me mette debout et m'attira dans ses bras.
Elle me serra contre elle mais je ne bougeai pas, de marbre.

"Aiden, s'il te plaît, parle-moi.

-Je sature. J'en ai marre."

Se reculant, Salem me prit le visage entre ses mains et m' observa, la mine triste. J'inspirai longuement et articulai lentement :

"Je suis désolé, Salem, mais depuis ce matin je ne cesse de souffrir. Pendaison, blessures... Qu'est-ce qu'il va se passer après ça ? Je ne veux plus souffrir."

Salem

Les paroles d'Aiden me tombèrent dans l'estomac comme une pluie d'enclumes. Je ne pus m'empêcher de fermer les yeux.

"J'ai une chance de me racheter ?"demandai-je.

Aiden, le regard vide, me fixa.

"Ça n'est pas ta faute, que je sache. Et puis, c'est chez moi que tout cela s'est produit."

Lex intervint en me demandant :

"Salem, je peux te parler deux secondes ?"

Je hochai la tête a contrecœur et m'écartai d'Aiden.

Lex me prit par la main et me tira vers un coin de la pièce, là où Aiden ne nous entendrait pas. Celui ci d'ailleurs était resté debout, les yeux tristes.

"Salem, lorsque je suis arrivée, Aiden était à la fois sous le contrôle de puissants sortilèges de Dorothy - d'ailleurs je pense qu' Aiden était contrôlé par Dorothy lorsqu'il t'a invité à venir ici - et sous hallucinoses. Je ne veux pas te faire culpabiliser, mais je crois que tu as généré chez lui des illusions. En tout cas il était sous le choc."

Je pinçai les lèvres, morte de culpabilité. Mon cœur rata quelques battements.
Je hochai la tête et me tournai vers Aiden.

"Aiden ?"

Aiden

Salem me regardait à côté de Lex, les larmes aux yeux. Puis elle marcha et se planta devant et face à moi.
Les poings fermés, elle annonça d'une voix tremblante :

"Je suis vraiment désolée pour ce qu'il s'est passé. Si tu veux que je disparaisse de ta vie je le ferai, promis. Juste, dis le moi et je partirai."

Ses paroles serrèrent mon cœur et je fronçai les sourcils et contestai :

"Je ne veux pas que tu partes. Mais nous sommes tous les trois en danger. Et puis... Dorothy a pris contrôle de mon corps et j'ai failli nous mener à la mort. S'il t'arrivait quelque chose... Je t'ai rencontré hier mais j'ai l'impression de t'avoir toujours connue. Je ne veux pas te perdre."

La jeune fille me scruta et sourit. Elle se mît sur la pointe des pieds pour me coller un baiser sur la joue et murmura, sans aucun rapport avec le reste :

"Lex pourrait soigner tes blessures qui sont sur ta poitrine."

Cette fois-ci, ma poitrine me brûla et mon cœur sembla se liquéfier. Mais ce n'était pas le sort du Cœur d'Argile de Dorothy, simplement Salem.

SalemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant