Salem

Si le temps s'arrêtait

Salem

Lex...
Non !
Elle crachait du sang, et la griffe d'ombre se retira pour former un trou béant, de cinq centimètres de diamètre environ dans le ventre de Lex.

Elle tomba et s'écrasa sur le sol, et je me lançai vers elle en hurlant de rage :

"Lex, non !!!"

Je m'agenouillai lorsque je fus devant elle et lui pris la main. Elle avait l'air absent, regardait vers le ciel d'un œil perdu. Sa blessure ruisselait de liquide poisseux et violâtre.

"Lex, t'évanouis pas, t'évanouis pas, je t'en supplie, s'il te plaît.."

De la tristesse pure coulait sur mon cœur, j'avais envie de crier, de hurler.

Lili et Aiden vinrent vers nous, me parlèrent, mais je n'entendais pas.
Je lis juste, sur les lèvres de Lex :

"Tu lui ressembles tellement.. Je vais la rejoindre... J'arrive.."

Elle sembla même sourire, et ferma les yeux faiblement.

"NON !!"

Je pleurais sur son corps.
Lex...
Des flashbacks me hantèrent durant un dixième de seconde :
Lex, qui m'ouvrait la porte, enceinte jusqu'au fond des yeux, un sourire radieux sur les lèvres.
Lex, qui m'apprenait patiemment la maîtrise de la magie..
Lex, qui avait accouché devant moi, me vouant une confiance sans fin.
Lex, que j'avais tuée en provoquant mon ancêtre.

Aiden hurla derrière moi et je me retournai : il était par terre, l'uniforme déchiré.
Le puma de fer et le gorille de bois frappaient en vain le bouclier de Dorothy, qui tentait de maintenir sa protection.

Je m'approchai des animaux, folle de rage, et pris le premier objet qui me passa sous la main : un appareil photo, sûrement laissé ici par un touriste en fuite.

Je tendis la main vers mon ancêtre et hurlai :

"Nihil es sed rei !"

Dorothy cessa de se défendre et me regarda, éberluée.

"Salem, tu crois vraiment que ton niveau dans le domaine de la magie te suffit pour une formule de cette ampleur ?"

Elle ricana, et une main saisit la mienne : Lili.
Elle me fixa et hocha la tête, et nous criâmes en chœur :

"Nihil es sed Epistulam !"

Soudain, l'appareil photo eut une secousse, et Dorothy hurla de douleur.
Elle disparut dans un nuage de vapeur.
Elle Venait d'être enfermée dans un objet-lettre, un habitacle d'âme damnée.
Lili me regarda et s'effondra en sanglots.
Je comprenais.
Je tournai la tête vers Aiden et accourus vers lui.
Il était toujours par terre, les vêtements déchirés.

"Aiden ?"

Il ouvrit les yeux. Dieu merci, il était vivant !

Je m'accroupis devant lui et lui passai la main sur la joue.

Il n'avait pas l'air d'être cassé de nulle part.

"Salem.. Nash.. Lex..."

J'encadrai son visage de mes mains et plongeai mon regard dans le sien.
Je l'embrassai, à ce moment-là, et il se mît à pleuvoir.

Un vent glacial se leva et tourbillonna autour des corps sans vie des policiers et des combattants.
Je m'écartai d'Aiden et regardai Lili : elle se dirigea vers le corps de Nash et sembla lui parler.
Nous nous levâmes.
Nous devions vivre.

Voilà, Toby, voilà l'histoire de ta maman. C'était une sorcière extraordinaire, une maman extraordinaire, qui t'aimait plus que tout. Elle était de loin une meilleure maman que moi aujourd'hui.
Tu vois, Toby, je t'ai élevé avec Aiden comme mon propre fils.
Et grâce à toi j'ai découvert mes pouvoirs, comme tu le sais, je contrôle la météo et tout cela.
Si tu lis ce journal, aujourd'hui, c'est que ta tante Lili, Aiden et moi avions considéré que tu étais assez grand pour connaître ta maman.
Elle est heureuse là où elle est. Elle nous manque, comme ton oncle Nash, qui s'est sacrifié pour Lili, comme ta mère s'est sacrifiée pour que tu puisses connaître la paix.